Métro.
Deux de nos lectrices estiment que la construction de la
troisième ligne au Caire est plus que bienvenue dans cette
ville menacée de paralysie. Elles rappellent en quoi
consiste le projet.
Tel un chevalier blanc
Un nouveau record : moins de 2h 30 pour traverser Le Caire.
Incroyable mais vrai, l’Egypte est sur le point de finaliser
son projet du Métropolitain cairote. Finis les
embouteillages et les pertes de temps dues à une circulation
devenue cauchemardesque. Bref, contribuer à rendre plus
facile la vie des 17 millions d’habitants de la capitale est
devenue une priorité. Car en effet, toute cette population
qui ne cesse d’augmenter se déplace en voiture, en taxi ou
en minibus et autres moyens de transports moins
conventionnels. Le gouvernement égyptien se voit donc
contraint de trouver des solutions efficaces et rapides et
de reprendre le projet du métro qui s’était arrêté à la
deuxième ligne en 1999.
C’est le 1er juillet 2002 que la NAT (National Authoriy for
Tunnels) lance son appel d’offres. Elle invite différentes
sociétés à venir retirer le cahier des charges concernant la
1re phase de la troisième ligne de métro du Caire (de Ataba
à Haram, soit 10,5 km de voies à réaliser en 6 ans). Plus de
25 sociétés étudient les aspects techniques et financiers de
cette ligne. Elles devront ensuite remettre à la NAT une
analyse complète du projet, une description de leur
expérience, dans l’obligation de répondre dans 6 mois. Sur
ces 255 sociétés, seules 11 sont retenues pour passer le
deuxième tour. Le contrat final est signé le 29 avril 2007.
En ce qui concerne le projet de la troisième ligne, les
phases I et II permettront la réalisation de 9 stations
souterraines avec une connexion à un dépôt situé à Choubra
Al-Kheima pour d’éventuelles réparations. Cette ligne
permettra de faire circuler plus de 250 mille passagers par
jour. La phase III, celle de l’ouest, partira de Ataba et
ira jusqu’à Imbaba et Mohandessine. La distance entre ces
deux derniers quartiers est de 11,6 km et comportera 12
stations. Leur dépôt se trouvera à la rue Soudan. Cette
phase sera la plus contraignante, puisqu’elle devra passer
sous le Nil. Quant à la phase IV, elle reliera le quartier
de Haram à l’aéroport du Caire et sera effectuée en 2
parties. Une fois terminée, elle permettra de transporter
1,8 million de passagers par jour. Le temps total du trajet
de cette 3e ligne est estimé à 2h 15 minutes.
Après avoir entamé la construction de la 1re et 2e ligne, le
gouvernement égyptien, avec la participation de sociétés
étrangères majoritairement françaises, décide d’en
construire une troisième afin de faciliter les déplacements
entre les différents quartiers. Le gouvernement prévoit
aussi trois autres lignes qui débuteront de Madinet Nasr
pour aller à Abbassiya et Guiza. D’autres relieront Choubra
Al-Kheima à Maadi en passant par Haram.
Dans le contrat que propose la NAT, les activités sont
séparées en différents lots qui sont divisés chacun par un
directeur de projet. Le lot n°1, 40 millions d’euros,
regroupe toute la signalisation servant à la communication
entre différents systèmes (téléphone, radio, télévision ...)
et est dirigé par Alstom. Le lot n°2 concerne le génie civil
(stations de métro, tunnels, architecture des
infrastructures) et est dirigé par Vinci et Bouygues. Le lot
n°3 regroupe l’énergie électro-mécanique (escalateurs,
ventilateurs, équipement électronique) et est dirigé par
Spie. Le lot n°4, 10 millions d’euros, s’occupe de la
construction des voies de chemin de fer et est pris en
charge par Vossloh-Cogifer. Le lot n°5, 80 millions d’euros,
porte sur le matériel roulant (wagons, locomotives) et est
dirigé par Mitsubishi. Le coût total de cette opération
s’élèvera à 510 millions d’euros.
Les gouvernements français et égyptien s’associent pour le
financement de cette troisième ligne. Le côté français
finance l’importation de tous les équipements et le côté
égyptien financera les salaires. Un protocole de financement
a déjà été signé par les gouvernements en question et doit
être ratifié par le Parlement égyptien.
