Al-Ahram Hebdo,Invité | Yousri Al-Gamal
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 16 au 22 avril 2008, numéro 710

 

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Invité

A quelques jours de la tenue du 22 au 24 avril de la Conférence sur la réforme du baccalauréat, le ministre de l’Enseignement, Yousri Al-Gamal, jette la lumière sur la stratégie de modernisation adoptée par son ministère.

« Nous avons besoin
d’un enseignement technique très développé »

Al-Ahram Hebdo : On a dernièrement beaucoup parlé de la réforme de l’enseignement de façon à répondre aux évolutions actuelles et aux exigences du marché de l’emploi. Quel est le plan du ministère pour développer l’enseignement pré-universitaire en Egypte ?

Yousri Al-Gamal : Un plan a été élaboré il y a 5 ans et il fait partie d’une stratégie que nous avons proposée à de nombreux cercles, comme les commissions de l’enseignement au Parlement et au Conseil consultatif et les Conseils nationaux spécialisés. De plus, cette stratégie a été exposée à un grand nombre d’intellectuels au cours d’un colloque à la Bibliothèque d’Alexandrie. Cette stratégie se compose de 3 axes principaux. Le premier est celui de la qualité de l’enseignement, c’est-à-dire la qualité de l’école, des enseignants, des programmes, etc. Tous ces éléments doivent répondre à des normes de qualité. Ce qui implique la modernisation des établissements scolaires, des laboratoires informatiques, des équipements, etc. Nous avons commencé à appliquer cette stratégie pour améliorer la qualité de l’enseignement, en mettant en œuvre un nouveau statut salarial pour les enseignants, et en créant une académie pour la formation professionnelle. Nous avons déterminé 5 niveaux pour le choix des enseignants. Des tests commenceront à partir de juillet 2008. Quant aux programmes et aux matières scolaires, il est prévu de passer graduellement au système de l’évaluation globale qui implique l’augmentation de l’espace consacré aux activités et une diminution des matières scolaires. Ce système est actuellement appliqué jusqu’à la 4e primaire. Le second axe est celui des « systèmes administratifs » qui vise à décentraliser l’administration de façon à transférer le pouvoir financier et administratif aux départements éducatifs puis aux écoles pour qu’elles soient entièrement indépendantes dans leurs décisions. Cet axe vise aussi à ce qu’il y ait une base informatique de données dans chaque école et dans chaque département du ministère, de façon à ce que chaque élève ait un registre informatique avec tous les renseignements qui le concernent. Cet axe concerne également les systèmes d’évaluation de l’élève qui prendra en considération ses talents et ses habiletés. Il y a aussi le plan lancé par le président Moubarak et qui vise à construire 3 500 écoles en 6 ans et d’ouvrir 8 000 nouvelles classes chaque année pour diminuer la densité dans les classes et pour combler le manque dans certaines régions. Quant au troisième axe, il concerne l’enseignement primaire et consiste à fournir une formation aux enseignants de façon à ce qu’ils soient capables d’appliquer le système d’évaluation globale.

En Egypte, l’inscription à l’université dépend encore du bureau d’admission universitaire. Certains pensent que ce système est devenu inadapté aux évolutions du marché de l’emploi. D’autres estiment que l’annulation de ce système annule aussi l’égalité des chances. Quel est le plan du ministère à cet égard ?

— Cette question constitue un des sujets principaux qui seront discutés par la Conférence sur le développement de l’enseignement secondaire et des politiques d’admission universitaire, et qui se tiendra du 22 au 24 avril courant. Effectivement, le système actuel d’admission universitaire dépend d’un seul élément : les notes obtenues au bac sans prendre en considération les efforts des élèves pendant tout le cycle secondaire ni les compétences requises par chaque faculté. Ce point sera aussi débattu par la conférence de façon à garantir l’égalité des chances.

Quelles sont les grandes lignes du nouveau système proposé pour le bac ?

— Le développement du bac est basé sur 3 axes. Premièrement, la restructuration de l’enseignement secondaire en développant les programmes et les matières étudiées ainsi que les méthodes d’enseignement. Il est aussi question de développer les tests qui déterminent si l’élève fera des études secondaires générales ou des études techniques, avec la nécessité de prévoir des matières communes aux 2 systèmes secondaires. Quant au deuxième axe, il concerne la méthode d’évaluation et les examens de façon à ce qu’ils soient une continuité du système de l’évaluation globale. Le troisième axe est celui dont nous venons de parler, c’est-à-dire le système d’admission aux universités de façon à répondre aux nécessités du marché du travail, en particulier le domaine de l’industrie.

