Le ministre égyptien des Affaires étrangères,
Ahmad Aboul-Gheit,
évoque l’accord sur le plan d’action de la politique
de voisinage signé la semaine dernière à Bruxelles avec
l’Union européenne.
«
L’accord avec l’Europe ouvrira de nouvelles perspectives à
l’Egypte »
Propos recueillis par
Aïcha Abdel-Ghaffar
Al-Ahram
Hebdo : Qu’apportera l’accord sur le plan d’action de la
politique de voisinage conclu la semaine dernière entre
l’Egypte et l’Union Européenne (UE) ?
Ahmad Aboul-Gheit :
Le plan d’action représente une valeur en plus pour l’Egypte
dans le cadre des points suivants : Il lance un message
positif à toute la communauté internationale assurant la
volonté de l’Egypte de poursuivre ses efforts concernant les
réformes et le développement de la société égyptienne.
Ensuite, il s’agit de l’approfondissement des voies du
dialogue politique avec l’Europe en vue de renforcer le rôle
majeur de l’Egypte sur le plan régional, surtout en ce qui
concerne les efforts visant à un règlement juste, total et
permanent du conflit arabo-israélien. D’un autre côté, le
plan d’action offre des chances de consolider les capacités
de nos institutions nationales dans les domaines de la
participation politique ainsi que l’administration de la
justice, la protection de droits de l’homme et des libertés
fondamentales, selon nos priorités, nos législations
nationales et notre identité culturelle.
J’ajoute que cet accord aura pour effet d’augmenter
l’efficacité de notre économie et ses différents secteurs,
ainsi que le développement de ses capacités concurrentielles
afin d’accélérer son intégration dans l’économie mondiale
dans le cadre de la mondialisation et d’un autre côté
consolider le développement et le climat économiques, afin
d’augmenter les investissements étrangers directs et créer
des offres d’emploi. Tout cela contribue à ouvrir les portes
à l’entrée des marchandises et des services égyptiens dans
les marchés mondiaux et européens. L’accord offrira aussi
des opportunités à la liberté de déplacement des capitaux,
des services, des marchandises et des personnes, notamment
les travailleurs égyptiens dans les pays membres de l’Union
européenne.
L’accord donnera l’occasion à l’Egypte de profiter de
l’assistance technique et de l’expertise européenne dans le
développement des capacités et des ressources humaines et de
transférer la technologie. Tout cela contribue à promouvoir
la performance dans tous les secteurs.
Enfin, l’Egypte profitera du développement des secteurs de
la santé et de l’éducation comme priorités nationales, ainsi
que des capacités offertes par la politique de voisinage
européenne dans le domaine de la recherche et du
développement technologique. L’accord prévoit l’augmentation
de l’assistance financière afin de contribuer à l’exécution
des éléments du plan d’action ainsi que le programme du
gouvernement égyptien dans les domaines de la réforme et du
développement.
— Ce plan d’action est-il donc satisfaisant pour l’Egypte et
répond à ses priorités ?
— Le plan d’action égyptien est le résultat d’une longue
opération nationale gigantesque orchestrée par le ministère
des Affaires étrangères et à laquelle ont participé tous les
ministères égyptiens. Tout ce travail a abouti aux priorités
spécifiques de coopération avec l’Union européenne dans les
différents domaines politique, sécuritaire, économique,
social et culturel. Ce travail reflète nos priorités qui ont
pour but d’appliquer le développement total de l’Egypte dans
les différents domaines.
— Quelle est la différence entre le plan d’action de la
politique de voisinage et les accords d’association conclus
avec les partenaires de l’Europe, dont les pays
méditerranéens ?
— La politique de voisinage européenne a été lancée en 2004
à l’occasion de l’élargissement de l’Union européenne et
l’adhésion de 10 pays du Centre et de l’Est de l’Europe.
L’Egypte a démontré un intérêt particulier à cette politique
et a décidé avec l’Union européenne en 2005 de commencer les
négociations concernant le plan d’action conjoint dans le
cadre de l’initiative de l’UE, nommée la politique
européenne de voisinage et qui trace un nouveau contexte des
relations de l’Union européenne avec ses voisins qui ont
signé des accords d’association, que ce soit avec les pays
de l’Est de l’Europe ou du Sud de la Méditerranée en
fonction de l’élargissement des membres de l’UE en 2004.
L’Union, en fonction de cette politique, vise à instaurer un
espace géographique plus large qui consolide sa place
internationale et réalise ses intérêts et sa sécurité, et
cela à travers une coopération qui aboutit à une
complémentarité plus profonde, basée sur la consolidation
d’une opération de réforme dans les pays du voisinage et qui
a pour but d’instaurer la stabilité politique, et le
développement économique dans les régions à ses frontières.
Cette politique est appliquée à travers des plans d’action,
tel celui conclu la semaine dernière par l’Egypte.
En ce qui concerne ce plan d’action que nous avons signé à
Bruxelles, il prend en considération les circonstances
politiques, économiques et sociales ainsi que l’identité
culturelle et civilisationnelle de l’Egypte. Notre plan
d’action a marqué les priorités de coopération dans les
différents domaines à travers plusieurs axes, le premier
étant le dialogue politique et la coopération dans le
domaine de la consolidation des institutions qui ont pour
but de renforcer la démocratie, la participation politique,
l’administration de la justice et la consolidation des
efforts égyptiens dans le domaine des droits de l’homme et
des libertés fondamentales, conformément aux plans de
réforme, de modernisation nationale, et de coopération dans
le combat contre l’apartheid et la xénophobie, la lutte
contre le terrorisme, ainsi que la coopération dans les
domaines du désarmement et l’interdiction de la
prolifération des armes de destruction massive.
Le deuxième axe est le développement économique et la
réforme afin d’améliorer la stabilité économique,
l’amélioration du secteur privé et le climat des
investissements. Cela sera accompagné par de mesures visant
à améliorer l’enseignement, le développement durable, la
modernisation du secteur de l’agriculture et l’encouragement
de la coopération dans le domaine de la richesse minière.
S’y ajoutent le développement social à travers la réduction
de la pauvreté, de l’analphabétisme et le développement du
programme de modernisation du secteur de la santé, le
commerce à travers la coopération afin de consolider les
capacités d’exportation égyptienne, la poursuite de la
libéralisation du commerce en ce qui concerne les produits
agricoles et les services, et l’amélioration des services
douaniers.
Plusieurs axes ont été déterminés concernant la coopération
dans les secteurs du transport, de l’énergie, de la
recherche scientifique, de la technologie de l’information,
des communications ainsi que l’environnement, la coopération
dans le domaine de la culture, de la jeunesse et des sports
et le dialogue entre les civilisations et la société. Enfin,
la coopération dans le domaine de la lutte contre le crime,
les drogues, le terrorisme.