Ruine
La
bande de Gaza, où s’entassent 1,5 million de
Palestiniens dans des conditions miséreuses, est l’une
des régions les plus pauvres du monde. Soumise à un
bouclage israélien quasi total depuis la prise du
contrôle par le Hamas en juin, la population y a subi la
semaine dernière de nouvelles sanctions économiques
aggravant la situation.
L’économie de la bande de Gaza est désormais en ruine.
Les importations se limitent aux produits alimentaires,
les exportations sont nulles alors que les pertes se
chiffrent en centaines de millions de dollars, sur fond
de chômage record. Israël et de nombreux pays
occidentaux avaient déjà rompu la plupart de leurs
relations commerciales et financières avec la bande de
Gaza depuis que le Hamas a formé un cabinet à la suite
de sa victoire aux législatives de janvier 2006.
Mais
depuis le bouclage total en juin de la bande de Gaza par
Israël à la suite du coup de force du Hamas, l’ensemble
du secteur privé de la bande de Gaza a saigné à blanc.
Epine dorsale de l’économie, le secteur industriel
compte 3 900 entreprises et 35 000 employés. Plus de 30
000 personnes sont actuellement au chômage et 95 % des
sociétés sont fermées. La production industrielle de
Gaza (meubles, vêtements, nourriture et produits de
construction) est pour les trois quarts destinée à
l’exportation, vers Israël et la Cisjordanie. Mais
depuis le 12 juin, deux jours avant la prise de Gaza par
le Hamas, aucun produit n’a été exporté en raison de la
fermeture du point de passage de Karni, principal point
de passage de marchandises entre la bande de Gaza et
Israël. Selon le Centre palestinien de commerce
(Paltrade), dont les chiffres servent de référence à la
Banque mondiale, le chômage dans le secteur privé
atteint désormais 70 %.
Autre conséquence du bouclage israélien : 95 % des
projets de construction dans la bande de Gaza ont été
interrompus en raison de l’absence de matériaux de
construction. La valeur de ces projets de construction
est estimée à 160 millions de dollars. La saison
d’exportation des fruits et légumes, qui commence à la
mi-novembre, risque de souffrir elle aussi si Karni
reste fermé. L’agriculture de la bande de Gaza, autre
secteur majeur pour l’emploi, pourrait ainsi perdre le
produit destiné à l’exportation de toute une saison,
soit 13 millions de dollars.
Décidées pour punir le mouvement islamiste, c’est
finalement la population de la bande de Gaza qui subit
de plein fouet les répercussions des sanctions
économiques israéliennes. Et en l’absence de toutes
perspectives de solution, les Palestiniens s’attendent
avec fatalisme au pire.