Al-Ahram Hebdo,Monde | Musharraf dans la tempête
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 Semaine du 8 au 14 août, numéro 674

 

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Pakistan. Violences, menaces d’Al-Qaëda, bras de fer avec les islamistes et enfin relations perturbées avec les Etats-Unis ... Le président Musharraf est confronté à toute une série de défis à l’approche des élections présidentielles.

Musharraf dans la tempête

L’assaut de l’armée contre la Mosquée rouge, les 9 et 10 juillet, était de très mauvaise augure pour le président Musharraf et pour son régime. Depuis, le pays est en proie à une escalade de la violence qui a fait plus de 230 morts à cause d’une série d’attentats suicide quasi quotidiens commis par les islamistes pour venger leurs confrères massacrés dans la mosquée. Cette semaine encore, neuf personnes ont été tuées et une trentaine d’autres blessées, lors d’un attentat suicide commis samedi dernier dans le nord du pays, tandis qu’une attaque contre un poste de contrôle a fait 14 morts, dont 4 militaires, ont annoncé des responsables de la sécurité. Le même jour, l’armée a annoncé avoir tué 4 combattants fondamentalistes musulmans dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, près de la frontière afghane, où les affrontements sporadiques se multiplient ces derniers temps entre militaires et islamistes.

Outre cette vague d’attentats qui ébranlent les fondements du régime de Musharraf, le président vient de recevoir un nouveau coup dur avec la remise en liberté, cette semaine, d’un membre important du parti d’opposition de l’ancien premier ministre Nawaz Sharif, renversé en 1999 par Musharraf, et qui avait été condamné à la prison, en 2004, pour trahison. M. Hashmi, l’un des vice-présidents de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz, avait été condamné à 23 ans de prison pour avoir rendu publique une lettre critiquant le général Musharraf et dont il assurait qu’elle avait été écrite par des officiers supérieurs de l’armée. Il s’agit du premier jugement d’importance émanant de la Cour suprême depuis que cette juridiction a rétabli dans ses fonctions, le 20 juillet, son président, le juge Iftikhar Mohammed Chaudhry, suspendu en mars par le chef de l’Etat qui l’accusait notamment de corruption. « Une décision plutôt politique que juridique car en effet, la libération de M. Hashmi, l’un des plus fervents opposants au président Musharraf, à quelques mois des présidentielles prévues fin 2007 ou début 2008, rend de plus en plus difficile la réélection de ce dernier à la tête du pays », estime Mohamad Fayez Farahat, spécialiste du dossier pakistanais.

Un coup de plus. Dimanche, les leaders d’Al-Qaëda, qui ont menacé d’attaquer avec virulence partout dans le monde et en particulier les ambassades et consulats occidentaux, ont exhorté les Pakistanais à renverser le régime du président pour venger la mort du religieux extrémiste Abdul Rachid Ghazi dans l’assaut de la mosquée.

 

Relations envenimées

Comme si tous ces défis ne suffisaient pas, cette semaine, Musharraf a vu ses relations avec ses alliés américains perturbées suite aux déclarations de plusieurs candidats à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2008, qui n’ont pas exclu d’ordonner des frappes contre Al-Qaëda sur le sol pakistanais. Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts (nord-est), et Rudolph Giuliani, ancien maire de New York, ont estimé, dimanche, que les Etats-Unis pourraient être amenés à intervenir dans les zones tribales du nord du Pakistan, où les services de renseignements américains estiment qu’Al-Qaëda a trouvé refuge. Deux jours avant, le candidat à l’investiture démocrate, Barack Obama, a déclaré être prêt, s’il est élu président, à bombarder le Pakistan pour liquider Al-Qaëda, sans attendre la permission de Musharraf. « Soyons clairs : il y a, terrés dans ces montagnes du nord-ouest du Pakistan, des terroristes qui ont tué 3 000 Américains », a déclaré l’aspirant démocrate à la Maison Blanche.

Cette intention américaine de frapper le Pakistan — dévoilée si audacieusement — a fort envenimé les relations entre les deux pays cette semaine. Pour Islamabad, les Américains ont dépassé ainsi toutes les lignes rouges. Furieux, le premier ministre pakistanais, Shaukat Aziz, a décidé, vendredi, que le Pakistan, en tant qu’Etat souverain, n’autoriserait jamais à des troupes étrangères d’intervenir dans son pays. « Ce sont des propos très irresponsables. Le Pakistan est un Etat souverain et il ne permettra à personne d’envoyer des troupes sur son territoire », a déclaré le premier ministre. Selon certains experts, les leaders d’Al-Qaëda ont trouvé refuge dans les montagnes du nord-ouest du Pakistan, dans la région appelée « la zone des tribus ». Le Pakistan y a déployé 80 000 soldats ayant pour mission d’anéantir les terroristes. Cependant, les Etats-Unis jugent toujours ces efforts insuffisants.

« En effet, Musharraf a fini par sentir que Washington n’est jamais satisfait malgré tous les efforts qu’il déploie, et lui, il ne peut pas faire plus car plus il resserre l’étau autour des islamistes, plus il s’attire leur inimitié. Aussi, Musharraf a-t-il commencé à revoir sa politique avec Washington, osant pour la première fois mettre l’accent sur la différence de points de vue des deux pays dans la lutte contre le terrorisme. Là, Musharraf est sûr que, quoi qu’il fasse, les Etats-Unis ne pourraient jamais se passer de lui car le général est une carte à ne pas brûler pour Washington : il a beaucoup fait pour lutter contre le terrorisme, et il contrôle fermement l’armée. C’est pourquoi, les Etats-Unis vont penser mille et une fois avant de frapper le Pakistan pour ne pas faire chuter un régime qui sert leurs intérêts », analyse Mohamad Fayez Farahat.

Selon les experts, un autre facteur a attisé la colère d’Islamabad contre Washington cette semaine, à savoir la conclusion d’un accord nucléaire, la semaine dernière, entre l’Inde et les Etats-Unis.Cet accord a suscité l’inquiétude du Pakistan qui voit sa rivale le dépasser de loin en matière nucléaire. Vendredi, un communiqué de l’armée pakistanaise a critiqué l’attitude américaine. « Cet accord indo-américain dans le domaine du nucléaire inquiète le Pakistan, qui voit sa rivale acquérir une technologie nucléaire très avancée quantitativement et qualitativement grâce au soutien américain, ce qui affaiblit le Pakistan dans la région. Mais, en effet, ce soutien américain à l’Inde ne vise pas à affaiblir le Pakistan mais plutôt à contrer l’hégémonie de la Chine dans la région d’Asie du Sud », estime M. Farahat.

Selon les experts, le président est confronté à toute une série de défis qu’il doit relever avant les présidentielles : vague de violences, menaces d’Al-Qaëda, relations perturbées avec les Etats-Unis. L’unique bouée de sauvetage réside donc dans son alliance avec l’opposition, avec laquelle il a tant refusé de négocier. Déjà, l’ancien premier ministre Benazir Bhutto, qui a rencontré la semaine dernière à Abou-Dhabi le président pakistanais pour des négociations sur un partage du pouvoir, a affirmé, cette semaine, qu’elle rentrerait cette année au Pakistan pour participer aux élections présidentielle et législatives afin de sauver un pays en ébullition.

Maha Al-Cherbini

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