Musique Soufie.
Le premier festival Samaa, réservé au chant sacré, prend fin
demain le 25 septembre. Pendant dix jours, cet art revisité
à l’occasion a fait la vedette au palais Al-Ghouri.
Les louanges font vibrer
les planches
Pendant
dix jours, l’enceinte du palais Al-Ghouri, en plein Caire
fatimide, a servi de scène à la première édition du festival
Samaa (à l’écoute) pour le chant religieux et la musique
soufie, lancé par Intissar Abdel-Fattah, directeur du centre
Al-Ghouri et financé par le Fonds du développement culturel
et l’Institut Cervantes. A l’origine, Samaa est le nom de la
troupe du chant religieux du centre Al-Ghouri, créée par
Abdel-Fattah en 2007. « Nous visons à bien fouiller le
patrimoine du chant soufi ou religieux et le ressusciter.
Cette première édition du festival nous permet de jeter un
coup d’œil sur le chant religieux actuel, d’en découvrir les
différentes troupes égyptiennes ou étrangères. La présence
de ces troupes variées crée un vrai dialogue multiculturel
», souligne le directeur du centre.
Au cours des soirées du festival, on a noté la présence de
certaines troupes égyptiennes qui s’attachent encore aux
traditions soufies. Les voix des mounchedines (chanteurs de
louanges) résonnent, chantant les vers d’Ibn Arabi,
Jalaleddine Al-Roumi et autres poètes soufis. Quelques
derviches tourneurs viennent se joindre aux chanteurs,
évoquant la tradition rituelle du zikr.
La troupe de la confrérie Al-Hamediya Al-Chaziliya préserve
la forme traditionnelle du chant soufi, les chanteurs sont
accompagnés uniquement par les joueurs de tambours de
basque. « Cette troupe assez récente chante souvent dans le
cadre des cérémonies de la confrérie. Elle a enrichi son
répertoire de quelques compositions nouvelles », souligne
Cheikh Al-Helbawi, grand nom du chant religieux et l’un des
adeptes de la confrérie. La troupe s’attache au patrimoine
et essaye, en même temps, de le revivifier.
D’autres compagnies se sont éloignées des ambiances soufies
et du chant religieux comme on le connaît, c’est-à-dire
sobre et sans trop d’éclat. La compagnie Achraf Al-Mahdiya
(descendants de la famille du prophète) glorifie le maître :
le cheikh Salaheddine Al-Qoussi qui écrit toujours des
poèmes d’amour pour le prophète. Leur programme varie entre
une lecture dramatisée et le chant. Les chansons prennent un
air euphorique rythmé. « On vise simplement à chanter pour
le prophète, et à lancer un message d’amour aux autres. Les
gens souvent dansent sur les rythmes des chansons de Nancy
Agram, pourquoi ne pas les initier à chanter et danser pour
l’amour de Dieu et du prophète ? », souligne Wessam Al-Achraf,
directrice de la troupe. Un air de tolérance ou de modernité
?!
Quant au cheikh Al-Helbawi, au cheikh Gouda, et à la troupe
du chant sacré de l’Opéra du Caire, ils ont donné au
festival un air de familiarité.
Loin du programme annoncé, certains concerts ont été les
vraies surprises du festival. Intissar Abdel-Fattah a
profité de la présence des deux troupes étrangères,
l’indonésienne Daï Al-Nada, et l’espagnole d’Eduardo
Paniagua pour créer une soirée différente mêlant entre chant
soufi de Samaa, musique andalouse de Paniagua et voix
indonésiennes. L’extase était à son comble.
Demain soir, le festival s’achève avec un concert regroupant
Samaa, Daï Al-Nada, Al-Hamediya Al-Chaziliya et Eduardo
Paniagua.
May
Sélim