Al-Ahram Hebdo, Evénement | La permanence fait recette
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 7 au 13 novembre 2007, numéro 687

 

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Evénement

PND. Le président Moubarak réélu à la tête du parti, l’équilibre entre ancienne et nouvelle gardes maintenu, le congrès du parti au pouvoir a consacré la continuité tout en affichant un intérêt plus marqué aux problèmes sociaux.

La permanence fait recette

On dit toujours que beaucoup d’eau ont coulé sous les ponts, mais pas pour celui du PND. Depuis le premier congrès annuel en 2003, rien n’a presque changé au parti au pouvoir. Les mêmes noms reviennent, seule leur valeur alterne mais sur un mode mineur. Les mots et les discours semblent bizarrement identiques, les rivalités aussi entre ancienne et nouvelle génération, ces gardiens du temple du National démocrate. L’an 2007 se confond avec les cinq précédents congrès encore par les surprises manquées et ces tambours et fanfares qui annoncent la tenue d’un congrès « historique » qui intervient à un moment « historique » et adopte des décisions pas moins « historiques ». Seul le slogan change : la proposition principale est « La nouvelle idéologie et ... », la subordonnée alterne entre droit du citoyen, priorité à la réforme, ou nouvel élan vers l’avenir.

Pour ce congrès tenu entre les 3 et 6 novembre, cette « idéologie » n’est plus une priorité. Elle serait, aux yeux des « Nationaux démocrates » bien assimilée par les citoyens et donc « Avec nous, l’Egypte avance » devient le nouveau mot d’ordre. Le « nous », serait, selon les membres du PND, l’ensemble des Egyptiens. Preuve à l’appui. La grande photo avec le slogan du congrès affichée, traditionnellement à l’occasion de la réunion, sur le siège du PND a, cette année, disparu. On la retrouve pourtant dans le quartier d’Héliopolis où réside le chef de l’Etat et président du parti et encore à Madinet Nasr où se tient le congrès dans le gigantesque complexe des sports. Le parti se veut plus discret ? Naïf d’y croire. Trois mois avant le congrès, la télé de l’Etat aussi bien que la presse « nationales », célébraient au grand jour les élections du PND qui se déroulaient à travers le pays et souvent au niveau le plus local. Et voici que maintenant les feux de la rampe se dirigent vers la nouvelle manifestation, les élections au plus haut niveau.

Le président Moubarak, et au premier jour du congrès, a été élu pour la première fois à la tête du parti, alors qu’il assure ce poste depuis 26 ans. « Une première démocratique » assure Alieddine Hilal, secrétaire de l’information au PND. Moubarak, unique candidat à se présenter à cette fonction alors qu’il s’agissait en principe d’une élection plurielle, « a été élu chef du parti par 5 248 voix sur 5 310 votants », a déclaré le vice-président du parti, Youssef Wali. Seuls neuf ont voté « non », dans un bulletin qui ne retenait pas le non du candidat, mais simplement « élection du président du parti ». Le raïs a remercié les 6 700 membres présents, affirmant que leur vote était « l’expression d’une confiance qui m’est chère ». Ce vote a mis fin aux spéculations sur une éventuelle élection de son fils cadet, à la tête du parti et par la suite une passation plus souple du pouvoir. Mais, ce blindage du pouvoir ne dura pas longtemps. Le parti a procédé à l’amendement de 28 des structures dirigeantes du parti, mais la plus importante a été cette création de « l’autorité suprême du PND ». Elle regroupent les membres du secrétariat général et du bureau politique du parti. Selon l’amendement de l’article 76 de la Constitution, les chefs de partis et les membres de l’autorité suprême de ces formations ont le droit de se porter candidats au poste de chef de l’Etat. Jusqu’à présent, le PND, qui ne disposait pas d’une telle entité, ne pouvait avancer comme candidat que son chef, le président Moubarak. Avec cette innovation, Gamal accumule les postes les plus extrêmes du parti. Ainsi est-il devenu à la foi membre du bureau du secrétariat général, membre de l’autorité suprême, secrétaire général adjoint et chef du secrétariat politique du parti.

