Il devrait y avoir encore au moins 100 000 soldats
américains en Iraq à la fin de l’année et si un
président mène les Etats-Unis à la fin de la guerre,
celui-ci ne sera pas celui qui l’a déclarée, George W.
Bush, mais celui ou celle qui lui succédera.
C’est la conclusion d’une semaine au cours de laquelle
l’Iraq a repris dans l’actualité américaine, après plus
de cinq années de guerre, une grande part de la place
cédée récemment à la peur de la récession économique.
Les décisions annoncées par M. Bush et les longues
auditions des responsables militaires et civils en Iraq
qui ont servi de prélude n’ont surpris personne, tant le
président y avait préparé des Américains toujours
majoritairement opposés à la guerre. Elles ont donné
lieu à la confrontation désormais familière sur le sujet
: cette guerre en vaut-elle la peine et quand
prendra-t-elle fin ? Cette question est l’une des
grandes querelles de la campagne présidentielle.
Mais la décision de M. Bush de geler la réduction des
effectifs après juillet et le rapatriement de cinq
brigades de combat signifie qu’il devrait rester environ
140 000 soldats en Iraq à l’automne, quelques mois avant
qu’il ne quitte la Maison Blanche. M. Bush n’a pas exclu
qu’il reste 140 000 soldats en Iraq quand il partira en
janvier 2009. De son côté, le secrétaire à la Défense,
Robert Gates, a déclaré avoir abandonné l’espoir d’un
passage du niveau des forces américaines à 100 000
hommes à la fin de l’année. A la fin de l’an dernier, M.
Gates avait exprimé l’espoir que le niveau des troupes
engagées en Iraq continuera de baisser au cours de
l’année 2008. S’il n’avait pas fait état de chiffres
précis, il avait convenu à l’époque qu’une baisse
logique aboutirait à maintenir sur le terrain une
dizaine de brigades, soit environ 100 000 hommes, d’ici
la fin de l’année. Il y a actuellement environ 158 000
soldats américains en Iraq.
Les 45 jours « d’évaluation » préconisés par le général
Petraeus mènent tout près de
l’élection, et l’annonce de nouveaux retraits pourrait
servir le candidat républicain.
Mais le général Petraeus
s’est obstinément gardé de dire quelles conditions
permettraient davantage de retraits. D’innombrables
inconnues rendent les prédictions aléatoires :
l’évolution de la violence, la persistance de tribus
sunnites dans le combat au côté des Américains,
l’attitude du chef radical chiite
Moqtada Sadr, le
déroulement d’élections provinciales en octobre, mais
aussi les pressions sur les effectifs de l’armée alors
que M. Bush a promis davantage de troupes en
Afghanistan.