Ecoles. En cette
période de rentrée des classes, un de nos lecteurs déplore la charge des
devoirs, qui est autant un fardeau pour les élèves que pour les parents.
A vos cartables, partez !
Une
atmosphère stressante règne à la maison, non seulement pour les élèves, mais
aussi pour le reste de la famille. Eh oui, la rentrée est là ! Les devoirs sont
en effet la boîte noire de cette rentrée scolaire. On veille parfois jusqu’à
minuit pour les terminer. Les devoirs représentent une charge lourde pour les
écoliers et leurs parents. De son côté, le professeur a à peine le temps
pendant le cours d’expliquer les grandes lignes de la leçon. L’année scolaire
est en quelque sorte une course contre la montre. Le ministère de l’Education
prétend vouloir alléger les programmes scolaires des différents cycles. Le but
serait d’appendre aux élèves comment chercher eux-mêmes l’information, au lieu
de se contenter d’apprendre par cœur. Parmi les objectifs majeurs de cette
réforme, il y a l’intégration de thèmes modernes tels que la technologie,
l’environnement, l’espace et les droits de l’homme.
Cependant,
ces objectifs ne pourront pas seuls résoudre le problème des écoles. La
question n’est pas de changer les programmes scolaires, mais plutôt de changer
notre vision du système d’enseignement dans son ensemble.
J’accuse
les parents d’être les premiers responsables de cet état de panique et
d’angoisse qui envahit les foyers pendant l’année scolaire.
Je
crois que l’école est considérée par certains élèves comme une prison dans
laquelle ils sont censés passer au moins 5 heures. De plus, dans une classe, il
y a près d’une soixantaine d’élèves qui tentent parfois d’entendre la voix du
professeur qui hurle pour mettre un peu d’ordre dans la classe et pour
expliquer la leçon. La plupart d’entre eux n’accordent aucune attention au
cours qui a lieu, car ils savent que tout sera répéter lors des cours
particuliers.
Autre
problème qui se pose aujourd’hui, celui du sport. Les élèves ne pratiquent
aucun sport à l’école, il n’y avait qu’un seul cours de gym par semaine, et il
sera annulé au profit des maths et des sciences afin de pouvoir terminer le
programme.
On
regrette vraiment les beaux jours dans le passé où les élèves apprenaient la
musique, la poésie et les différents sports à l’école et où les activités
occupaient une place importante dans la journée scolaire.
L’école
a un rôle très important dans la découverte des talents et l’importance des
activités sportives et artistiques.
Aujourd’hui,
toutes ces activités sont malheureusement marginalisées, l’école n’aura donc
réussi ni à donner à l’élève la formation qu’il doit obtenir, ni à l’aider à
développer sa personnalité et ses tendances créatives.
Ossama Badawi,
Nouveau Caire.
Un exemple à suivre
Quatre
médailles d’or pour l’Egypte aux Jeux paralympiques de Pékin. Héba Saïd en
haltérophilie, Métoualli Mathana et Fatma Omar, grâce à eux, le drapeau
égyptien a pu être levé plusieurs fois en Chine. A la suite de notre
défaillance aux Jeux olympiques, des voies se sont élevées et ont évoqué le
manque de moyens et d’entraînements. Mais la réalité vient prouver que tout
cela n’est que prétexte pour se dédouaner. Car tout simplement, ces joueurs
vainqueurs viennent du même pays que les autres, et vivent avec les même moyens
et possibilités. La seule différence c’est que les vainqueurs sont des
handicapés et que les perdants sont des valides. Donc on peut déduire que le
vrai problème ne réside pas dans le manque des moyens ou de possibilités, mais
plutôt dans le manque de volonté. Ce n’est qu’ensuite que vient le manque de
moyens. Avec la volonté, ces joueurs ont pu aller au-delà de leurs problèmes et
vaincre les autres. Alors j’aimerais beaucoup que le gouvernement s’intéresse
plus à ces joueurs, car ils sont un bon exemple pour tous les Egyptiens,
surtout les jeunes, qui leur prouve qu’avec de la volonté, le mot impossible
n’existe pas.
Yousra El Sherbini,
Le Caire.
Circulez, y a tout à voir !
Je
viens de conduire ma fille dans les nouveaux locaux de l’AUC. Magnifique route,
magnifiques locaux au milieu du désert, étudiants pressés (et sans doute un peu
stressés aussi. Et les chauffeurs égyptiens. Des chauffeurs de taxis, des
chauffeurs de minibus, des chauffeurs de motos, d’engins de chantier, de bus,
de pick-up ... Des chauffeurs partout, 8e plaie d’Egypte, sans foi ni loi !!
