Kosovo .
La nouvelle réunion entre les dirigeants
kosovars et serbes, en présence
des médiateurs internationaux, a pris fin, lundi, sans
réussir à combler le fossé entre les deux parties.
Un nouvel échec
Le statut définitif du Kosovo, dernier dossier en suspens
depuis le démantèlement de la Yougoslavie, est l’une des
questions les plus ardues que la communauté internationale
devrait résoudre. Le problème oppose surtout Washington, qui
soutient l’indépendance, à Moscou qui a pris le parti de la
Serbie, disposée à accorder seulement une large autonomie.
Deux semaines après une précédente rencontre qui s’est
achevée le 22 octobre sans progrès, les dirigeants
kosovars albanais de Pristina et
serbes de Belgrade, ainsi que les médiateurs européen,
américain et russe sur l’avenir du Kosovo se sont retrouvés,
lundi, à Vienne, pour tenter de progresser sur la question
du statut de la province serbe, sous l’administration de
l’Onu depuis 1999. Mais, une fois de plus, la réunion de
lundi n’a pas réussi à rapprocher les positions des deux
parties sur l’avenir de la province. « Je ne peux pas dire
que les propositions discutées ont permis de combler le
fossé. La chance de parvenir à un compromis est très maigre
», a souligné le médiateur russe Alexander
Boltsan-Khartchenko lundi soir.
Côté serbe, le premier ministre, M.
Kostunica a proposé « le modèle de
Hong Kong » pour la province du
sud de la Serbie, peuplée à plus de 90 % d’Albanais, sous
l’administration de l’Onu depuis 1999, et qui réclame son
indépendance. Hong Kong a été
restitué à la Chine le 1er juillet 1997 après avoir été
dirigé par la Grande-Bretagne pendant 156 ans. « Ce modèle
de Hong Kong a été proposé pour
montrer que si des gens s’entendent sur une solution, cette
solution peut marcher », a souligné M.
Kostunica. « Personne ne pense à transplanter le cas
de Hong Kong en Serbie », a
reconnu le chef du gouvernement de Belgrade en notant bien
qu’il plaidait en faveur d’une « combinaison de compromis de
différentes solutions ».
Côté kosovar albanais, la
proposition a été rejetée comme « confuse et ne pouvant pas
fonctionner », selon le conseiller,
Skender Hyseni du
président kosovar. Pristina, en
revanche, a plaidé pour un « conseil permanent de
coopération et d’amitié » entre deux nations indépendantes,
la Serbie et le Kosovo et qui se réunirait tous les six mois
pour évoquer des sujets d’intérêts communs, comme les
transports, l’énergie, les télécommunications ou les chemins
de fer. Mais là aussi le plan s’est heurté au refus serbe.
Du côté de la Troïka, ses membres ont refusé de commenter
les propositions faites de part et d’autre lundi. « Nous
sommes ici pour trouver un accord et non pas pour en imposer
un », a souligné le médiateur de l’UE, Wolfgang
Ischinger. Selon lui, les
discussions ont porté sur un document de 14 points présenté
par la Troïka lors de la précédente réunion le 22 octobre à
Vienne. Mais pour ne pas perturber les négociations les
trois médiateurs ont refusé de préciser les détails de ces
14 points, en soulignant seulement que le texte était «
neutre en terme de statut », en clair qu’il n’optait ni pour
l’autonomie ni pour l’indépendance. La Troïka des
médiateurs, formée fin août, doit rendre un rapport sur ces
discussions le 10 décembre prochain au secrétaire général de
l’Onu, le Sud-Coréen Ban Ki-moon.
Pour les Kosovars albanais,
cette date fixe la fin des négociations et Pristina a menacé
de déclarer unilatéralement l’indépendance en l’absence
d’accord avec Belgrade d’ici là. La délégation serbe a
réitéré son refus de toute « solution unilatérale » en
réclamant un statut qui repose sur une résolution de l’Onu,
à l’exemple de celle de 1999 qui accordait une large
autonomie au Kosovo. Lundi, le président serbe, Boris Tadic,
a mis sévèrement en garde qu’une telle proclamation
entraînerait une « instabilité immédiate » et «
déstabiliserait la démocratie serbe et l’avenir du pays ». «
La Serbie risque de traverser une période de crise avec de
possibles violences si les Albanais du Kosovo proclament
unilatéralement leur indépendance », a menacé le président.
Malgré ces menaces serbes, le Kosovo promet de déclarer son
indépendance quelle que soit l’issue des pourparlers avec
Belgrade. Mais il n’a pas encore fixé de date précise,
attendant le feu vert de Washington et de ses principaux
alliés au sein de l’Union européenne.
M.
Ch.