Danse.
Rosas, Grupa de Rua de Niteroi, et Tg Stan, trois compagnies
belges et brésiliennes, font halte au Caire dans le cadre de
la manifestation Meeting Points 5, et apportent de nouvelles
perspectives chorégraphiques.
Croisement de postures
Briser
les barrières et échapper aux exigences dogmatiques : c’est
le credo des trois spectacles de danse qui seront donnés au
théâtre Gomhouriya, dans le cadre de Meeting points 5. Cette
manifestation culturelle, organisée par le Fonds de la
jeunesse du théâtre arabe, cherche à faire découvrir au
monde arabe des travaux d’art contemporain issus de
différentes parties du monde. (Ses activités s’étendent
d’ailleurs à plusieurs pays arabes et occidentaux).
Icône de la danse moderne, Anne Teresa de Keersmaeker, avec
sa compagnie belge Rosas, se laisse guider par la voix de
Joan Baez et sa guitare acoustique. « J’adore sa sobriété,
sa riche tessiture de soprano, les nuances infinies de ses
accords folk ... Je veux découvrir les gestes suggérés par
les paroles et qui, en retour, ignorent le texte et donnent
vie au mouvement. J’aime le fait que ces chansons racontent
des histoires. Je veux que le public écoute ce qui est
chanté, alors que la danse elle-même n’offre rien
d’explicite », estime-t-elle. Rendez-vous donc le 7
novembre, à 20h, au théâtre Gomhouriya, avec une danse
moderne exceptionnelle.
Quant à la compagnie brésilienne de Bruno Beltrao, Grupa de
Rua de Niteroi, elle se produira le 8 novembre à 20h. Fondée
en 1996 à Niteroi, une ville à proximité de Rio de
Janeiro, cette compagnie met en corrélation la danse de rue
et la danse contemporaine de manière à révéler le potentiel
créatif de chacune, d’une part, et de transmettre un
langage artistique à la danse de rue d’autre part. Pendant
près d’une heure, elle va présenter trois spectacles : From
Popping to Pop or vice-versa, Me and my Choregrapher in 63
et Too Legit to Quit. Le premier est un duo à travers lequel
le chorégraphe aborde la perception superficielle de la
danse de rue et du hip-hop. Avec des répétitions et des
silences, il déconstruit les phrases de la danse de rue afin
de dévoiler de nouveaux modes d’expression. Le deuxième
spectacle, Me and my Choregrapher in 63, n’est que le fruit
d’une conversation avec Eduardo Hermanson dans une chambre
d’hôtel. Ainsi la conversation s’est-elle transformée en une
chorégraphie durant laquelle Hermanson danse sur les rythmes
de ses propres paroles sur la vie, le corps, la maladie et
Dieu.
Quant au troisième spectacle Too Legit to Quit, il propose
d’aborder le hip-hop. Le 13 novembre, à 20h, le public
découvrira un théâtre pas comme les autres. Avec Les
Antigones de la compagnie belge Tg Stan, fondée en 1989,
juxtaposant deux versions différentes du mythe classique
Antigone : celle de Cocteau écrite en 1922 et celle
d’Anouilh écrite 22 ans plus tard. La première concise et
empreinte d’héroïsme classique, la deuxième plutôt humaine
et existentialiste. Anti-dogmatiste, Tg Stan (Stop Thinking
About Names ou arrêtez de penser aux noms) est en soi un nom
qui illustre cette approche. Sa recherche est axée plutôt
sur le travail des acteurs, en l’absence du metteur en
scène. A travers les deux textes joués, elle cherche à
mettre en éclairage l’idée de la multitude : la présence des
possibilités, des choix ... mais aussi de mettre en évidence
des divergences éventuelles dans le jeu. En effet, les trois
spectacles sont une invitation à voir et à découvrir des
visions singulières.
Lamiaa Al-Sadaty