Photographie.
L’exposition internationale Moving
Walls (faire bouger les murs)
fait escale au Caire. Les œuvres de neuf photographes
captent des moments de détresse et de crainte, de par le
monde.
Brèches sur le monde
Faire
bouger les murs, dépasser les barrières et dévoiler des
histoires à n’en plus finir … C’est en cela que consiste le
travail des 9 photographes participant à l’exposition
itinérante Moving
Walls. Les œuvres sont exposées
actuellement au Centre collectif de l’image, au Caire, CIC,
en coopération avec la fondation Open Society
Institute, de New York. Car
celle-ci organise, aux Etats-Unis depuis 1998, une série
d’expositions annuelles se dressant contre l’oppression
politique, l’instabilité économique, le racisme, etc. Mais
afin de dialoguer avec d’autres cultures, la Open Society a
internationalisé son idée en mai 2006, à commencer par la
galerie Al-Riwaq au Bahreïn.
Ainsi, durant deux ou trois ans, l’exposition fera-t-elle le
tour du Moyen-Orient, du Caucase et de l’Asie centrale. Il
s’agit de photos-journalisme de
sept photographes de nationalités différentes, ayant déjà
participé aux expositions précédentes. S’ajoutent à eux
d’autres artistes locaux, suivant le pays où se tient
l’événement.
Chacun tente de présenter une histoire, un article, une
enquête, manipulant le zoom de sa caméra, dosant l’éclairage
pour refléter son point de vue. D’où un côté esthétique
indélébile. Alexandre Glyadyelov
a consacré ses prises au problème des enfants de la rue en
Ukraine. Les photos en noir et blanc qui datent de 1996
communiquent les regards éperdus de ces enfants, plongés
dans la violence, la drogue, l’alcool, etc. Une peine que le
photographe tâche d’enregistrer avec sobriété.
Les
portraits de Lori Grinker et d’Eric
Gottesman s’avèrent peu
traditionnels. Chaque photographe accompagne son œuvre de
l’histoire narrée par la personne photographiée. Lori a
travaillé sur les anciens guerriers, montrant leur
souffrance après la guerre. Ses portraits en couleurs
mettent en scène la vie quotidienne de ces ex-guerriers. Ils
souffrent de souvenirs, de cauchemars
ou même de maux physiques. Un homme suit une thérapie
d’acuponcture, une femme âgée qui a fait partie de l’armée
souffre des séquelles de la guerre, un enfant africain est
tout seul parmi les soldats, sans maison ni famille.
Quant à Eric Gottesman, il a
photographié des personnes atteintes du sida en Ethiopie.
Pour ce faire, il a dû s’entendre avec ces patients afin de
faire des portraits qui ne dévoilent pas leur identité. Des
photos en noir et blanc montrent l’étendue de leur chagrin.
Des œuvres choisies à partir des négatifs par le photographe
et les malades qui sont restés anonymes, traduisant des
moments de grande peine et de peur. Les photos de James
Nubile sont accompagnées d’extraits du traité de Genève.
Elles dévoilent l’autre face de la liberté, plutôt le côté
amer en Europe de l’Est et de l’ex-Union soviétique. Les
problèmes des pays qui ont aspiré à un vrai socialisme mais
qui vivent aujourd’hui dans les conflits. Des sociétés
furieuses. Gary Fabiano, Andrew
Lichtenstein et Edward Grazda
enregistrent les différents côtés de la vie aux Etats-Unis.
On voit des pauvres clochards, des musulmans de New York et
des prisonniers. Une documentation qui contredit le rêve
américain d’une société en harmonie.
Le Centre de l’image, pour sa part, a choisi de faire
participer deux photographes, à savoir l’Egyptien
Ossama
Daoud et l’Anglais John Perkins.
« Ce dernier vit en Egypte. Ses œuvres ainsi que celles de
Daoud ne sont pas sans ajouter
une couleur locale », souligne Aliya
Hamza, du CIC.
Daoud
évoque en effet les problèmes des pêcheurs à Rosette (dans
le Delta) et l’impact du changement climatique sur leur vie,
le Delta étant menacé d’immersion par les eaux.
Perkins, lui, photographie les
ouvriers à Dubaï, montrant leurs conditions de vie
défavorables dans un pays assez riche.
L’autre
face du
capitalisme. Les images en
parlent.
May
Sélim