Taxes .
Un projet de loi imposant la TVA devrait être adopté lors de
la nouvelle session parlementaire qui débute le 7 novembre.
Nombreux sont ceux qui mettent en doute son efficacité et
craignent ses effets inflationnistes.
LA TVA fait polémique
Les
egyptiens seront bientôt sujets à de nouvelles taxes.
Aujourd’hui (mercredi) est le début de la nouvelle session
parlementaire qui doit donner le feu vert à un nouveau
projet de loi concernant la Taxe sur la Valeur Ajoutée
(TVA). Cette dernière, qui devra entrer en vigueur en 2008,
remplacera celle appliquée depuis 1991. Contrairement à la
taxe sur les ventes qui ne s’applique pas aux services à
l’exception de certains dans le domaine du tourisme, la TVA
s’appliquera aux produits et aux services. « Le seul service
qui sera exclu sera le service bancaire, mais pas les
activités commerciales de chaque banque à l’exemple des
crédits », souligne Mamdouh Omar, président du département
central des recherches au service des impôts.
L’objectif de cette décision, selon le gouvernement, est de
poursuivre la politique dite des réformes parrainée par le
ministère des Finances.
La première phase fut lancée en 2005 avec les impôts sur le
revenu. Les acteurs du marché guettent les conséquences de
cette substitution. « Depuis cette semaine, on fait des
factures hors taxes en guettant tout changement puisqu’on ne
sait pas encore ce qui va se passer », souligne Mohamad
Sélim, importateur d’équipements médicaux.
Pourtant, les responsables du service des impôts soulignent
que la TVA réduira le fardeau qui pèse sur les plus démunis.
« La taxe sur les ventes est plus ou moins une TVA
incomplète puisqu’elle ne comprend pas les services, en
dehors de certains dans le domaine du tourisme, le transport
touristique, l’hôtellerie et les communications ». Avis
partagé par Abdel-Fattah Al-Guébali, du Centre des
recherches stratégiques d’Al-Ahram : « Il n’y aura aucun
changement. La taxe sur les ventes était plus ou moins une
sorte de taxe sur la valeur ajoutée. La nouveauté est que la
première était imposée sur des produits bien déterminés. Or,
la nouvelle s’imposera à tous les produits et services. Et
de plus, elle n’affectera pas les prix ».
Somme toute, les experts économiques estiment que la TVA est
une taxe qui est plus équitable que la taxe sur les ventes.
« La TVA est plus efficace. Tous les pays développés ont
recours à la TVA. Son avantage réside dans le fait que c’est
une taxe imposée sur toutes les phases de production pour
évaluer la valeur ajoutée. Or, la taxe sur les ventes est
une taxe imposée sur le produit final, négligeant la valeur
ajoutée », souligne Abdallah Chéhata, professeur d’économie
à l’Université du Caire.
Avis partagé par Fakhri Al-Fiqi, professeur d’économie à
l’Université du Caire. « On peut comparer la taxe sur les
ventes à une personne aveugle, frappant tous les citoyens
sur un pied d’égalité. Tout produit, touchant riches et
pauvres, était taxé. Or avec la TVA, le fardeau serait moins
lourd. Puisqu’il serait seulement calculé sur la valeur
ajoutée de chaque produit et non pas le produit final ».
Effet inflationniste ?
La question est de savoir s’il s’agit du moment opportun
pour sa mise en application ? Une série de défis entrave
d’ailleurs sa mise en place. La liste des difficultés est
bien longue et témoigne de biens d’obligations
gouvernementales non acquittées. En tête de liste, figure le
taux d’inflation élevé, qui a atteint 7,8 % en 2006 selon
les chiffres officiels et qui a atteint un chiffre record de
12 % en mars 2007, avant de retomber à 7 %. De plus,
n’oublions pas que toute nouvelle taxe signifie une hausse
des prix. Et bien que le directeur du service des taxes,
Achraf Al-Arabi, ait déclaré à maintes reprises que le
gouvernement prendrait en considération la nécessité de la
réduction du taux d’inflation avant la mise en application
de la nouvelle loi, rien n’indique que des mesures ont été
encore prises dans ce sens. « Il est vrai que l’Etat ne doit
pas imposer une nouvelle taxe avec un taux d’inflation
élevé, car cela signifie un pouvoir d’achat plus faible.
Mais c’est une décision politique », souligne Omar.
Pour leur part, les experts économiques soulignent que les
prix augmenteront sans doute. « Il est peu crédible de dire
que l’Etat réussira à réduire le taux d’inflation avant
l’application prévue de cette taxe l’année prochaine avec
les prix qui ne cessent d’augmenter. Ceux des produits
alimentaires, énergétiques et des produits de construction.
C’est un rêve loin d’être réalisable », a souligné Al-Fiqi.
Et d’ajouter cependant qu’« il est inévitable de
l’appliquer. C’est un engagement que l’Egypte a signé auprès
des institutions internationales. Des réformes en
contrepartie des aides qu’on reçoit. Déjà, l’Egypte aurait
dû l’appliquer il y a 5 ou 6 ans ».
En fait, le problème ne réside pas sur l’effet
inflationniste seulement. D’autres problèmes sont à prendre
en considération. Al-Fiqi met en lumière la nécessité d’un
système rigoureux de comptabilité. Le service des impôts
doit mettre un système standard pour la comptabilité de la
valeur ajoutée. Il est compliqué de l’appliquer dans les
pays en voie de développement. Or dans les pays développés,
il y a le système de facturation dans tous les services et
secteurs.
En somme, il semble que l’application de cette nouvelle loi
ne sera pas une simple formalité, notamment avec la présence
en Egypte de nombreuses activités non déclarées .
Ibtessam Zayed