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 Semaine du 7 au 13 novembre 2007, numéro 687

 

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Arts

Cinéma. Le thriller Ahlam haqiqiya (des rêves réels) de Mohamad Gomaa, son premier long métrage, réhabilite la mémoire des productions classiques de science-fiction, dans un cadre spatio-temporel bien actuel.

Hors des sentiers battus

On le sait, produire ou même parodier des films de science-fiction n’est pas chose courante chez les cinéastes égyptiens. Ahlam haqiqiya (des rêves réels), plutôt inventif et qui va au bout de ses idées, ne passe pas donc inaperçu dans les salles. Sans vouloir divulguer la trame, le film suit la vie d’une jeune mère de famille — Hanane Tork — qui perd la boussole après avoir remarqué que presque tous ses rêves, assez violents, deviennent réalité. Ce qui va lui coûter cher.

Monde chimérique et secrets psychologiques : apparemment, rien de nouveau sous le soleil ! Mais l’évolution psychologique des protagonistes est manifeste sans être jamais trop prévisible, à travers un scénario qui ne manque pas d’intelligence, et moins flou que ce que certains critiques en ont pensé. C’est son premier film, il n’empêche que le réalisateur Mohamad Gomaa affiche des méthodes qui le distinguent des conventions commerciales du cinéma d’aujourd’hui. Son style s’avère réaliste, mais fictif : nombre de séquences sont filmées avec une caméra mobile ; le cadrage est serré et les mouvements parfois frénétiques. Il en résulte des scènes d’action et de suspense authentiques, sans perdre l’apparence lisse et prévisible de celles trouvées dans les films d’horreur. Avec un scénario signé Mohamad Diab, le réalisateur déploie des effets spéciaux peu nombreux, mais convaincants. Le film a en fait beaucoup plus en commun avec les classiques du cinéma européen macabre des années 1930 et 40 qu’avec la vague de films de science-fiction actuelle. Cela donne une identité particulière à l’œuvre. Tout en adoptant un style qui a fait ses preuves, Gomaa se permet plusieurs décisions innovatrices et audacieuses. Le jeune cinéaste applique ses connaissances avec justesse, alliant une certaine rigueur d’écriture à une mise en image sans débordement, et réussit le pari presque improbable aujourd’hui de maintenir le spectateur attentif.

Visuellement, son film a de la classe et un souci du détail que l’on retrouve trop rarement dans le cinéma actuel. Du côté de l’histoire, rien de décevant, mais rien d’hallucinant non plus. Sans relâche ni apitoiement, on observe l’évolution de la protagoniste, qui cherche à remettre les pendules à l’heure dans sa vie et surtout dans sa relation familiale avec son mari et sa petite fille.

Des points négatifs ? Quelques-uns, certes. Le récit manque parfois de profondeur. Le revirement final, très tiré par les cheveux, déçoit. L’idée est pourtant géniale, mais c’est dans l’exécution que l’ensemble n’est pas tout à fait réussi.

 

Droit au but

Toutefois, bien que le silence soit l’élément-clé du suspense de certaines scènes du film, la bande-son composée par Tamer Karawane se fait remarquer. Dans le générique initial, l’exploitation de la bande-son est exemplaire. Celle-ci concorde parfaitement avec l’esprit organisateur et l’évolution du récit. De même, le rythme du film, lent mais non soporifique, passant de moments calmes à des scènes d’épouvante, fait oublier de porter attention aux détails qui pourraient augurer la fin. La photographie invite à la contemplation. L’atmosphère et la trame sonore sont douces et s’harmonisent avec la lenteur et la simplicité du récit. La réalisation, sans fioritures, privilégiant et le fond et la forme, va droit au but. Les acteurs offrent de bonnes prestations. De plus, le scénario réserve quelques surprises. Le tout forme un thriller acceptable.

Les personnages sont peu nombreux, mais chacun apporte sa contribution à l’histoire. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’il n’y a pas vraiment de vedette dans le film. Tous les personnages sont importants jusqu’à ce qu’ils se fassent éliminer par les exigences du récit. Ainsi le cinéaste suit-il ses personnages avec intérêt, nous décrit leurs relations personnelles et intimes de façon particulièrement efficace ; ainsi les traits de caractère des différents protagonistes apparaissent-ils vite et clairement, et il axe principalement le récit autour du point de vue de son héroïne qui agit souvent en observatrice.

S’ajoute aux qualités du film l’interprétation. Hanane Tork, dans la peau d’un personnage complexe et marginal, offre une prestation à la hauteur de sa réputation. Pour la seconder, le producteur a choisi une brochette d’acteurs très talentueux. Dans le rôle de son mari, Khaled Saleh offre une belle performance, alternant sur les multiples facettes du personnage. Fathi Abdel-Wahab, acteur connu par son assiduité, a une belle présence à l’écran et excelle à jouer le policier qui ne peut pas séparer le personnel du professionnel. Quant à Dalia Al-Béheiri, elle incarne l’amie proche de l’héroïne avec un excellent dosage de quiétude et d’émotion. Et feu la comédienne Magda Al-Khatib a opté pour une prestation plutôt soutenue, celle d’une psychologue trop emphatique qui ne monte jamais le ton.

Le film allie le mieux horreur et action. Bondé d’invention, d’action et de mystère, même s’il n’est pas un chef-d’œuvre, il est sans aucun doute l’une des meilleures productions de l’année.

Yasser Moheb

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