Al-Ahram Hebdo, Egypte | La tragédie relance le débat
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 Semaine du 7 au 13 novembre 2007, numéro 687

 

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Egypte

Emigration clandestine. Le naufrage de deux embarcations transportant 172 Egyptiens au large des côtes italiennes, faisant 28 morts, relance la question épineuse des flux migratoires clandestins vers l’Europe.

La tragédie relance le débat

Ils voulaient fuir le chômage et la pauvreté. Ils nourrissaient le rêve d’une vie meilleure. Mais au large des côtes italiennes, c’est la mort qui les attendait … lorsque les deux barques à bord desquelles se trouvaient les 172 émigrés clandestins (tous des jeunes) ont fait naufrage. Les autorités italiennes ont repêché jusqu’à présent 28 cadavres. Il y a 127 rescapés. « C’était un vrai cauchemar. Nous étions à court d’eau et de nourriture. Nous étions obligés de boire l’eau salée de la mer afin de survivre lorsque subitement nos deux barques ont commencé à prendre l’eau. On a vu la mort de nos propres yeux », témoignera l’un des rescapés après la tragédie.

L’histoire de ces jeunes, originaires pour la plupart du gouvernorat du Fayoum, commence au début de l’été. Le scénario est classique. Un passeur leur propose de les faire émigrer clandestinement en Europe moyennant une somme de 15 000 L.E. pour chacun d’entre eux. Confrontés au chômage et aux dures conditions économiques, ils n’hésitent pas. Et certains iront jusqu’à vendre leurs maisons pour être en mesure de partir. Le passeur leur fournit deux barques. L’une partira d’Alexandrie, l’autre de Libye.

Le drame a relancé le débat sur le trafic de la main-d’œuvre en Egypte et les conditions déplorables et illégales dans lesquelles ces jeunes sont expédiés vers l’Europe. « Nous sommes confrontés à une véritable mafia du trafic de main-d’œuvre. Nous avons à plusieurs reprises mis en garde contre les risques pour les jeunes de tomber dans les mains de cette mafia. Ces escrocs choisissent toujours l’Italie, car c’était un pays qui permettait aux émigrés clandestins après 5 ans de résidence de régulariser leur situation. D’où cet afflux vers l’Italie », affirme Ahmad Al-Qoweisni, ministre adjoint des Affaires étrangères. En effet, ce n’est pas la première fois qu’un tel drame se produit. Chaque année, des dizaines d’Egyptiens trouvent la mort au large de l’Europe. Mais si autrefois certains clandestins parvenaient à atteindre l’autre rive, la situation est plus difficile aujourd’hui. « Les pays de l’Union européenne, dont l’Italie, appliquent désormais des normes plus strictes, le contrôle des côtes a été renforcé et de nombreux clandestins se retrouvent refoulés ou périssent dans des conditions difficiles », souligne Al-Qoweisni.

Conscient de cette situation, le gouvernement égyptien a conclu un accord avec les autorités italiennes afin d’envoyer chaque année en Italie 7 000 travailleurs égyptiens dans des professions différentes pour y travailler légalement durant la période de l’été.

Mais soigner un bouton de fièvre n’est pas soigner la fièvre. Et les convois d’émigrés clandestins vers les côtes de l’Europe se multiplient, favorisés par plusieurs facteurs. Au cours des précédentes années, la main-d’œuvre égyptienne a perdu l’accès de plusieurs marchés, notamment l’Iraq. Un million d’expatriés égyptiens y travaillaient avant la guerre du Golfe. La plupart sont revenus après la guerre. D’autre part, la Libye, considérée comme l’un des poumons de la main-d’œuvre égyptienne, applique désormais des quotas plus stricts à la main-d’œuvre étrangère, ce qui fait que les Egyptiens n’y ont plus aussi facilement accès qu’auparavant. « Toutes ces considérations ont fait que de nombreux jeunes démunis ou sans emploi se tournent vers l’Europe. Le problème de la main-d’œuvre égyptienne est qu’elle manque de qualification. Ces jeunes se rendent en Europe pour y pratiquer toutes sortes de métiers marginaux. Or, le gouvernement pourrait trouver des débouchés à cette main-d’œuvre à l’étranger surtout sur les marchés européens si elle était mieux formée », assure Ali Fath Al-Bab, député indépendant et de la commission de la main-d’œuvre à l’Assemblée du peuple, qui fait porter la responsabilité de ces drames à répétition au gouvernement égyptien.

Pour sa part, le ministère des Affaires étrangères a annoncé qu’il entendait lancer une campagne de sensibilisation à l’intention des jeunes des gouvernorats afin de les mettre en garde contre les risques d’une émigration clandestine. Par ailleurs, une enquête a été ouverte sur le drame de cette semaine.

Sabah Sabet

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