Mais
où sont donc les policiers censés faire respecter le « nouveau » code de la
route ? Pas un seul en vue. Je ne vois pas bien ce qu’il y a de « nouveau »
d’ailleurs à respecter les sens uniques, ne pas prendre les sens interdits,
prendre le rond-point dans le bon sens, respecter la priorité « A droite », et
pas « la grande rue sur la petite rue » …, ne pas se garer en double file en
enquiquinant tout le monde et s’en moquant royalement, 3 mois de prison tout de
même pour ce délit que je qualifierais de mineur comparé aux 10 minibus roulant
en sens inverse sur 1 km sur une voie rapide … le premier, je l’avoue, m’a
prise par surprise … au huitième j’avais un assez bon coup de volant permettant
l’esquive … Et pourtant, les routes sont tracées, si, si je vous le jure, mais
pour un chauffeur moyen ce n’est pas assez, on invente des U-turn, on crée des
passages inédits, le parking n’est jamais assez près, la route n’est jamais
assez courte et gagner 100 m de parcours semble être le seul objectif valable
d’un chauffeur en Egypte. Toute personne allant gentiment tourner au bon
endroit devient un gêneur rendant la manœuvre plus difficile … donc c’est lui
le coupable de l’embouteillage, il n’a qu’à faire « comme tout le monde ». C’est
vrai à la fin …
Trêve
de plaisanterie, ce matin j’ai failli mourir 3 fois … Si la police ne vient pas
mettre un peu d’ordre là-dedans (peut-être l’AUC elle-même pourrait-elle
s’occuper de la circulation des voitures et de ces bus autour de l’université
?). Nos enfants vont mourir sur cette route. Il faut des signalisations claires
: des flèches, des indications de direction, des panneaux de sens interdit, des
panneaux indiquant les U-turn, et des policiers, des policiers, des policiers …
qui font leur boulot.
Myriam Pezenas,
Le Caire.
L’amour de l’autre
En
signe de solidarité envers la catastrophe de l’éboulement au Moqattam de la
semaine dernière, je voudrais transmettre toute ma sympathie aux familles des
sinistrés et mes félicitations cordiales pour les forces qui ont contribué au
secours. Je vous adresse aussi un article que j’ai rédigé à la suite de cet
événement, qui sensibilise et décrit le sauvetage d’une âme et où s’incarne le
beau sentiment fraternel d’amour face à un tel sinistre.
Ils
s’étaient à peine connus, un octogénaire et un adolescent. Ils venaient
d’échanger des mots amicaux. Les mots s’enchaînaient entre eux et leur
arrivaient aisément comme pour se dire : Je te connais depuis longtemps … nous
avons besoin l’un de l’autre … l’ardeur de l’amitié s’enflammait …
Le
sort a voulu un affaissement de la terre et son habitation … tout est
brutalement secoué … Hélas ! L’effondrement : Démolitions, poussière,
charpentes tordues … terreur.
Vite,
arrivent les engins … secours et ambulances accèdent sur place … tout de suite
à l’œuvre … tout est mobilisé en conséquence … excavatrices et camions à benne
pour déblayer, dégager, déplacer des blocs énormes, enfin sauver les corps en
vie. Combien y en a-t-il ? Nombreux ? Inutile de compter maintenant : il faut
agir.
Deux
journées déjà écoulées, de zèle, sans arrêt, des vagues d’espoir et de
désespoir se mêlent de courage, de défaillance, les cœurs se chargent puis se
déchargent pour un sauvé des décombres, des âmes s’attristent mais se réarment
de volonté. Celle de l’octogénaire est là, courageuse pour épauler … par les
sentiments les plus chers : de fraternité, d’amitié et d’amour. Il pense à son
ami, il voudrait alléger ses souffrances, le verra-t-il une autre fois ? Sa
voix résonne encore à ses oreilles.
Les
minutes maintenant s’écoulent comme des heures, les heures comme des journées. L’autre
n’est pas sorti. Tous bûchent, les pompiers triment et bravent la mort, les
gendarmes s’acharnent d’un travail ininterrompu, pour une lueur encore d’espoir
de survivants. Mais là-dedans, ils sont paralysés, de frayeur, avec un membre
cassé, manque de souffle, d’autres respirent encore dans les labyrinthes des
entre-rocailles, se battant mais non encore abattus.
La
phobie de l’octogénaire s’empare de lui : l’autre n’est pas encore sorti,
pourtant les brigades démobilisent, s’en vont. Qu’adviendra-t-il de l’autre ?
Mais non, il est sûrement là, je ne le laisserai pas mourir, mais … au fond,
là-bas, il y a une voix à peine audible, c’est la sienne. L’octogénaire puise
des forces pour crier à l’avant-garde : Oh hé, j’entends mon autre au fond par
ici. Ne partez pas sans lui, venez vite ! Il supplie. Et maintenant il lui
reparle : Ne t’inquiète pas, on est là pour te sauver.
L’autre
capte sa voix et se réarme pour combattre la mort, arrêter sa solitude, mais
maintenant c’est différent, il a son ami ici, il a moins peur du noir, car il y
a les sentiments de fraternité et d’amour qui le rallient, qui lui soufflent
dans l’âme pour la prolonger. Les mots ne s’arrêtent pas, comme pour parer à la
décrépitude, du pouls, du souffle, de la vie.
Les
voici qui retournent, hourra ! L’âme âgée gambade de joie, sa plus grande joie,
l’autre est en vie, la corde de secours est jetée cette fois-ci, la vie qu’il a
recelée sera sauvée : Courage encore, tiens bien, lui dit-il. Je suis là car
Dieu est en moi, je ne te laisserai pas périr. Une brise refroidit la sueur de
l’octogénaire, le pilier de l’autre. Il attend son frère, son âme à lui, qui
remplit la sienne d’oxygène, il monte, il frôle la mort, mais les clous qui
déchirent sa peau ne lui font pas tant de mal. Le désir de voir l’autre
l’enivre …
Nabil Louca,
Nouveau Caire.