Liban.
Ammar Khoury,
chef de la majorité au Parlement libanais, estime que le
dialogue national libanais est rattaché au contexte
régional.
« Le Hezbollah n’a pas changé et il est donc inacceptable
qu’on change nous »
Al-Ahram Hebdo : Peut-on parler d’un début de réconciliation
interlibanaise sur fond du dialogue national parrainé par le
chef de l’Etat libanais ?
Ammar Khoury :
On ne peut pas dire que l’entente a commencé. La scène
actuelle au Liban est liée à la situation régionale parce
que le Hezbollah porte le fardeau du dossier nucléaire
iranien et n’a pas encore rejoint la phase d’apaisement avec
les autres partis politiques. Il continue à glorifier le
crime de Beyrouth qui a eu lieu le 7 mai, lorsque ses
éléments ont attaqué la partie Est de la capitale et
provoqué de graves dégâts.
— Pourquoi cette escalade de votre côté, alors qu’on parle
d’arrangement entre Hassan Nasrallah et Saad Al-Hariri ?
S’agit-il de répartition de rôle ou d’absence de
coordination ?
— Ce n’est ni l’un ni l’autre. Nous représentons une
attitude commune. Ce que je dis, c’est la réalité, car le
Hezbollah n’a pas changé, il est donc inacceptable qu’on
change nous et qu’on affiche des positions inexistantes.
Notre destin, c’est la réconciliation. C’est pour cela que
Hariri exige le désarmement du Hezbollah et la levée des
photos et des affiches postées dans les rues. Il est
important d’appeler les choses par leur nom.
— Pourquoi vous opposez-vous à l’élargissement du dialogue
pour inclure d’autres personnalités jusqu’à présent mises à
l’écart ?
— Elargir la table de négociations, c’est élargir les
différends. Cela aura un impact négatif sur le dialogue.
Nous ne sommes pas contre des personnalités données, mais
nous exigeons la stabilité et la nécessité de ne pas
renouveler les différends et les demandes. Je crois qu’il
faudrait limiter les négociations aux armes du Hezbollah et
ses rapports avec l’Etat.
— Cela voudrait-il dire que seul l’armement du Hezbollah est
à l’ordre du jour du dialogue ?
— Il n’est pas supposé parvenir à un accord sur une
stratégie de défense d’ici le 5 novembre. Mais la
déclaration finale évoque juste le lancement de dialogue
autour de cette question, qui exige sans aucun doute une
étude détaillée.
— Quand Hassan Nasrallah et Saad Al-Hariri doivent-ils se
rencontrer ?
— Il y a des mesures de sécurité qui détermineront le lieu
et le moment d’une telle réunion. Comme l’a dit Hariri, les
portes du palais de Qoreitem sont ouvertes pour des
rencontres pareilles. Tôt ou tard, la réconciliation aura
lieu, mais je ne dispose pas d’informations détaillées sur
les conditions de mise au point de cette rencontre entre
Hariri et Nasrallah. Evidemment, il y a de nombreux détails
à étudier, surtout que l’idée n’est pas de se serrer les
mains.
— Est-ce que l’accord du Doha a été appliqué dans son
intégralité ?
— Certes, il y a une partie de l’accord qui n’a pas été
appliquée jusqu’à présent. C’est la partie concernant la
sécurité. Il faut trouver les moyens de garantir que les
armes ne soient pas utilisées à l’intérieur une autre fois.
Propos recueillis par Maher Meqled