Al-Ahram Hebdo,Invité | Ali Moussa,  « L’Union méditerranéenne permettra au Sud de participer à la prise de décisions »
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 23 au 29 avril 2008, numéro 711

 

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Invité

Ali Moussa, président du Conseil présidentiel égypto-français qui regroupe des hommes d’affaires et des responsables égyptiens et français, accompagnait le président Moubarak dans sa visite cette semaine en France. Il évalue les rapports économiques entre les deux pays.  

« L’Union méditerranéenne permettra au Sud de participer à la prise de décisions » 

AAl-Ahram Hebdo : Quels sont les objectifs économiques escomptés de la visite du président Moubarak en France ?

Ali Moussa : Je pense que cette visite du président Moubarak ouvrira de nouveaux horizons avec les grandes compagnies françaises qui veulent exécuter des projets en Egypte ou qui veulent élargir leurs investissements. Cette visite permettra également l’échange d’opinions entre les secteurs français et égyptien des affaires autour du projet de l’Union pour la Méditerranée, en prélude à la conférence des chefs des entreprises du bassin méditerranéen, qui doit se tenir à Marseille au début du mois de juillet 2008. Par ailleurs, la visite contribuera à attirer davantage de capitaux français en Egypte et à activer le partenariat dans les grands projets ainsi que le transfert de l’expertise française dans le domaine industriel.

Le Conseil présidentiel égypto-français a effectué une visite à Paris en décembre 2007 pour assister à la réunion annuelle des membres du Conseil. Il était accompagné des ministres du Commerce, de l’Industrie, des Transports et des Communications. Au cours de cette visite, des rencontres ont été organisées avec les investisseurs français qui ont exprimé leur volonté de participer aux plans ambitieux des ministres égyptiens dans les domaines des transports routiers et fluviaux, des chemins de fer ainsi que dans le développement des ports maritimes. Le Conseil a exprimé sa volonté d’attirer des investissements français dans les diverses activités relatives au secteur des télécommunications et de la technologie informatique.

A quel niveau se situent les échanges commerciaux entre l’Egypte et la France ?

— La France est le cinquième pays exportateur vers l’Egypte. De son côté, l’Egypte se situe à la 5e place sur la liste des pays du Moyen-Orient importateurs de la France. Cependant, le volume des échanges commerciaux a connu une légère baisse en 2007 par rapport à 2006. Les exportations françaises ont baissé à 1,201 millions d’euros et les exportations égyptiennes à 798 millions d’euros. Cette légère baisse des exportations françaises est due à la baisse du volume des ventes dans le secteur du transport aérien et celui du blé. Quant au reste des exportations françaises, leur volume a augmenté de 962 millions d’euros en 2006 à 998 millions en 2007. Ceci représente un changement dans la nature des exportations essentiellement composées de produits pharmaceutiques, d’équipements de production, de tuyaux en acier, d’équipements de distribution de l’électricité ainsi que d’outils informatiques. En revanche, l’exportation des produits chimiques, des matériaux de construction, des voitures et des produits élémentaires du plastique a diminué. Les exportations égyptiennes avaient connu une hausse en 2006, atteignant un chiffre de 990 millions d’euros mais elles ont rechuté en 2007 à 799 millions d’euros avec une baisse de 19 %. Ceci est dû à la baisse des exportations de gaz naturel liquéfié, de 463 millions d’euros à 256 millions d’euros. Il en est de même pour les exportations de produits pétroliers qui ont diminué de 269 millions d’euros à 170 millions.

D’autre part, les exportations des engrais azotés ont connu une hausse de 118 % et les exportations de cuivre une hausse de 137 %. De plus, les exportations de tissus, de tapis, de produits agricoles ont connu une hausse importante.

Les compagnies françaises maîtrisent une grande part du marché de la production du ciment en Egypte. Est-ce la cause de la hausse des prix de ce matériau en Egypte ?

— La hausse des prix du ciment en Egypte n’est pas due à la domination des compagnies françaises. Elle revient à la hausse mondiale des prix des composants du ciment ainsi qu’à l’augmentation de la demande en Egypte et à l’étranger. Le marché du ciment est devenu un marché mondial qui est influencé par les facteurs mondiaux et non pas seulement locaux. Cependant, les compagnies françaises sont considérées comme les plus grands producteurs de ciment au niveau mondial et non pas seulement en Egypte. En effet, la compagnie Lafarge est devenue le plus grand producteur de ciment en Egypte, après avoir acheté les parts de la compagnie Ciment Orascom. De plus, l’Egypte est le pays qui vend le ciment le moins cher dans la région. Ce qui encourage les usines égyptiennes à exporter la plus grande part de leur production. Ce qui a provoqué la décision du ministre du Commerce et de l’Industrie de suspendre l’exportation pendant quelque temps pour couvrir les besoins du marché local.

Pourquoi les investissements français en Egypte s’orientent-ils vers le domaine des services et non pas vers le domaine de la production industrielle ?

