Concert.
Le chanteur nubien Mohamad Mounir
rallie les cœurs et les esprits. Son dernier concert en
Allemagne a été un succès foudroyant.
Porte-voix de la tolérance
Lorsque
Mohamad Mounir se produit en
concert à l’étranger, notamment en Allemagne, où il
multiplie ses apparitions, ce n’est jamais la même chose.
Une interaction vive caractérise ses rencontres musicales,
dépassant souvent toutes les attentes et barrières. Cela
s’est nettement ressenti lors de son dernier voyage à la
ville de Cologne où il a chanté avec deux autres interprètes
de renom, à savoir le Turc Burhan
Orchall et la Malienne
Rokia Traoré, dans la salle
antique Philharmonie où ont joué autrefois Mozart et Chopin.
Chacun d’entre eux devait chanter pendant 25 minutes
environ, mais au bout de la dernière chanson de
Mounir,
Hata hata, interprétée
avec un chœur allemand, les applaudissements ont éclaté.
Le public très enthousiaste a refusé de partir ou de quitter
la salle, et l’organisateur français, Francis Guy,
directeur du service musical à la radio de l’ouest de
l’Allemagne, s’est trouvé dans l’obligation d’annoncer que
Mounir chanterait le lendemain à
10h. Le chanteur a dû faire une nuit blanche, craignant de
ne pas être à l’heure. Le matin il a de nouveau fait salle
comble, animant ainsi un deuxième concert en moins de 15h.
Une première pour un chanteur arabe. Quelque 3 600 auditeurs
étaient présents dans la salle de tout temps réputée pour
son classicisme. Il y est absolument interdit de
photographier ou d’utiliser les caméras et souvent l’heure y
est au silence et au recueillement. Toutes les normes ont
été transgressées pour Mounir
qui n’a pas manqué de charmer le public allemand de par sa
voix tendre et voluptueuse. Il a contré les nationalismes,
avec une chanson-phare, Madad
madad, inspiré du patrimoine
soufi. Les paroles de celle-ci, traduites en anglais,
étaient la meilleure réponse, à même de calmer les esprits.
Car l’organisateur de ces soirées avait été farouchement
attaqué par des fanatiques, lui ayant reproché d’inviter des
chanteurs du monde musulman. Comme d’habitude, la musique de
Mounir a semé tolérance, amour
et ouverture.
Ali
Baraka