Le discours de Gamal a le plus duré, au deuxième jour par exemple, il a mené une intervention d’un peu plus d’une heure et demie, s’attaquant aux dossiers de tout bord, de la sécurité nationale, à l’économie, aux libertés et pourquoi pas aux réformes de la Constitution qui remonte à deux ans. Mais il n’oublie pas de souligner que « le simple citoyen et ses besoins sont au centre de nos priorités » La même phrase il l’avait annoncée au congrès de l’an dernier. « Défenseur des pauvres », c’est ainsi qu’il se présente ainsi que le PND. Les interventions des ministres sont tous allées dans ce sens et l’accent a été mis sur la nécessité de répercuter les bons résultats, déjà obtenus sur le plan économique, sur la vie quotidienne de tous les Egyptiens.

« Ils les sentiront bientôt », disaient-ils sans relâche. Ainsi parle-t-on de « justice sociale », de « soutien aux familles pauvres », de « soucis des paysans » en évoquant les thèmes dominants des années passées, comme l’éducation, la santé, le chômage, les transports aussi que le thème introduit l’année dernière celui de l’énergie surtout « nucléaire ». Car il ne faut pas oublier que c’est Gamal qui a annoncé la nouvelle que l’Egypte envisage de développer un programme nucléaire civil. Moubarak l’a un peu précisé à quelques jours du congrès de cette année.

Partout on parle chiffre, un peu à l’américaine, « 6 milliards de L.E. de subvention du pain, 1 700 boulangeries, 70 000 logements, un système d’égouts dans 18 villages, 1 080 convois médicaux pour la fin de 2008 ». Le PND se serait ainsi « attaqué à des problèmes qui étaient jusqu’à ce jour refoulés à l’ombre et proposé des solutions courageuses et pratiques alors que les autres partis ont fait état de fragilité, de divisions et d’accusations mutuelles ». Pour ce, « le PND reste la force principale, voire l’unique mouvement capable, à ce jour, de définir les traits de la société égyptienne et ses réalisations dans l’avenir », écrit Ossama Saraya, rédacteur en chef du quotidien Al-Ahram et fervent défenseur du régime. Des atouts qui remontent à la « nouvelle garde et son idéologie ». Cette dernière espérait au fil des derniers congrès mettre sur le banc de touche les caciques du parti, qui bloquent cette « nouvelle pensée » à l’instar de Safwat Al-Chérif, Kamal Al-Chazli ou Youssef Wali.  

L’inconnu Ahmad Ezz

Il semble pourtant que le président Moubrak n’en est pas encore convaincu. L’élection des membres du bureau politique a ainsi vu un retour de poids de ces derniers au grand mécontentement d’Ahmad Ezz. Le fameux homme d’affaires, le deuxième plus riche du pays derrière Sawirès avec une fortune estimée à 50 milliards de L.E. et chef du « tanzim », serait en lutte, qui n’est d’ailleurs non pas dissimulée ou tacite. Certains même au sein du parti vont jusqu’à affirmer que Ezz représente désormais le plus grand danger pour l’avenir du PND. « Il serait devenu trop influent ». N’est-ce pas lui qui a organisé les élections et s’est occupé des nouvelles candidatures et connaît plus que quiconque, à l’exception des ténors comme Chazli et Chérif, les rouages et les coulisses du PND dans chaque coin du pays ? Du coup, on dit qu’un autre congrès se déroulait loin des caméras, marqué par des désaccords, des rivalités et des manœuvres, dans le cercle le plus central du parti. Les démentis du secrétaire général ne contribuent en rien à dissimuler ce clivage. En l’état, rien n’apparaît plus clair que le fait que le PND souffre, malgré tout ce qu’il a tenté lors de ce congrès, d’un déficit de crédibilité en tant que « vecteur » de changement et parti aussi des « pauvres ».

Samar Al-Gamal

 

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Ahmad Sabet, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, estime que le congrès du PND n’a rien apporté de nouveau.

