Aides militaires.
L’Etat hébreu est le principal bénéficiaire des assistances
militaires américaines, Washington voulant assurer sa
suprématie face à tous les pays arabes réunis.
Un gendarme armé jusqu’aux dents
Israël
reste toujours l’enfant gâté de Washington. C’est une
réalité que personne ne peut nier. L’Etat hébreu s’est
taillé la part du lion dans les assistances militaires
que Washington vient d’annoncer récemment : 30 milliards de
dollars sur dix ans, soit une augmentation de 25 %. On passe
de 2,4 milliards à 3 milliards par an. C’est une assistance
militaire de taille qui vient ainsi d’être attribuée à
Israël, alors que ce pays est considéré comme le plus
avancé de la région dans tous les domaines d’armement. Rien
d’étonnant si l’on songe. On est témoin d’un soutien
permanent américain à Israël dans les forums internationaux,
faisant rejeter les résolutions condamnant Israël aux
Nations-Unies. On observe aussi l’attribution des plus
grandes aides financières, le tout justifié par des
prétextes et arguments. Mais quand il s’agit d’assistance
militaire, le monde arabe ne peut que se poser des questions
: ces armes sont destinées à combattre les Arabes, les
Palestiniens notamment. La preuve en est ces hélicoptères de
combat Apache et Blackhawk et ces chars Merkava qui sont
utilisés quotidiennement pour tirer sur des civils
palestiniens ou qui ont servi contre les Libanais l’été
dernier. Tous font partie de l’arsenal fourni à Israël grâce
à l’aide des Etats-Unis.
Aujourd’hui, les Américains et les Israéliens prétendent que
la situation dans la région est encore plus trouble
qu’avant. En conséquence, les aides militaires doivent
augmenter, elles aussi plus qu’avant. Selon eux, cette
augmentation se justifie du fait qu’« Israël fait face à une
menace sur son existence et doit être capable de se défendre
par lui-même ». Ce n’est qu’un grand mythe. Le fait de
considérer Israël comme un éternel agressé n’est
qu’une falsification de la réalité. N’est-ce pas lui qui
occupe les territoires palestiniens et arabes ? Mais
Washington ne trouve pas de honte à déclarer solennellement
à chaque fois qu’il attribue des aides militaires à l’Etat
hébreu son « engagement à assurer la suprématie
militaire et technologique d’Israël ». C’est une phrase qui
a été à maintes fois répétée par les Administrations
américaines différentes. Le premier ministre israélien, Ehud
Olmert, a d’ailleurs souligné que le président George W.
Bush lui avait donné des assurances concernant le maintien «
de l’avantage qualitatif » entre Israël et les pays arabes
de la région.
La diplomatie américaine a toujours été fondée sur
l’engagement américain d’assurer le droit d’Israël à
l’existence dans des frontières sûres et reconnues et qu’un
Israël fort est une condition sine qua non pour
l’instauration de la paix dans la région. Commençant par
Johnson, à la fin des années 1960 jusqu’à George Bush, dont
l’époque marque un record dans l’assistance militaire pour
Israël. Pour Mamdouh Attiya, expert militaire, « c’est tout
à fait curieux que parmi les fondements de la
stratégie d’un pays se trouve la sécurité d’un autre ». Une
sécurité assurée par tous les moyens. Selon Mohamad
Abdel-Salam, analyste militaire au Centre d’Etudes
Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, Washington
vise actuellement à reconstituer l’arsenal militaire
israélien mis à mal par la dernière guerre du Liban.
Conserver toujours l’arsenal israélien a toujours été la
politique américaine. En 1974, après la guerre d’Octobre
1973, les Etats-Unis ont aussi augmenté leur aide militaire
d’un taux considérable, un record. Et l’on n’oubliera jamais
ce pont aérien ouvert durant la guerre pour fournir
des armes à Israël.
Au détriment de la loi
Alors, pour assurer la suprématie militaire d’Israël,
celui-ci est devenu le principal bénéficiaire des
aides américaines dont les deux tiers s’orientent vers le
secteur militaire.
C’est une aide inconditionnelle qui échappe même à la loi
américaine. En effet, il existe la loi sur le contrôle des
exportations des armes (AECA), qui cite que le gouvernement
ne devrait pas donner d’aide militaire à un pays qui viole
des lois internationales ou des droits de l’homme. Celles-ci
sont transgressées en permanence par Israël.
En 2001, un rapport du département d’Etat sur les droits de
l’homme indique : « Les unités de sécurité israéliennes ont
souvent employé la force excessive contre les manifestants
palestiniens, dont des tirs à balles réelles au cours de la
deuxième Intifada, tout particulièrement d’hélicoptères
Apache et Cobra, ainsi que de chasseurs-bombardiers F-16
pour des opérations allant de l’exécution sommaire de
dirigeants palestiniens à la destruction de locaux
administratifs de l’Autorité palestinienne ». Le pire encore
dans cette affaire c’est qu’Israël a maintes fois utilisé
des armes expérimentales dans les territoires palestiniens .
Outre les aides militaires, il y a plusieurs formes de
coopération militaire entre les deux pays. La facilité de
l’accès à la technologie américaine la plus sophistiquée et
la moins partagée, les F-16 fournis en abondance par les
Etats-Unis et pour lesquels Israël est le premier client
mondial. Le Jéricho 2 qui peut atteindre tous les pays de la
région, jusqu’à l’Iran. Des manœuvres communes, des centres
de recherches, des échanges de renseignements et
d’informations militaires sont d’autre figures de cette
coopération.
Bénéficiant largement de l’assistance et de la coopération
américaine, l’industrie de défense israélienne se situe au
5e rang mondial. Et là, les subventions ne manquent pas :
par exemple, 625 millions de dollars pour développer et
déployer le missile antimissile Arrow, 1,3 milliard pour la
mise au point de l’avion Lavi, 200 millions pour construire
le char d’assaut Merkava et 130 millions de dollars pour
réaliser un système laser antimissile. Ce qui pose la
question de savoir quelle est l’intention réelle des
Etats-Unis derrière le versement de tous ces milliards
de dollars dans la technologie militaire israélienne,
laquelle se trouve en compétition directe avec celle des
Américains.
Pour Mamdouh Attiya, l’objectif est vu sur trois échelles. «
Le proche ou l’urgent, c’est de sauvegarder la sécurité
d’Israël. A moyen terme c’est la prévention contre tout
danger qui pourrait venir du côté de l’Iran ». A plus long
terme, c’est de former un énorme stock d’armes. « Avec
l’approche de leur retrait de l’Iraq, les Etats-Unis
risquent de perdre leur présence directe dans la région.
Alors à côté de quelques bases militaires dans certains pays
du Golfe, Israël devient un pilier important dans la région,
comme un entrepôt d’armes à servir dans les cas d’urgence
pour Washington », conclut Attiya.
Aliaa
Al-Korachi