Zimbabwe .
La tension s’aggrave trois semaines après les élections
générales. Le nouveau comptage partiel des votes pourrait
renverser les résultats des législatives.
L’opposition crie à l’illégalité
Ce
nouveau comptage intervient alors que la crainte d’une
explosion de violence ne cesse de croître dans ce pays en
plein marasme économique, où l’hyperinflation frôle les 165
000 % sur l’année.
Le nouveau comptage est prévu dans 23 des 210
circonscriptions du pays, où les Zimbabwéens avaient voté le
29 mars pour élire leur président, députés, sénateurs et
conseillers municipaux. L’Union nationale africaine du
Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) du président Mugabe, au
pouvoir depuis l’indépendance en 1980, a officiellement
perdu les législatives. Mais les résultats du nouveau
comptage, réclamé par le régime qui a invoqué des
irrégularités, pourraient lui permettre de récupérer sa
majorité à la Chambre des députés où la Zanu-PF n’a remporté
que 97 sièges contre 109 au Mouvement pour le changement
démocratique (MDC), principal parti d’opposition. Le MDC de
Morgan Tvsangirai, qui revendique la victoire aux
législatives comme à la présidentielle, a vainement saisi la
Cour suprême pour tenter de s’opposer à l’opération. En
outre, la justice a jugé irrecevable son recours pour
obtenir la publication immédiate des résultats de la
présidentielle. Le report de leur publication a donné corps
aux craintes de l’opposition. Par avance, cette dernière a
rejeté le résultat de ce nouveau décompte en estimant que le
régime tente de récupérer frauduleusement le contrôle du
Parlement. « Nous n’accepterons pas l’issue de ce soi-disant
nouveau comptage. C’est une procédure illégale », a déclaré
à l’AFP le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa.
En plus, l’opposition zimbabwéenne a accusé le régime du
président Robert Mugabe d’être parti en « guerre » contre la
population depuis les élections du 29 mars, évoquant dix
morts, plus de 500 hospitalisés, 3 000 familles ont été
déplacées et quelque 400 de ses militants arrêtés. « Une
guerre est en cours au Zimbabwe, menée par le régime de
Mugabe contre la population. Le régime a laissé la violence
se déchaîner contre son peuple », a déclaré le secrétaire
général du Mouvement pour le changement démocratique (MDC),
Tendai Biti.
En effet, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front
patriotique (Zanu-PF) a reconnu implicitement la défaite du
président Mugabe, indiquant qu’aucun candidat n’avait obtenu
la majorité absolue. Mais elle s’est rangée en ordre de
bataille derrière son chef en vue d’un second tour. Le MDC,
qui est convaincu d’avoir gagné la présidentielle au premier
tour, accuse depuis plusieurs jours le régime de s’être
lancé dans une campagne d’intimidation visant à forcer les
électeurs à voter Mugabe au second tour.
Afin de mettre terme à la crise zimbabwéenne, Tvsangirai a
appelé la communauté internationale à intervenir dans cette
question. A cet égard, les capitales occidentales ont appelé
à l’annonce rapide des résultats des élections générales au
Zimbabwe, demandant à l’Onu et l’Union africaine de jouer un
rôle actif dans la résolution de la crise dans ce pays
d’Afrique australe. « Vous ne pouvez pas avoir des élections
si vous n’avez pas l’intention de publier les résultats », a
déclaré le président américain George W. Bush lors d’une
conférence de presse à Washington avec le premier ministre
britannique Gordon Brown. Avis partagé par la Commission
européenne, elle a demandé la publication immédiate des
résultats de l’élection, estimant que tout nouveau retard
serait « inacceptable » et perçu « comme un blocage au
processus démocratique dans le pays ».
Quant au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, il a
également appelé l’Afrique australe à « une action décisive
». Répondant à cet appel, les dirigeants africains membres
de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC)
avaient renouvelé le mandat du président sud-africain Thabo
Mbeki comme médiateur dans la crise. Dans un communiqué, ils
se sont contentés d’appeler à la publication rapide des
résultats électoraux .
Maha
Salem