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 Semaine du 24 au 30 Septembre 2008, numéro 733

 

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Egypte

Effondrement de Doweiqa. Deux semaines après la catastrophe provoquée par l’éboulement du flanc de la montagne de Moqattam, les secours ont cessé, laissant place à la colère des familles des victimes.

Zone de rage et d’amertume

Dès qu’on s’engage sur le petit sentier qui mène vers le quartier de Doweiqa, on est pris par une odeur nauséabonde. A quelques pas de ces petites ruelles poussiéreuses et difficiles à traverser gisent encore plusieurs dizaines et peut-être plusieurs centaines de cadavres en décomposition. Sur la zone sinistrée, un grand panneau indique : « Interdit de pénétrer ». Un cordon de sécurité a été érigé et empêche les journalistes de passer. Et il faudra de multiples tractations pour accéder à la zone où la catastrophe s’est produite. La plupart des habitants ont été évacués et on ne voit plus que des bulldozers et une dizaine de pompiers de la Défense civile et des unités de l’armée venus déblayer les tonnes de rochers. Soudain, on entend des cris. Ce sont des cris de colère. Une nuée d’hommes et de femmes continuent de camper dans la zone et refusent de partir. A l’annonce de la visite d’un responsable du quartier de Manchiyet Nasser dont dépend Doweiqa, les femmes laissent éclater leur colère. « Nous voulons nos proches et nos enfants qui sont enterrés là », crient-elles. Le responsable municipal tente de les calmer et leur dit qu’elles doivent quitter le lieu car « il n’y a plus aucun espoir de trouver des survivants ». Mais les femmes lui lancent des pierres à la figure et insultent le gouvernement qu’elles accusent de négligence et de corruption. Négligence car cela fait un an et demi que les habitants avaient informé la municipalité de quelques éboulements, faisant des blessés légers, mais aucune démarche n’a été prise. Aujourd’hui, ce sont leurs proches qui sont sous les décombres. Désormais, ces familles refusent de quitter les lieux. « On a perdu tout espoir de retrouver nos proches encore vivants. Mais au moins qu’on retrouve leurs cadavres pour qu’ils soient enterrés décemment. C’est leur droit d’être enterrés dignement. Nous ne quitterons le lieu qu’avec les cadavres de nos familles », crie Naglaa qui a perdu ses deux enfants et son frère. Incapable de les convaincre de quitter le lieu, le responsable prend sa voiture et part. Quelques moments passent et un autre responsable de l’Organisme de la défense civile se rend sur les lieux pour superviser les travaux d’évacuation des rochers. Lui aussi aura droit aux insultes.

 

Plusieurs dizaines de cadavres seraient toujours ensevelis

Deux semaines après le drame qui a vu s’écrouler le flanc de la montagne sur les habitants de Doweiqa faisant 101 morts, le gouvernement a annoncé l’arrêt des recherches de victimes. Mais l’amertume demeure vive. « Nous avons perdu toute confiance dans les déclarations du gouvernement. Les responsables viennent en voitures très chic. Ils font quelques déclarations et repartent. Personne ne ressent nos blessures. Nos proches sont ensevelis sous les décombres et personne ne bouge », hurle en pleurant une femme qui a perdu toute sa famille. Plusieurs dizaines de cadavres seraient toujours ensevelis sous les décombres. Les bulldozers tentent de déblayer les immenses rochers qui se sont effondrés sur le site. Mais la tâche est difficile, car ces rochers pèsent des milliers de tonnes et la zone reste exposée à un nouvel éboulement. « Les moyens utilisés ne sont pas adaptés à l’ampleur de la catastrophe. On a besoin de moyens très sophistiqués pour accomplir rapidement notre tâche, sinon les travaux pourraient durer plus de deux mois », assure Abdallah Abdel-Ghani, président de la municipalité de Manchiyet Nasser. La solution qui consiste à creuser une voie pour arriver à briser le bloc de pierre n’a pas été très efficace. « Le creusement d’une voie avec le matériel disponible reste une mission difficile voire dangereuse. Un autre éboulement de pierre pourrait survenir à tout moment », assure Ahmad Abdel-Ghani, responsable à l’Organisme de la défense civile. Vu cet obstacle, le gouvernement a commencé à agir sur un autre volet, il a demandé au ministère de l’Enseignement supérieur de réclamer des images du satellite américain « Iconos » pour pouvoir déterminer le nombre exact des bidonvilles détruits et des cadavres. Une commission regroupant des géologues de cet organisme ont visité samedi la zone sinistrée. La municipalité n’est pas en mesure de préciser le nombre de maisons détruites à cause de l’absence de recensement officiel de ce quartier sauvage créé après la défaite de 1967 par un certain nombre d’artisans venus au Caire à la recherche d’une vie meilleure. Le ministre de la Santé, Hatem Al-Gabali, a averti, lui, que la décomposition des cadavres sous les décombres pourrait favoriser la propagation d’épidémies comme le choléra. Des produits désinfectants ont été vaporisés dans toute la zone.

Marianne Youssef

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