Afghanistan.
Confronté à l’épineuse crise des otages sud-coréens et à
l’opposition des Talibans, le président
Karzaï est allé aux Etats-Unis demander l’aide de son
puissant allié américain.
Karzaï
en quête de solutions
La détérioration de la situation en Afghanistan, le sort des
21 otages sud-coréens aux mains des Talibans, l’augmentation
des victimes civiles dans le pays, le développement
économique du pays, l’opposition des Talibans et le trafic
de drogue. Tels étaient les principaux dossiers débattus
lors de la rencontre du président américain George W. Bush
et de son homologue afghan, Hamid
Karzaï, lors de la visite de ce
dernier aux Etats-Unis dimanche et lundi derniers.
En tête de liste des sujets discutés figurait l’épineux
dossier iranien. Le gouvernement afghan estime que l’Iran «
a été une aide et une solution. Nous avons des relations
très très bonnes, très
très étroites avec l’Iran, qui a
été un soutien pour l’Afghanistan, dans notre processus de
paix et dans la lutte contre le terrorisme et contre le
trafic de drogue », a insisté Karzaï.
Ces déclarations sont diamétralement opposées à la ligne
adoptée par le gouvernement américain, qui a toujours accusé
Téhéran de financer le terrorisme, d’armer les insurgés en
Iraq et en Afghanistan et de chercher à fabriquer la bombe
atomique. « L’Iran joue sur les deux tableaux dans les rues
d’Afghanistan. Je pense qu’ils agissent pour aider le
gouvernement afghan. Je pense qu’ils agissent pour aider les
Talibans, y compris en fournissant des armes », a ainsi
déclaré le ministre américain de la Défense, Robert Gates.
Le dossier iranien ne constitue pas l’unique sujet de
controverse discuté lors de la rencontre. D’autres aussi
importants sont la sécurité et la résurgence
talibane qui embrase le pays.
Six ans après l’intervention américaine en Afghanistan, la
sécurité demeure toujours fragile à
cause des « étudiants en théologie » qui contrôlent
toujours une bonne partie du pays à cause de l’impuissance
des forces de coalition à freiner leur montée. Aussi, le
président afghan a-t-il rappelé à son homologue que, depuis
le début de cette année, plus de 600 civils ont été tués
dans les violences, dont environ la moitié ont été victimes
de « dommages collatéraux » des forces internationales, des
drames qui rendent les forces occidentales de plus en plus
impopulaires et érodent la crédibilité de M.
Karzaï.
Production record
Abordant le dossier de la drogue qui ne cesse d’empirer dans
le pays, les deux chefs ont discuté de la nouvelle
production record attendue cette année dans les régions du
sud de l’Afghanistan, contrôlées par les Talibans qui
financent une partie de leur activité avec ce trafic. L’an
passé, Hamid
Karzaï avait rejeté un projet
américain qui prévoyait de répandre des herbicides sur les
champs de pavot, une mesure néfaste pour le bétail, les
autres cultures et l’eau potable. « Les liens entre la
rébellion des Talibans et l’industrie de la drogue sont de
plus en plus troublants », pointait pourtant un récent
rapport du département d’Etat.
Enfin, les deux présidents ont consacré aussi une part
importante de leurs discussions à la crise des otages
sud-coréens actuellement bloquée. Les Talibans retiennent en
otage 21 travailleurs humanitaires sud-coréens, depuis le 19
juillet. Ils ont déjà tué deux autres membres du groupe et
exigent la libération de prisonniers afghans en échange de
celle des otages. Mais Kaboul, très critiqué par Washington
pour avoir accepté un tel échange de prisonniers en mars
dernier, refuse désormais par principe de céder aux demandes
des preneurs d’otages.
« Nous allons tout essayer pour qu’ils soient libérés en
toute sécurité », a déclaré M. Karzaï,
tout en précisant que son gouvernement refuserait toute
concession susceptible d’encourager d’autres prises d’otages
à l’avenir. En effet, les Talibans ont menacé dimanche
dernier de tuer « à tout moment » d’autres otages
sud-coréens, tout en se disant prêts à rencontrer des
négociateurs sud-coréens pour tenter de parvenir à un
accord. « Au cours des deux derniers jours, nous n’avons eu
aucun contact avec les Coréens ou le gouvernement de Kaboul
», a déclaré le porte-parole des Talibans, Youssouf
Ahmadi. « Aussi est-il
inévitable de tuer des otages, et comme nous n’avons fixé
aucun ultimatum, ils peuvent être tués à n’importe quel
moment, à tout moment », a-t-il ajouté .
Maha
Salem