Al-Ahram Hebdo, Arts | Au rythme des mots
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 Semaine du 7 au 13 novembre 2007, numéro 687

 

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Arts

Musique. L’institut Goethe a organisé quatre soirées de chants et de poésies, lancées dans ses locaux à Doqqi. Le hip-hop de Sahira et les poèmes Slam de Abdollahi et Masomi révèlent les contours de l’identité d’immigrés musulmans.

Au rythme des mots

Voilées et modernes ? Hip-hop et islam ? A-t-on l’air de vouloir allier l’inconciliable ? C’est peut-être le pari que tient Sahira, la célèbre chanteuse berlinoise de hip-hop, aux yeux de tous ces jeunes rassemblés dans le jardin de l’institut Goethe, à Doqqi. Cette fille d’immigrés palestiniens, portant fièrement le hijab depuis 2003, n’ayant que 27 ans, est en quelque sorte le symbole d’une scène émergente de hip-hop musulman, faisant tache d’huile en Allemagne, en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique. Fille-mère, Sahira chante ses origines et ses croyances dans une voix ravissante et digne. Elle exprime les pensées de ces autres enfants de l’immigration pour s’étendre encore à d’autres jeunes musulmans du monde, affichant la modernité et se retrouvant dans ses idées. Eux aussi sont pris entre deux mondes. En fin de soirée, après avoir fredonné quelques paroles rythmées, on l’entoure pour savoir comment peut-on télécharger ses chansons. C’est tout à fait le genre du public du hip-hop musulman bien répandu à travers la toile. Une femme en noir, portant le niqab (tchador) de la tête au pied, se dit disposée à lui prêter conseil sur le tournage de clips, proclamant avoir une belle expérience dans le domaine de la mise en scène. Cette dernière explique avoir passé elle aussi une partie de son enfance en Grande Bretagne !

C’est au lendemain du fameux 11 septembre 2001 que Sahira s’est penchée sur le Coran pour mieux comprendre sa religion assez mal vue et interprétée dans les médias. Après plusieurs lectures, elle décide de se voiler et joue le rôle d’intermédiaire entre l’islam et la culture pop. « Je suis un iceberg qui a commencé à fondre … », « Laisse la table entre nous, avant que ce ne soit trop tard et que l’on fasse comme les amoureux, partout … Machaallah ... Sobhanallah … », « Comme un jour de chaleur torride où l’on a fait le Ramadan, ensuite on s‘est réjoui après avoir rompu le jeûne … ». Les paroles de Sahira se succèdent, décrivant sans honte le rapport entre homme et femme et leurs virevoltes à répétition. Les yeux encerclés de khôl, un petit fichu sur la tête, elle se proclame pleinement allemande et musulmane. Et a en commun avec d’autres rappeurs comme Ammar l’Ethiopien de Frankfort ou Naïm Mohamad du groupe américain Native Deen, dont on trouve les propos sur le net, qu’ils cherchent tous à servir de modèles à leurs semblables.

La première partie de la soirée a été d’ailleurs consacrée à un art très proche de celui de Sahira, s’y alliant parfois. C’est la poésie Slam, lancée par le maçon et poète américain Marc Smith, en 1986 à Chicago. Là aussi l’on est porté par la marque de ses origines et l’on affiche ostensiblement son identité. « Permettez-moi de commencer par Bissemellah, au nom de Dieu le Miséricordieux », lance l’Iranien de Hambourg, Michel Abdollahi, en se précipitant sur scène. Les poèmes pas forcément rythmés se donnent en performance, revêtant la forme d’une compétition entre jeunes poètes. Ceux-ci se présentent plutôt comme des artistes de la parole (Local Spoken Word Artists) et évoquent leurs positions non sans ironie, pendant trois minutes environ. Son collègue d’origine afghane, Sulaiman Masomi, lit un texte satirique sur l’oubli. C’est la vie quotidienne qui intéresse surtout ces jeunes gens, refusant que le champ poétique et artistique soit l’apanage d’une cohorte de privilégiés. L’audience doit prendre part à la compétition et sélectionne son poète, comme l’expliquent Abdollahi et Masomi, ayant continué la soirée en tant qu’animateurs. Ils ont demandé à cinq personnes parmi l’assistance d’agir en tant que membres du jury, évaluant la performance de chacun des candidats en lui accordant une note de 1 à 10. Ensuite, l’on a procédé par élimination jusqu’au choix du poète de la soirée : Adel.

Celui-ci a été acclamé par le public pour avoir récité des poèmes satiriques en dialectal sur le chômage, le rapport soldat-étudiant, le régime, etc. « Ils sont excellents, je les suivrai là où ils vont, à Saqiet Al-Sawi, partout ! », s’exclame un vieil Egyptien germanophone, tambourinant contre la table pour exprimer son approbation, à la demande des animateurs. « Des poèmes, une estrade et vous ! Ce n’est pas trop compliqué. Vous n’avez pas besoin de nous pour le faire ! », a indiqué Abdollahi, qui d’habitude imprègne ses paroles d’influence persane et présente depuis 2005 un programme Slam intitulé Battle of the Arts (bataille des arts). Il s’adresse à un public tout à fait pris par le jeu, même si la performance n’use pas de musique, chorégraphie ou costumes comme c’est le cas parfois. Son aspect participatif n’a pas manqué d’attirer les gens y trouvant peut-être une « démocratisation des vers » qui nous vient d’ailleurs.

Dalia Chams

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