Al-Ahram Hebdo, Afrique | Montée des périls
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  Semaine du 16 au 22 janvier 2008, numéro 697

 

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Afrique

Kenya. L’ex-secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, tente une nouvelle médiation, au moment où le président et l’opposition campent sur leurs positions.

Montée des périls

Les leaders kényans sont sous fortes pressions internationales pour les amener à sortir de la crise majeure dont souffre le pays depuis l’annonce contestée, le 30 décembre, de la victoire du chef de l’Etat sortant, Mwai Kibaki, à l’élection présidentielle. Ces pressions se sont intensifiées après l’échec jeudi dernier d’une médiation dirigée par le chef d’Etat ghanéen et président de l’Union Africaine (UA), John Kufuor, et au lendemain de l’appel de l’opposition à des manifestations nationales — immédiatement interdites par la police — pour protester contre la réélection controversée du président, les 16, 17 et 18 janvier.

Rien ne semble désormais pouvoir arrêter la détérioration de la situation qu’un succès de la médiation, qui débute ce mardi, de l’ex-secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, qui a appelé « tous les dirigeants kényans (...) à s’abstenir de toutes mesures ou actions susceptibles de compromettre la recherche d’une solution à l’amiable ». Il a engagé le gouvernement et l’opposition à coopérer avec son équipe, qui comprend Graça Machel, veuve de l’ancien président mozambicain, Samoral Machel, et épouse de l’ex-président sud-africain Nelson Mandela, et Ben Mkapa, ancien chef de l’Etat tanzanien. Mais lundi, le camp présidentiel a donné le ton sur les chances de réussite de cette médiation. « Si Kofi Annan vient, il ne vient pas à notre invitation », a affirmé le ministre kényan des Routes et des Travaux publics, John Michuki. « Nous avons gagné les élections, donc nous ne voyons pas l’objet de la venue de quiconque pour une médiation sur un partage du pouvoir ». Le gouvernement kényan juge inutile depuis le début de la crise un recours à une médiation internationale, tout en se disant prêt à accueillir toute personnalité favorisant un dialogue dans le pays.

Jusqu’à présent, les interventions de plusieurs présidents et ex-présidents africains, de la secrétaire d’Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Jendayi Frazer, ainsi que du prix Nobel de paix et archevêque sud-africain, Desmond Tutu, n’ont pas permis de débloquer la situation, chaque partie campant sur sa position. Alors que le chef de l’opposition du Mouvement démocratique orange (ODM), Raila Odinga — qui accuse M. Kibaki d’avoir fraudé afin de lui voler la victoire à la présidentielle lors d’un scrutin entaché d’irrégularités — réclame l’organisation d’un nouveau scrutin, M. Kibaki a dit envisager une coalition de large ouverture intégrant l’opposition. Semblant inflexible, le président réélu a nommé la semaine dernière un gouvernement partiel, immédiatement rejeté par Raila Odinga. Des groupes représentatifs de la société civile ont également dénoncé l’aggravation de la situation provoquée, selon eux, par la formation d’un gouvernement partiel qu’ils considèrent comme un pas de plus dans la politique du « fait accompli » de M. Kibaki depuis sa réélection contestée du 27 décembre dernier. Des diplomates en poste au Kenya ont aussi accueilli très froidement cette annonce de M. Kibaki, jugeant qu’elle portait atteinte aux efforts internationaux pour un compromis négocié.

Mais des analystes estiment que cette politique du fait accompli semble payer. Ils jugent qu’Odinga est en perte de vitesse, Kibaki ayant renforcé sa position ces derniers jours en nommant la moitié du gouvernement, en veillant au fonctionnement de l’Etat et en rappelant le Parlement. Celui-ci doit tenir sa séance inaugurale ce mardi 15 janvier, ce qui pourrait être source de nouvelles tensions, car le parti d’Odinga y a obtenu 99 sièges sur 222, contre 43 au Parti de l’unité nationale (PNU) de Kibaki. Contrairement à la présidentielle, truffée d’irrégularités selon les observateurs internationaux, les élections législatives qui se tenaient le même jour ont été jugées globalement satisfaisantes.

Le chef de l’Etat devra donc tenter de faire adopter des lois face à près d’une moitié des élus qui considèrent son gouvernement comme illégitime. « Ce sera un champ de bataille où tous les moyens seront employés », prédit le politologue Mutakha Kangu. « Il y a beaucoup de colère, c’est cela qui commande tout. C’est très préoccupant pour les Kényans ». Faiblement représenté, le PNU devra s’appuyer sur les petites formations pour tenter de gouverner. Kangu s’attend à une inflation de pots-de-vin, étant donné la hauteur des enjeux. Les parlementaires kényans ont une très médiocre réputation aux yeux de l’opinion publique, qui les voit dans leur majorité comme des paresseux avides d’argent. Après les élections de 2003, la première décision des élus fut de quadrupler leurs salaires. Ensuite, le quorum requis de 30 députés sur 222 fut rarement atteint, sinon lors des débats sur leurs propres émoluments. La sanction est venue des urnes, où beaucoup d’anciens députés ont perdu leur siège le 27 décembre. Vingt ministres de Kibaki, ainsi que son vice-président, n’ont pas été élus.

La persistance du blocage malgré les pressions de la communauté internationale et de la société civile fait payer aux civils le prix lourd de la crise : Quelque 500 000 Kényans auront besoin d’une assistance humanitaire dans les prochaines semaines, ont annoncé vendredi les Nations-Unies à Genève. Le bureau de l’Onu pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) estime que 255 000 personnes ont été déplacées par les violences — dont certaines se sont même réfugiées à l’étranger —, ce qui aggrave les risques de malnutrition. « La malnutrition empirera rapidement si l’insécurité et le manque d’accès à la nourriture et à l’assistance persistent », a déclaré la porte-parole de cette organisation onusienne, Elisabeth Byrs, en évoquant également la destruction de fermes agricoles et de résidences familiales. L’Ocha a précisé que sept millions de dollars avaient été dégagés par le Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) pour venir en aide aux agences de l’Onu et aux ONG travaillant au Kenya et qu’un nouvel appel de fonds sera lancé la semaine prochaine. Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), la situation sécuritaire s’est améliorée au Kenya après les premières vagues de violences et le ravitaillement par camions est maintenant possible. Cependant, la situation reste « très, très, très volatile », a ajouté la porte-parole du Pam, Christiane Berthiaume.

Selon un dernier bilan fourni par un haut responsable de la police qui a requis l’anonymat, plus de 700 personnes ont été tuées dans la répression policière d’émeutes et lors de violences interethniques qui ont suivi l’annonce le 30 décembre de la réélection, rejetée par l’opposition, du président Mwai Kibaki.

Hicham Mourad

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