L’urgence de diversifier nos sources d’énergie
Salama
A. Salama
La
déclaration selon laquelle l’Egypte va entamer un programme
pour la création de stations nucléaires a provoqué une
grande joie. Je ne veux pas jouer les trouble-fêtes, ni
porter atteinte aux festivités entamées sur le papier pour
célébrer l’occasion. Cependant, j’aurais préféré que cette
décision soit prise dans le calme sans tout ce brouhaha,
pour qu’elle ne soit pas explicitée comme une simple
propagande du PND à l’occasion de son neuvième congrès.
Je ne mets pas en doute la capacité de l’Egypte à accomplir
cette réalisation. De nombreux pays nous ont d’ailleurs
devancés dans ce domaine. Ils possédaient la volonté
politique nécessaire et n’ont pas perdu de temps à prouver
leurs bonnes intentions.
Quand nous nous sommes enfin décidés à franchir ce pas, la
scène mondiale avait changé. Les prix ont augmenté et
l’uranium est devenu le monopole de quelques grands pays. Il
est devenu difficile de parvenir aux sources de la
connaissance scientifique et technologique et nous devons
désormais compter sur ce que les expériences étrangères
veulent bien nous accorder. Dans ce domaine, nous devons
reconnaître que les connaissances et les expériences de nos
savants et chercheurs ont 20 ans de retard, depuis
l’accident de Tchernobyl lorsque des milliers de cadres
scientifiques spécialisés ont fui vers l’Occident.
Pour être objectifs et pour ne pas être pris par de faux
espoirs, nous devons écouter les avis des experts
internationaux. Ceux-ci estiment qu’il est préférable pour
un pays comme l’Egypte qui est en retard dans le domaine de
l’énergie nucléaire et avec un coût exorbitant, d’adopter
une politique basée sur la diversification des sources
d’énergie. Elle ne doit pas investir ses capacités limitées
dans la création de stations nucléaires seulement. Notons
que jusqu’à présent le problème le plus simple n’a pas été
tranché, à savoir le différend autour de l’emplacement d’Al-Dabaa.
De plus, la tendance mondiale indique que les stations
nucléaires vont disparaître dans un délai de 40 à 60 ans à
cause de l’épuisement de l’uranium ainsi que de l’expansion
du problème des déchets nucléaires.
Un grand pays industriel comme l’Allemagne a réalisé toute
l’ampleur de ces problèmes. Elle a élaboré un programme à
long terme pour assurer ses besoins en énergie quand elle se
débarrassera de ses stations nucléaires. Elle les a
remplacées par d’autres sources d’énergies renouvelables
comme l’énergie éolienne, l’énergie solaire et l’énergie
hydraulique. L’Allemagne est aujourd’hui à la tête des pays
qui parviennent à se passer graduellement du pétrole, du gaz
naturel et de l’énergie nucléaire dans la production de
l’électricité. Aujourd’hui, 9,5 % de l’électricité est
engendrée en Allemagne grâce aux énergies renouvelables. Ce
chiffre atteindra 45 % en 2020. De plus, ces secteurs de
production de l’énergie ont assuré plus de 170 000 emplois
alors que les stations nucléaires comptent sur un nombre
limité de main-d’œuvre spécialisée.
Dans une récente visite en Allemagne, j’ai été ébloui par un
paysage que je n’oublierai jamais : des champs où ont été
plantés, à perte de vue, des milliers de cadrans solaires
pour l’absorption de l’énergie solaire et sa transformation
en électricité. Ce, dans un pays où les heures d’apparition
du soleil ne peuvent être comparées à un pays comme l’Egypte
qui possède d’immenses superficies de désert inexploitées.
Si nous devons impérativement construire une station
nucléaire pour nous prouver à nous-mêmes que nous sommes
entrés dans l’ère nucléaire — de toute façon je crains que
nous ne soyons obligés de l’acheter toute prête — nous
devons placer dans nos priorités la nécessité d’exploiter
les énergies solaires et éoliennes que nous possédons. Nous
devons diversifier nos sources d’énergie. D’autant plus que
la production de la première station nucléaire en Egypte ne
verra pas le jour avant 15 ou 20 ans.
Et
ce si
nous
commençons aujourd’hui.