Diplomatie. Le président Moubarak se rend ce mercredi à Paris. Le projet d’Union méditerranéenne lancé par le président français Nicolas Sarkozy et l’établissement d’un Etat palestinien seront au menu des entretiens.

Pour une Méditerranée espace conjoint

Le sommet Moubarak-Sarkozy qui doit se tenir le jeudi 2 août à Paris est le premier depuis l’élection du président français en mai dernier. Une réunion considérée comme importante, puisque le chef de l’Etat sera le premier dirigeant arabe à être reçu à l’Elysée après l’accession de Sarkozy à la présidence. Pour préparer cette visite, Bernard Kouchner, chef de la diplomatie française, s’est rendu dimanche au Caire pour lancer le projet français d’Union méditerranéenne et discuter des problèmes palestiniens, libanais et soudanais. « La visite du président Moubarak le 1er août à Paris est pour évoquer le projet d’Union méditerranéenne. Ce projet ne doit pas rester français. Il faut qu’on se l’approprie des deux côtés de la Méditerranée », avait déclaré, dans un premier temps, Nicolas Sarkozy. Ce projet vise à faire de la Méditerranée un lac de paix et de sécurité. Il consiste à établir une union de coopération entre les pays du nord et du sud de la Méditerranée dans les domaines commerciaux, sécuritaires, écologiques et culturels. « Pour l’Egypte, ce projet qui doit voir le jour en 2008, reste ambigu. Le chef de l’Etat doit écouter son homologue français en ce qui concerne les grandes lignes de ce projet, notamment en matière de coopération sécuritaire et en ce qui concerne la paix », a déclaré une source diplomatique qui a requis l’anonymat.

Le projet d’Union méditerranéenne ne sera pas le seul sujet en discussion à Paris. La paix dans la région figurera en bonne place dans l’agenda présidentiel à Paris. « Le président Moubarak doit écouter son homologue français et connaître ses idées sur la paix dans la région », assure la source diplomatique. Et d’ajouter qu’à l’époque de l’ex-président français, Jacques Chirac, la politique étrangère de la France était rassurante pour l’Egypte. L’arrivée de Nicolas Sarkozy parfois qualifié de pro-israélien a quelque peu alimenté les craintes en Egypte. « L’Egypte sait malgré tout que la politique française vis-à-vis de la paix dans la région ne changera pas sous Sarkozy, mais Le Caire doit connaître toutes les idées du nouveau président français concernant des problèmes sensibles tels l’établissement de l’Etat palestinien et la crise de Darfour », ajoute la source. En fait, cette visite du président Moubarak à Paris fait suite à une intense activité diplomatique. Le Caire a engagé cette semaine des discussions avec plusieurs responsables arabes, israéliens et américains. C’est dans ce contexte que le président Moubarak a rencontré la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, et le secrétaire à la défense, Robert Gates. D’autre part, le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmad Aboul-Gheit, a rencontré les ministres des Affaires étrangères, israélien, jordanien, français et les 6 ministres des pays du Golfe. « L’Egypte a senti qu’Israël était prêt à admettre l’idée de l’Etat palestinien. Le Caire veut accélérer une reprise des négociations et réaliser cette étape le plus tôt possible afin de régler le problème du statut final », déclare la source diplomatique. Et d’ajouter que l’idée de l’Egypte est de mobiliser les Américains, les Européens et les pays du Golfe (avec lesquels Israël souhaite normaliser les relations) et leur faire parvenir le point de vue israélien admettant l’établissement d’un Etat palestinien. Ainsi, l’Egypte sent-elle qu’une occasion est fournie pour relancer la paix et rapprocher les points de vue. Et c’est là l’un des objectifs de la visite présidentielle à Paris .

Chérif Ahmed