Zimbabwe. La
répartition des postes-clés dans le nouveau gouvernement d’union nationale
bloque une fois de plus les négociations entre opposition et pouvoir.
Premières entraves à l’accord de paix
Les
divergences entre les différentes parties ont refait surface une semaine à
peine après l’accord signé entre l’opposition et le régime sur la répartition
du pouvoir. Cet accord portait sur la mise en place d’un gouvernement d’union
nationale, et c’est justement à ce sujet que les négociations trébuchent. Les
différends touchent comme prévu la répartition des postes-clés comme la
Défense, l’Intérieur, les Finances, l’Information et les Collectivités locales.
En
effet, les négociateurs zimbabwéens n’ont pas réussi à surmonter le blocage
concernant l’attribution de ces postes-clés, l’ex-opposition accusant le parti
du président Robert Mugabe de vouloir garder la part du lion. « Les
négociateurs se sont rencontrés, mais ne sont pas parvenus à un accord », a
déclaré à l’AFP Nelson Chamisa, porte-parole du Mouvement pour le changement
démocratique (MDC), accusant l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front
patriotique (Zanu-PF au pouvoir) d’intransigeance. « Cela devrait être du
donnant-donnant, mais la Zanu-PF a pour mentalité de prendre, prendre et
prendre », a-t-il ajouté. Et de lancer : « Nous n’accepterons pas d’être
simplement un accessoire dans un nouveau gouvernement Zanu-PF ».
Selon
lui, les négociations vont tout de même se poursuivre « jusqu’à l’obtention
d’un accord ». Selon Patrick Chinamasa, porte-parole du Zanu-PF, « les trois
leaders se sont rencontrés, mais ont trouvé la tâche trop ardue. Ils ont décidé
de déléguer ce travail aux négociateurs ». Mais pour Edwin Mushoriwa,
porte-parole d’une petite faction dissidente du MDC, aucun accord final ne
pourra être atteint avant la semaine prochaine en raison d’un déplacement du
président Mugabe à l’étranger. « Il ne sera pas possible de résoudre l’impasse
en l’absence d’un des leaders, le président Mugabe, qui doit se rendre à
l’Assemblée générale de l’Onu », a-t-il expliqué.
Le
président Mugabe, le chef du MDC Morgan Tsvangirai et le leader d’une petite
branche dissidente du MDC, Arthur Mutambara, ont signé lundi 15 septembre
dernier un accord de partage du pouvoir pour sortir le pays de la crise née de
la défaite du régime aux élections du 29 mars. Selon cet accord, M. Mugabe doit
conserver le poste de président, M. Tsvangirai devenir premier ministre et
Arthur Mutambara son adjoint, dans un gouvernement comptant 15 ministres pour
le parti au pouvoir, 13 du MDC-Tsvangirai et trois du MDC-Mutambara.
L’accord
ne précise pas la répartition des 31 portefeuilles et les trois hommes se sont
rencontrés jeudi dernier, avec deux jours de retard, pour en discuter. Ils
n’auraient eu aucun problème à attribuer 26 ministères, mais leur réunion
semble avoir achoppé sur les exigences de la Zanu-PF, dont les partisans d’une
ligne dure ne semblent pas prêts à lâcher trop de pouvoir. En effet, le
président Mugabe avait nommé les gouverneurs locaux avant même la signature de
l’accord. L’intransigeance de la Zanu-PF montre que « les partisans de la ligne
dure essayent de bloquer cet accord, car ils ont peur de perdre beaucoup. Ils
sont habitués à avoir presque tout gratuitement ».
La
mise en place du gouvernement d’union, issu de longues négociations débutées
fin juillet sous l’égide du président sud-africain Thabo Mbeki, est attendue
avec impatience au Zimbabwe, où la population se débat avec une hyperinflation
délirante, un chômage de masse et des pénuries chroniques. La communauté
internationale a ainsi fait savoir qu’elle attendrait de voir les retombées
concrètes de l’accord de lundi avant de débloquer un programme d’aide massive. A
cet égard, l’ambassadeur de Grande-Bretagne à l’Onu, John Sawers, a indiqué que
son pays était prêt à soutenir la reconstruction du Zimbabwe seulement si un «
véritable » partage du pouvoir politique est instauré dans le pays. « Mais nous
avons besoin de voir un engagement pour que les politiques tragiques mises en
œuvre ces dernières années au Zimbabwe prennent fin et un effort réel de
partage du pouvoir avec ceux qui ont été élus aux élections de mars ait lieu »,
a dit M. Sawers.
Maha Salem