Palestine .
Le bouclage de la bande de Gaza met en relief la volonté de
l’Etat hébreu de mettre le secteur à feu et à sang sous
couvert de riposter au Hamas.
Crimes de guerre israéliens
Israël
est intraitable. Il est déterminé à en finir avec le
mouvement du Hamas dans la bande de Gaza, au détriment de la
vie des civils palestiniens. Il a ainsi imposé un blocus
hermétique sur ce territoire surpeuplé et déjà très pauvre,
rendant la vie encore plus dure à ses 1,5 million
d’habitants. Israël a fermé vendredi ses passages
frontaliers avec la bande de Gaza. Les camions humanitaires
de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des
Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine), qui
fournissent de l’aide alimentaire aux réfugiés palestiniens
de Gaza, n’ont pas été autorisés à passer comme ils le font
habituellement. « La bande de Gaza est totalement bouclée.
Cela ne fera qu’aggraver une situation déjà terrible », a
déclaré Christopher Gunness, porte-parole de l’UNRWA. Israël
imposait déjà de sévères restrictions aux acheminements
humanitaires vers la bande de Gaza depuis que le Hamas en a
pris le contrôle par la force en juin dernier.
En raison du bouclage, la principale centrale électrique de
la bande de Gaza a commencé à suspendre progressivement ses
activités, faute de carburant. Kanaan Abeïd, directeur
adjoint de la Direction palestinienne de l’énergie, a
déclaré que l’une des deux turbines de la centrale avait été
mise à l’arrêt dans la matinée de dimanche et que la seconde
serait arrêtée dans l’après-midi. « Il n’y a plus de
carburant qui arrive et nous n’avons pas de réserves »,
a-t-il expliqué, estimant à un million le nombre d’habitants
qui sont affectés par la fermeture totale de la centrale.
L’Union Européenne (UE), qui finance l’approvisionnement en
carburant de la centrale, a confirmé que l’une des turbines
était à l’arrêt et que l’installation fonctionnait désormais
à 50 % de sa capacité. Elle a précisé que le dernier
approvisionnement en carburant financé par l’UE avait été
effectué jeudi et qu’aucune livraison n’avait été autorisée
dimanche.
Selon les chiffres palestiniens et israéliens, la bande de
Gaza consomme 200 mégawatts, dont 120 sont directement
fournis par l’Etat juif, 17 proviennent d’Egypte et 65 sont
produits par la centrale locale.
« Cela va avoir un impact important sur la vie quotidienne
de centaines de milliers de personnes à Gaza », a déclaré M.
Gunness. Les coupures de courant sont devenues fréquentes
dans la bande côtière, déclarée « entité hostile » en
septembre par le gouvernement israélien après la prise de
contrôle du territoire en juin par le Hamas.
Soulignant la gravité de la situation, le secrétaire général
adjoint de l’Onu aux Affaires humanitaires, John Holmes,
s’est élevé vendredi contre une « punition collective » des
Gazaouis. « Nous comprenons tous les problèmes de sécurité
et la nécessité d’y réagir, mais une punition collective
visant la population de Gaza n’est pas, à notre avis, la
manière appropriée de le faire », a-t-il dit.
De son côté, le rapporteur spécial de l’Onu pour les droits
de l’homme dans les territoires occupés, John Dugard, a
dénoncé samedi les crimes de guerre « lâches » commis par
Israël dans la bande de Gaza lors des raids de la semaine
écoulée. Dans un communiqué diffusé par le Haut-Commissariat
des Nations-Unies pour les droits de l’homme à Genève,
l’expert indépendant a accusé Israël de recourir à un
châtiment collectif et de ne pas distinguer entre cibles
militaires et civiles. « Les responsables d’actes aussi
lâches se rendent coupables de graves crimes de guerre et
doivent être poursuivis et sanctionnés », a estimé M. Dugard,
estimant que l’intervention militaire israélienne a fait
près de 40 morts dans les rangs palestiniens durant la
semaine. Le rapporteur a particulièrement condamné le tir
des missiles contre un bâtiment administratif à proximité
d’une cérémonie de mariage, estimant que l’armée israélienne
ne pouvait ignorer le risque de pertes humaines parmi les
civils. M. Dugard a estimé que les Etats-Unis et les autres
pays engagés dans le processus de paix d’Annapolis avaient «
une obligation à la fois légale et morale » de forcer Israël
à mettre fin à son intervention.
Outre le problème d’électricité, l’armée israélienne a
capturé samedi quatre activistes du Hamas à l’issue d’un
échange de tirs dans la bande de Gaza, ont rapporté Tsahal
et les Brigades Ezzedine Al-Qassam, bras armé du Hamas. Les
quatre hommes ont été emmenés en Israël pour y être
interrogés avec plusieurs autres suspects. Depuis le début
de la semaine, les forces israéliennes ont tué 35
Palestiniens dans la bande de Gaza dans le cadre
d’opérations destinées à mettre fin aux tirs de roquettes
artisanales sur Israël.
Le gouvernement palestinien du président Mahmoud Abbass a
condamné les opérations israéliennes en les qualifiant de «
gifle » infligée à George Bush, qui espère un traité de paix
israélo-palestinien avant la fin de son mandat en janvier
2009.
Négociations en péril
Tout le monde s’attendait à ce que la tournée du président
américain dans la région ne mène à rien. Pourtant, personne
ne croyait qu’Israël serait aussi rapide dans sa
détermination à tuer dans l’œuf les négociations entamées
avec les Palestiniens sur les questions de fond. Incursions,
raids, arrestations, coupure d’électricité, blocage et
fermeture de passages, Israël attaque sur tous les fronts.
Objectif affiché : venir à bout des activistes du Hamas et
arrêter les tirs de roquettes. Mais à force de frapper
durement, il semble loin d’atteindre son objectif, le Hamas
devenant plus déterminé à poursuivre sa résistance. Plus
important encore, Israël torpille la relance du processus de
paix, déjà lettre morte. Le résultat qui émane des
agissements israéliens est loin de laisser espérer une
quelconque décrispation. Israël porte le Hamas responsable
de cette situation et rejette toutes les pressions
internationales, surtout celles de la Ligue arabe dont les
délégués permanents ont tenu une réunion lundi pour dénoncer
les crimes israéliens. Les Palestiniens, eux, menacent
d’avoir recours à l’Onu pour mettre fin au bouclage de la
bande de Gaza où la situation humanitaire n’est pas
enviable.
Bref, Ehud Olmert a déclaré la « guerre » aux activistes
mais n’a fait aucune allusion à une éventuelle opération de
grande envergure dans la bande de Gaza, que tout le monde
s’accorde à considérer comme risquée. Olmert s’est dit prêt
« sans aucune hésitation » à poursuivre les négociations de
paix. Mais dans cette atmosphère assez tendue, la question
qui mérite d’être posée est la suivante : de quelle paix
parle M. Olmert ?
Rania
Adel