L’Etat attache actuellement un intérêt particulier à l’enseignement technique pour qu’il soit au service du marché du travail et pour diminuer la pression sur l’enseignement secondaire et universitaire. Quel est le plan de l’Etat pour développer cet enseignement ?

— Le développement de l’enseignement technique est devenu une nécessité surtout avec l’augmentation du volume des investissements en Egypte. Nous avons donc besoin d’un enseignement technique très développé et très sophistiqué. L’enseignement secondaire technique comprend actuellement un million et 900 mille élèves dans trois spécialisations : l’industrie, le commerce et l’agriculture qui ont besoin d’un développement pour répondre aux besoins du marché. Il y a actuellement une coopération avec le ministère du Commerce et de l’Industrie et avec l’Union des industries afin de moderniser les programmes de façon à répondre aux exigences du marché de l’emploi. Les institutions industrielles se chargent de nous procurer les équipements nécessaires et d’organiser ainsi des stages de formation à l’intérieur même des usines de façon à ce que les élèves puissent travailler dès qu’ils finissent leurs études.

Malgré les énormes efforts déployés dans le domaine de l’enseignement, le taux d’analphabétisme reste très élevé. Comment remédier à ce problème ?

— Les efforts déployés pendant les 10 dernières années ont mené à une baisse du taux d’analphabétisme de 10 %, mais ce n’est pas suffisant. Les municipalités, les ONG et les étudiants des universités doivent jouer un rôle plus important dans les efforts d’alphabétisation. Un plan qui consiste à associer toutes ces catégories aux efforts d’alphabétisation a commencé à être appliqué et un objectif a été fixé pour chaque gouvernorat pour diminuer le nombre d’analphabètes.

Le phénomène des cours particuliers angoisse la famille égyptienne. Pourquoi le ministère a-t-il échoué jusqu’à aujourd’hui à y faire face ?

— Le phénomène des cours particuliers est un problème social et éducatif. Les mesures prises pour modifier le système des examens et l’application du système d’évaluation globale ainsi que la modification du système d’admission aux universités vont contribuer à lutter contre ce phénomène. De plus, le ministère a préparé des modèles d’examens pour aider les élèves qui veulent améliorer leur niveaux. Toutes ces mesures vont collaborer à lutter contre les leçons particulières à condition que les familles égyptiennes collaborent à cette lutte également.

Pourquoi les droits de l’homme ne sont-ils pas enseignés dans les écoles surtout que l’Egypte a signé des conventions internationales afin de promouvoir les notions et la culture des droits de l’homme ?

— 21 nouvelles notions devraient être introduites dans les programmes scolaires dans les diverses étapes de l’enseignement. Parmi ces notions, les droits de l’homme, les droits de la femme, de l’enfant et du citoyen, la tolérance, l’acceptation de l’autre ... Ces notions ont été introduites dans les textes enseignés aux élèves de toutes les étapes sans avoir besoin de programmes exclusivement réservés aux droits de l’homme.

Le Conseil national des droits de l’homme et l’Organisation arabe pour la réforme pénale avaient avancé une initiative pour distribuer des livrets visant à  diffuser la culture des droits de l’homme dans les écoles en accord avec le ministère de l’Enseignement. Cependant, ces livrets ont été soudainement retirés. Pourquoi ?

— Les notions qui devaient figurer dans ces livrets ont été introduites dans les programmes scolaires actuels conformément au plan du ministère pour moderniser les programmes scolaires à partir du cycle primaire.

Quand la seconde étape du statut salarial des enseignants sera-t-elle mise en application ? Et quelles sont les propositions pour améliorer leurs conditions de vie ?

— La loi n°1555 promulguée le 21 juin 2007 fixe la date du 1er juillet 2008 pour commencer la seconde étape. Tous les enseignants sont appelés à se présenter à l’Académie de formation des enseignants pour passer les tests déterminés par l’Académie et obtenir des permis d’enseignement aux cinq niveaux déterminés par la loi. Dès que l’enseignant aura rempli ces critères, il obtiendra une augmentation de salaire de 50 à 150 %.

Propos recueillis par Magda Barsoum

 




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