Al-Ahram Hebdo,Monde Arabe | Sensibilités ravivées
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 Semaine du 7 au 13 novembre 2007, numéro 687

 

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Maroc-Espagne. Les relations entre les deux royaumes traversent une zone de turbulence en raison d’une visite controversée du roi Juan Carlos dans les enclaves de Ceuta et Melilla.

Sensibilités ravivées

Avec de nombreux sujets d’intérêts communs mais aussi des mésententes sur des questions délicates d’ordre politico-économique, les relations entre le Maroc et l’Espagne, que quelques kilomètres uniquement séparent connaissent depuis toujours des hauts et des bas. Du fait de cette proximité géographique, de l’existence d’un certain nombre de dossiers importants pour les deux pays, comme l’immigration clandestine, la pêche, la lutte contre le terrorisme ou encore le Sahara occidental, à chaque crise dans leurs relations, le Maroc et l’Espagne ont dû finalement opter pour le dialogue. Or, cette fois-ci, la tension touche une question hautement délicate, celle de Ceuta et Melilla, ces deux enclaves espagnoles de la côte méditerranéenne revendiquées par Rabat. Les relations entre les deux royaumes se sont nettement dégradées en raison de la visite du roi Juan Carlos et de la reine Sofia dans ces deux enclaves, la première depuis l’accession au trône de Juan Carlos en 1975. Au point que le Maroc a rappelé en consultation son ambassadeur en poste à Madrid pour une durée indéterminée, et ce pour protester contre la visite qui a commencé lundi dernier. Outre le rappel de l’ambassadeur, des députés marocains ont décidé d’observer lundi un sit-in devant l’ambassade d’Espagne à Rabat pour protester contre la visite. Bien plus, des manifestations ont été organisées par les ONG face à ce qu’elles ont considéré comme une offense qui leur est faite. Le premier ministre marocain, Abbas Al-Fassi, a dit profondément regretter ce projet, dont il dit avoir entendu pour la première fois parler par la presse espagnole, selon l’agence Map. « Le gouvernement (...) rappelle que ces deux villes sont partie intégrante du territoire du Royaume du Maroc et leur retour dans la mère patrie découlera de négociations directes avec le voisin espagnol », a-t-il dit, cité par l’agence.

Cette question est la première épreuve sérieuse à laquelle fait face Al-Fassi, qui a été nommé à la tête du gouvernement après la victoire du parti conservateur de l’Istiqlal (Indépendance) aux élections législatives. Le parti a un programme nationaliste et défend farouchement « l’intégrité territoriale » marocaine en l’étendant au Sahara occidental et aux deux enclaves, baptisées « Sebta » et « Mellilia » en arabe.

Le porte-parole du gouvernement marocain, Khalid Naciri, a déclaré à la presse que Rabat ne pouvait que « rejeter fortement et désapprouver totalement cette regrettable initiative, quelles qu’en soient la motivation ou les intentions ». M. Naciri a souligné que « la coopération maroco-espagnole, qui s’est renforcée ces dernières années et que nous considérons comme un choix stratégique, ne doit pas nous faire oublier qu’il existe encore entre nous un différend essentiel concernant ces deux villes ». Cette coopération « implique de s’engager dans un règlement intelligent de ce différend territorial qui prenne en considération les intérêts légitimes des deux pays dans le cadre du dialogue et de la concertation », a-t-il ajouté.

 

Visites rares

Les visites de personnalités espagnoles de haut rang dans ces deux enclaves sont rares. Celle, en 2006, du président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, la première d’un chef du gouvernement espagnol depuis 1981, avait déjà fortement irrité à Rabat.

Le Maroc a toujours considéré Ceuta et Melilla comme partie intégrante de son territoire national. Le roi Hassan II avait proposé la mise sur pied d’une cellule de réflexion bilatérale pour aboutir à une solution de ce différend, une proposition que Madrid a toujours rejetée.

L’annonce de la visite a provoqué une certaine excitation à Ceuta et Melilla où les routes devraient être bloquées, les magasins fermés et les administrations n’ouvrir que deux heures par jour. Les écoles devraient fermer pour permettre aux enfants de s’aligner au passage du cortège royal.

Maria Teresa Fernandez de la Vega, vice-présidente du gouvernement espagnol, a tenté de désamorcer la polémique en insistant sur la qualité des relations « extraordinairement bonnes » entre l’Espagne et le Maroc, « fondées sur une affection sincère et un respect mutuel ». La visite du couple royal à Ceuta et Melilla est à la demande réitérée, souligne-t-on à Madrid, de la population locale des « présides ».

En effet, la désapprobation marocaine était loin de pousser l’Espagne à annuler cette visite. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a exprimé dimanche l’espoir que les bonnes relations entre Madrid et Rabat permettront de « surmonter les sensibilités » concernant la visite du roi Juan Carlos à Ceuta et Melilla.

De son côté, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, avait estimé dans une interview publiée dimanche par le quotidien Publico que les relations de l’Espagne avec le Maroc étaient « très bonnes et (continueraient) d’être très bonnes », après cette visite.

Ceuta et Melilla sont les seuls territoires espagnols que le roi Juan Carlos n’a pas encore visités depuis son accession au trône en novembre 1975, soulignait jeudi le quotidien conservateur ABC, citant des « sources officielles » pour annoncer le voyage. Les liens entre les deux pays se sont, de fait, nettement améliorés depuis l’incident de 2002 quand, sous le gouvernement de José Maria Aznar, le Maroc avait envoyé une poignée de soldats sur l’îlot disputé de Persil, et l’Espagne avait dépêché des forces spéciales pour les en déloger. L’Espagne s’est emparée de Melilla à la fin du XVe siècle et a succédé au Portugal à Ceuta au XVIIe siècle.

De nombreux produits de contrebande pénètrent au Maroc par les deux enclaves, fermées par de hautes barrières de fil barbelé pour dissuader l’immigration clandestine.

Rania Adel

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