« Ces réunions ne font qu’imposer plus de restrictions aux citoyens »

Al-Ahram Hebdo : Qu’a présenté le PND de nouveau dans son dernier congrès, le neuvième ? Surtout après l’énorme campagne publicitaire qu’il a lancée ?

Ahmad Sabet : C’est bien normal que le PND fasse toute cette propagande car ce parti a pris l’habitude de mobiliser toutes les institutions de l’Etat pour son propre intérêt. Quant à la réunion elle-même, elle n’est qu’une tentative de prouver que le PND présente du nouveau et continue son plan chimérique de réforme. Comme toutes les réunions qui l’ont précédée, ce n’est qu’une manière de donner du lustre au parti et à ses membres. Mais en réalité, ces réunions ne font qu’imposer plus de restrictions aux citoyens et donner aux membres du parti plus de pouvoir. Ils disent aujourd’hui résoudre les problèmes sociaux, éducatifs et de santé, mais en  réalité, ils ne font que des promesses vagues tout en laissant ces problèmes s’aggraver de plus en plus. Tant et si bien que l’on ne veut même pas porter de l’intérêt à ces réunions.

— Cette réunion porte pour slogan « C’est grâce à nous que notre pays avance ». Quel est le message que représente ce slogan ?

— C’est un message dépassé et le fait qu’ils insistent à l’utiliser jusqu’à présent est la preuve que le PND adopte un programme qui n’a pas de substance. D’ailleurs, il faut signaler que le parti au pouvoir ne veille pas aux intérêts des citoyens mais il veille plutôt à ceux du chef de l’Etat et de son fils.

— Et que pensez-vous de la réélection du président Moubarak à la tête du PND ?

— Le secrétaire général, Safouat Al-Chérif, avait déclaré que les élections pour le poste du président seraient effectuées avec objectivité. il faudrait  se demander qui donc se serait présenté devant le président ... et qui oserait le faire ? Aucun des membres, ni même des dirigeants n’a eu le courage de se présenter face au président de la République.

— Il s’agit de la neuvième réunion depuis 2002. Dans l’ensemble, comment évaluez-vous les réunions du PND ?

— Toutes les réunions qui ont précédé ont sans exception levé des slogans qui appellent les nouvelles générations à prendre la relève, d’autres slogans visent à diffuser la notion de citoyenneté. On a créé un Conseil national pour les droits de l’homme. Mais Ce n’était que des slogans qui n’avaient pour seul but que de soutenir le groupe du Comité des politiques dirigé par Gamal Moubarak ainsi que quelques hommes d’affaires et des dirigeants influents du PND. C’est ce qu’ils ont eux-mêmes appelé la « nouvelle garde ». Celle-ci avait donc besoin d’un nouveau langage et de nouveaux slogans pour se donner de l’éclat.

En réalité, ces slogans n’ont fait qu’augmenter la tension entre les deux branches, à savoir l’ancienne et la nouvelle garde, et chacune a essayé de prouver son pouvoir et d’utiliser la force et le capital pour se maintenir.

— Mais ces réunions n’ont-elles pas eu de valeur pour le PND ?

— Pour le PND, elles sont évidemment importantes. Elles représentent l’un des moyens à travers lequels les membres de ce parti font une démonstration de force devant le peuple et devant les autres partis. Il s’agit aussi pour eux d’une manière de convaincre le peuple qu’il y a de nouveaux espoirs de réformes.

— Le PND a évoqué cette fois-ci des projets en faveur des pauvres.

— Tout cela n’est que de la propagande pour gagner de la popularité. Ni l’Egypte, ni son peuple, ni le pauvre n’intéressent le PND. Tout ce qui l’intéresse, c’est d’avoir le pouvoir et l’argent. C’est d’ailleurs la seule cause de conflits entre l’ancienne et la nouvelle garde. Elles n’ont pas eu de différends sur la question des réformes par exemple .

Propos recueillis par Chaïmaa Abdel-Hamid

 




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