— Ce n’est pas vrai. Les investissements français s’étendent à de nombreux domaines industriels comme les industries alimentaires, pharmaceutiques, chimiques, automobiles et pétrolières. Les investissements français se sont aussi lancés dans le domaine des industries des matériaux de construction et des industries du fer. C’est ainsi que la France est quasiment présente dans tous les domaines de l’industrie égyptienne. Elle est ainsi le premier investisseur en Egypte, notamment dans le domaine des banques, des hôtels, de l’assurance, de la gestion des ports ainsi que dans les divers domaines commerciaux. Depuis deux ou trois ans, des compagnies françaises de taille moyenne ont commencé à se lancer dans des investissements industriels en Egypte car elles bénéficient de la main-d’œuvre, de l’énergie et des conventions douanières avec les pays voisins afin d’exporter les articles égyptiens produits avec une expérience française. Ceci crée un équilibre avec les investissements dans les services.

Qu’est-ce qui entrave l’augmentation des investissements français en Egypte ?

— Les investisseurs français en Egypte se plaignent de la bureaucratie et des procédures en général. Malgré les efforts déployés pour remédier à ce phénomène, les investissements français ont besoin de plus de flexibilité. Ils se plaignent aussi du manque de main-d’œuvre qualifiée. De plus, les compagnies françaises de taille moyenne ne connaissent rien du climat d’investissement en Egypte qui s’est nettement amélioré au cours des dernières années.

Les compagnies françaises sont accusées de ne pas transmettre les technologies de pointe à des pays comme l’Egypte afin de préserver leur suprématie technologique. Qu’en pensez-vous ?

— Ce n’est pas vrai car les investissements français ont été exécutés ces derniers temps dans un cadre de partenariat franc avec la partie égyptienne. Il n’est pas dans l’intérêt de la France de priver l’Egypte de la technologie de pointe, car sa production n’est pas seulement adressée au marché égyptien mais au marché mondial. Cette accusation était peut-être valable dans le passé quand la France hésitait à transmettre la technologie de pointe aux pays en développement de peur qu’ils n’imitent les moyens de production et ne les commercialisent sans sa permission. Par l’intermédiaire du Conseil présidentiel égypto-français, nous étudions avec la partie française la possibilité de former la main-d’œuvre égyptienne pour améliorer ses performances et lui permettre de créer sa propre technologie.

Certains critiquent le Conseil présidentiel égypto-français pour son inaction ... ?

— Ceci n’est pas vrai. Depuis la création du Conseil en 2005, de nombreux projets ont été exécutés dans le domaine de la formation industrielle et professionnelle et dans le domaine des textiles et des meubles. Et ce, par l’intermédiaire de la collaboration du Conseil avec des entreprises françaises spécialisées dans ces domaines avec les unions industrielles et avec l’Université française en Egypte. De plus, des mémorandums d’entente ont été signés dans les domaines de la construction, de l’environnement et des industries alimentaires. De plus, le Conseil a effectué plusieurs voyages pour la France et a accueilli les membres du Conseil français ainsi que des hommes d’affaires français. L’objectif est d’encourager les investissements, d’améliorer l’image du secteur privé en Egypte et d’exposer la politique économique du gouvernement égyptien dans les différents secteurs. Le Conseil a également joué un rôle essentiel dans le règlement de certains différends commerciaux entre les entreprises et les investisseurs français en Egypte.

Les membres du Conseil sont accusés de ne s’intéresser qu’à leurs intérêts personnels et aux intérêts de leurs entreprises à l’intérieur du Conseil. Qu’en pensez-vous ?

— Le Conseil tient à écarter toute suspicion. Si ceci s’avère vrai, des mesures appropriées seront prises pour préserver sa réputation égyptienne et internationale. Les projets exécutés jusqu’à présent se caractérisent par la diversité qui a un grand intérêt pour les secteurs fondamentaux du développement économique égyptien, car ces projets servent en grande partie les jeunes égyptiens.

Quelles seront les opportunités économiques qu’offrira le projet français de l’Union pour la Méditerranée ?

— L’initiative française pour la création en juillet 2008 de l’Union pour la Méditerranée crée des opportunités pour les hommes d’affaires et les investisseurs des pays de la Méditerranée. C’est une occasion pour exposer divers projets relatifs à la région. Cette initiative influencera le développement égyptien car l’Egypte sera partenaire des pays de la Méditerranée. C’est ainsi que se créera un nouveau bloc économique compétitif face aux autres blocs. La période à venir sera caractérisée par les blocs économiques. Il n’y aura pas de place pour les puissances individuelles. Ce projet sera exécuté et financé par l’Union européenne et la Banque mondiale. Des commissions qui siégeront à Bruxelles seront chargées de déterminer les projets appropriés. Cette initiative vient compléter l’accord de Barcelone signé en 1995. Cependant, elle diffère du fait qu’elle donne le droit aux pays du sud de la Méditerranée de participer à la prise de décisions du partenariat.

Propos recueillis par Magda Barsoum

 




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