Palestine.
La secrétaire d’Etat américaine, en visite au Proche-Orient
pour la troisième fois en six semaines, s’est efforcée de
rapprocher Israéliens et Palestiniens avant la conférence de
paix attendue dans la dernière semaine de novembre à
Annapolis, aux Etats-Unis.
Le cercle vicieux
Plus
la date de la conférence de paix au Proche-Orient
s’approche, plus les tractations s’intensifient et plus les
visites de responsables se multiplient. Objectif : tenter de
concilier les positions bien divergentes des Israéliens et
des Palestiniens mais surtout sauver la face des Etats-Unis
qui, vu l’imbroglio iraqien, veulent se donner l’impression
qu’ils ont contribué à la résurrection du processus de paix.
C’est dans ce contexte que la secrétaire d’Etat américaine
Condoleezza Rice a effectué sa huitième visite dans la
région, dimanche et lundi derniers. Suite à sa rencontre
avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass,
elle a estimé lundi que la réunion internationale sur le
Proche-Orient, prévue avant la fin de l’année aux Etats-Unis
à Annapolis, pouvait être un « tremplin » pour la conclusion
d’un accord de paix avant la fin du mandat du président
George W. Bush.
De son côté, M. Abbass a souligné qu’« il y a des progrès
dans les préparatifs en vue de lancer des négociations sur
le statut final à la conférence d’Annapolis et la
transformer en une réelle opportunité pour lancer un
processus de paix significatif ».
Des vœux pieux ? Beaucoup ont tendance à le croire d’autant
plus que rien de concret n’a été mis en exergue. A son
arrivée en Israël, Rice a reconnu que des « discussions
difficiles » l’attendaient sur l’élaboration d’un document
de travail commun aux deux parties, censé édicter les
principes sur lesquels reposera un futur Etat palestinien.
D’ailleurs, elle avait indiqué auparavant qu’elle ne
s’attendait pas à un accord dans l’immédiat sur le document
commun que les deux parties doivent soumettre à
l’approbation des participants à la réunion internationale
d’Annapolis, près de Washington, supposée lancer des
négociations formelles sur la création d’un Etat
palestinien.
« Ils y travaillent encore et comme toujours dans ce genre
de situation, ils passent par des discussions compliquées.
Je pense qu’elles vont se poursuivre pendant un moment, mais
je vais voir si je peux faire quelque chose pour les aider à
avancer », a-t-elle ajouté.
Exigence israélienne
La secrétaire d’Etat américaine, s’est heurtée de plus
aux exigences sécuritaires d’Israël, lors de ses entretiens
à Jérusalem. D’entrée de jeu, la chef de la diplomatie
israélienne, Tzipi Livni, a souligné que les impératifs de
sécurité d’Israël passaient avant la création d’un Etat
palestinien.
« Ce qui signifie : sécurité pour Israël d’abord et,
ensuite, création d’un Etat palestinien. Parce que personne
ne veut d’un nouvel Etat terroriste dans la région », a
poursuivi Mme Livni qui dirige l’équipe de négociateurs
israéliens.
« Même si nous devons trouver un terrain d’entente avec les
dirigeants (palestiniens) pragmatiques, ils doivent
eux-mêmes comprendre que la mise en œuvre de futurs accords
n’interviendra que conformément aux phases de la Feuille de
route », a-t-elle déclaré, en référence au seul plan de paix
international encore valide.
Le premier ministre Ehud Olmert a également souligné qu’il
fallait s’en tenir à la Feuille de route lors de sa
rencontre avec Mme Rice.
Celle-ci prévoit dans sa première phase d’application
que les Palestiniens « mettent fin à la violence » d’une
part, et de l’autre qu’Israël « gèle toutes les activités
d’implantation de colonies ».
Ironie du sort : Israël qui se dit attaché à ce plan de paix
n’a jamais cherché à l’exécuter et se dit opposé à tout Etat
palestinien tant que sa sécurité n’est pas garantie.
Les Palestiniens pour leur part soulignent que s’il y a
insécurité, c’est en raison d’Israël qui refuse de discuter
de leur Etat.
Avec ce cercle vicieux, peut-on espérer une réussite de la
conférence ? Les analystes en doutent fort. Au-delà des
premières difficultés sur une définition de la Feuille de
route, d’autres complications existent. Théoriquement, la
conférence doit servir de tremplin pour des négociations sur
les principaux problèmes au cœur du conflit, tels que la
question des frontières, l’avenir de Jérusalem et le sort
des millions de réfugiés palestiniens et de leurs
descendants. Mais Israël refuse de fournir un calendrier,
comme le demandent les Palestiniens, pour le traitement de
ces questions, arguant que l’irrespect de ce calendrier
pourrait déclencher de nouvelles violences.
Il paraît donc que pragmatiquement parlant, l’Etat hébreu
n’est pas prêt à faire le moindre pas en avant d’autant plus
que le premier ministre israélien Ehud Olmert est confronté
à une forte opposition, au sein de sa coalition, à toute
concession sur le tracé des frontières et à une division de
Jérusalem.
Rania
Adel