Al-Ahram Hebdo, Livres | Responsabilités partagées
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 Semaine du 7 au 13 novembre 2007, numéro 687

 

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Idendités. Pour Mohamad Aboul-Ghar, les juifs égyptiens portent une importante part de responsabilité dans le douloureux divorce avec leur terre de naissance.

Responsabilités partagées

Au moment où il rédige cet ouvrage, Mohamad Aboul-Ghar avait déjà lu la version originale, en anglais, du livre de Joël Benin dont nous présentons la traduction ci-dessus. A l’inverse de La Diaspora des juifs égyptiens, l’essai d’Aboul-Ghar n’est pas œuvre de spécialiste — Aboul Ghar étant plus connu pour ses recherches dans le domaine de la gynécologie obstétrique que pour ses écrits sociologiques, même s’il s’est fait remarquer récemment par son engagement politique, et ses prises de positions pour l’indépendance des institutions universitaires par rapport au pouvoir. Cet ouvrage présente néanmoins l’avantage d’être écrit du point de vue idéologique qui est celui d’Aboul-Ghar, à savoir le nationalisme arabe, et permet donc de se familiariser avec les termes du débat tel qu’il se pose sur la scène égyptienne.

Ecrivant donc de ce point de vue, Aboul-Ghar construit néanmoins son ouvrage presque comme une confrontation avec La Diaspora des juifs égyptiens ; tout au long de son argumentation, il fait ainsi régulièrement appel aux idées et aux témoignages recueillis par Benin, parfois pour expliciter ses désaccords avec les conclusions de ce dernier, le plus souvent pour en approuver la pertinence.

Aboul-Ghar rejoint en effet Benin dans l’essentiel de son argumentation. Les premières parties de son ouvrage sont ainsi consacrées à dépeindre l’extrême diversité de la communauté juive égyptienne, d’un point de vue ethnique et religieux : juifs séfarades et juifs ashkénazes, juifs rabbiniques et juifs caraïtes. Il insiste sur le fait qu’il est « impossible de classifier les juifs comme une seule et même entité », détaille les conflits internes à la communauté juive égyptienne, veillant en permanence à illustrer la pluralité de choix et de parcours personnels dans cette communauté, tentant, à coup de phrases à visée pédagogique, de casser les généralisations qui ont souvent cours dans ce domaine. Comme Benin, il s’attache à rappeler la contribution des juifs à l’économie et la culture égyptienne, cite, pêle-mêle, la participation de Qitawi pacha à la fondation de la Banque d’Egypte en 1920 avec Talaat Harb, l’influence de musiciens comme Daoud Hosni ou Leïla Mourad sur la scène artistique de l’époque. Enfin, il insiste, comme Benin, sur la dissociation nécessaire entre « juifs » et « sionistes », expliquant que les mouvements sionistes étaient minoritaires dans l’Egypte de l’époque, et que « l’émigration des juifs (…) n’était pas fondamentalement liée au projet sioniste », la masse des juifs égyptiens n’ayant pas quitté l’Egypte en 1948.

Aboul-Ghar, cependant, ne partage pas avec Benin l’affirmation qu’il lui prête selon laquelle « le sentiment nationaliste politique égyptien aurait éloigné de la scène politique les minorités étrangères et les juifs » (p.136). Pour lui, au contraire, ce sont « les juifs et les minorités étrangères qui ont eux-mêmes pris de la distance par rapport au sentiment nationaliste général » (p.136). Les juifs, poursuit-il, « n’ont pas exprimé en paroles et en actes leur appartenance à l’Egypte dans les années trente et quarante de la même manière qu’ils l’ont fait pendant la révolution de 1919 » (p.137). C’est cette période qui marque le début du malaise en Egypte qui conduira au départ de la très grande majorité des juifs égyptiens, malgré les efforts d’un Mohamad Naguib, sur lesquels Aboul-Ghar s’attarde longuement. Sur ce départ, Aboul-Ghar rappelle les mêmes vérités que Benin, citant des chiffres prouvant que la plupart des juifs égyptiens — ceux qui en avaient les moyens — n’ont pas choisi Israël comme nouveau lieu de résidence, et que la détention de certains d’entre eux était dans la plus grande partie des cas liée à leurs activités politiques, communistes ou sionistes. Citant, en conclusion, une phrase d’Ihssane Abdel-Qoddous qui résume bien son parti pris : « Les juifs se sont expulsés eux-mêmes. Les juifs d’Egypte n’ont pas été enlevés. Ils ont fait un choix. Chaque être humain a le droit de choisir sa patrie ».

Dina Heshmat

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Mohamad Aboul-Ghar,

Yahoud Misr,

min al-izdihar ila al-chatat

(les juifs d’Egypte, de l’abondance à la diaspora),

Dar-Al-Hilal, 2004.

 

 




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