Bien que le projet soit extrêmement prometteur en terme de
service et de création d’emplois, le coût reste exorbitant
pour l’Egypte, qui doit se battre sur plusieurs autres
fronts comme l’enseignement, la santé, le travail des
enfants, et la pauvreté (40 % en dessous du seuil de
pauvreté, selon le rapport de la Banque mondiale).
Camel-Taveg Jennifer Richetta Camille,
Egypte.
Violence incompréhensible
La journée de grève générale du 6 avril a finalement mal
tourné. Mahallah, cette ville industrielle connue depuis
longtemps pour sa production de textile et vêtements de
haute qualité, a été exposée à la violence par des personnes
qui, avant de détester leur ville et leur pays, se détestent
elles-mêmes. Ecoles, véhicules et magasins incendiés, tel a
été le spectacle donné. Il semble que les auteurs de ces
faits n’aient pas bien compris le but essentiel de la
journée de grève générale du 6 avril, qui était d’exprimer
un mécontentement quant à la mauvaise situation économique
du pays. Plus de 100 blessés, citoyens et agents de police :
tel est le résultat des affrontements avec les forces de
sécurité, qui à mon avis ont aussi réagi avec excès de zèle.
Finalement, si ces personnes avaient des droits à défendre,
elles en ont perdu par ces actes.
Hafez Wahdan,
Le Caire.
Conduite et mentalité
Je viens de lire qu’un centre japonais d’études sur la
circulation déclare que « la circulation sera intenable au
Caire d’ici quelques années ». Personnellement, je pense
qu’elle est déjà à ce jour intenable. Si mes souvenirs sont
bons, une commission d’études, également japonaise, était
venue au Caire il y a une quinzaine d’années et était
repartie horrifiée.
Pourquoi demande-t-on à des Japonais de trouver la solution
? On sait que les villes japonaises sont très peuplées et la
circulation très intense, c’est le seul point de
ressemblance avec Le Caire.
Entre un Japonais et un Egyptien, il y a une grosse
différence de mentalité. Je suppose qu’un Japonais s’arrête
à un feu rouge, s’arrête également pour laisser passer les
piétons dans les passages protégés, ne prend pas de sens
interdit, ne tourne pas à l’envers dans un sens giratoire,
met son signal lumineux quand il tourne et ne fait pas à la
place un vague signe de la main. J’en passe et des
meilleures.
Une étude sur la circulation en Egypte doit tenir également
compte de « l’Egyptian Spirit » pour analyser en totalité
les causes de ce chaos quotidien qui coûte cher par le temps
perdu dans les transports et l’augmentation du CO2 dans
l’atmosphère.
Si vous demandez à un étranger qui a vécu quelques années au
Caire de définir un citoyen égyptien, il vous dira à peu
près ceci : « C’est un homme chaleureux, jovial, aimant les
plaisirs de la table, inventif, indiscipliné et resquilleur
».
On retrouve dans la façon de conduire ces traits
caractéristiques. Et je pense que les pouvoirs publics
devraient, avant d’entreprendre de grands travaux, reprendre
en main la manière de conduire des Cairotes. Ce serait un
point non négligeable.
J’ai connu la circulation à Abou-Dhabi et je peux vous dire
que c’est une merveille. Ce qui m’a étonné, c’est de ne pas
voir un seul policier dans les rues. Voilà un bon exemple à
suivre.
Jean-Claude Brana,
France.
Le pays en danger
Tout d’abord, je félicite toute l’équipe d’Al-Ahram Hebdo
qui nous informe chaque semaine de manière variée et
objective. Ainsi, j’ai lu dans le numéro 708 l’article
intitulé Sabotage de la misère, parlant de nouveaux genres
de vols comme ceux de rails et matériel de signalisation ou
encore robinetteries et poignées de portes dans les écoles.
Je sais que la hausse incessante des prix des denrées
alimentaires, la pauvreté et l’augmentation du chômage, et
n’oublions pas les prix incroyables du fer, poussent
certains à commettre ces vols. Mais je crois que la
situation est plus grave et que ces genres de vols tirent la
sonnette d’alarme. Ces voleurs savent qu’ils mettent en
danger d’autres personnes, comme les usagers des chemins de
fer. Alors, j’estime que l’Etat doit agir vite pour résoudre
les problèmes des pauvres et contrôler les prix pour que ces
actes cessent. Car c’est tout le pays qui est ici en danger.
Lamia
Hussein,
Le
Caire.