Palestine .
Autant que les attaques israéliennes ou les conflits
politiques internes, le chômage, la pauvreté et la faim
plongent la population dans un gouffre dont elle ne perçoit
pas le fond.
L’inexorable asphyxie
Gaza,
De notre correspondant —
Que
se passera-t-il en 2007 ? Très pessimistes, les Palestiniens
s’interrogent. En effet, les circonstances actuelles dans les
territoires occupés ne cessent de s’aggraver : blocus
étranger, agression israélienne continue, chaos sécuritaire et
conflit de pouvoir. Aujourd’hui, la priorité du citoyen
palestinien est son gagne-pain. Dans les régions de l’autorité
nationale, la situation économique est aussi détériorée que la
situation sécuritaire et politique. Cependant, les victimes du
recul économique sont beaucoup plus nombreuses que celles de
l’agression armée.
Le Dr Georges Al-Abd, gouverneur de l’autorité monétaire en
Palestine, signale que la situation est de plus en plus
alarmante à cause des pratiques israéliennes. « Des
restrictions sont imposées aux produits et exportations
palestiniens, sans oublier le blocus international »,
déclare-t-il. Il précise également que les activités publiques
et privées sont paralysées, ce qui a contribué au recul du PNB
palestinien de 28 % fin 2006, à 2,9 USD pour l’année 2006
contre 4,04 USD en 2005.
Pour ce qui est de la situation financière de l’Autorité
palestinienne, Al-Abd assure que le gouvernement passe par une
phase difficile puisqu’il ne reçoit plus aucune aide
extérieure et n’a pas reçu les sommes de la perception de
taxes par les Israéliens, évaluée à 2 milliards de shekels
(460 millions de USD). Alors le gouvernement ne peut plus
assumer ses responsabilités et n’a d’autre choix que de
compter seulement sur les revenus locaux évalués à 25 millions
de dollars par mois. Le ministre de l’Economie nationale,
Alaeddine Al-Aârag, mentionne que le gouvernement palestinien
a en revanche décidé d’entreprendre certaines procédures
visant à alléger les effets néfastes du blocus économique et
financier, comme en tête la baisse des dépenses de 75 % au
cours du deuxième semestre de l’année 2006.
Al-Aarag regrette que le côté israélien ne reverse pas à
l’Autorité palestinienne la part lui revenant des sommes
perçues, ce qui influence directement la marche du processus
économique. Surtout pour ce qui est des salaires des
fonctionnaires de l’Autorité et toutes les activités relatives
à l’investissement. Cette situation a causé des crises
supplémentaires aux niveaux social et économique. Par exemple,
le nombre de chèques impayés a augmenté et les taux d’emprunts
bancaires ont beaucoup diminué. Chose menaçant autant le
secteur privé que le secteur bancaire. Al-Aarag mentionne
également que le taux de précarité dans les territoires
occupés a atteint 66 %, et engendré des phénomènes graves
comme la hausse du nombre d’enfants travailleurs et d’enfants
qui ont quitté l’école. En plus des taux élevés de
malnutrition.
D’autre part, l’Organisme central palestinien pour les
statistiques a publié un rapport en novembre dernier affirmant
que le nombre de chômeurs s’est élevé lors du troisième
trimestre de 2006, représentant 30,3 % de la population
active, contre 20,2 % lors du même trimestre de 2000. Selon le
rapport, les taux de chômage les plus élevés sont enregistrés
parmi les jeunes.
Récoltes avariées
Si le conflit autour du pouvoir entre le Hamas et le Fatah
ainsi que le chaos sécuritaire ont joué un grand rôle dans la
souffrance économique du peuple palestinien, les pratiques
israéliennes de répression ont encore plus contribué à la
détérioration de la situation économique. On peut même dire
que c’est le facteur principal qui a déclenché le conflit
politique entre la présidence et le gouvernement palestiniens.
Car, en fait, les émeutes de part et d’autre brandissaient des
slogans demandant « le déblocage économique ».
De fait, plus le conflit a gagné en intensité, plus les
Israéliens augmentaient le blocus économique. Ainsi ne se
sont-ils pas contentés d’empêcher le transfert de centaines de
millions de dollars à l’Autorité palestinienne, contrairement
aux stipulations des accords d’Oslo. Israël a aussi employé
les points de passage comme carte de pression politique et
commerciale contre l’Autorité palestinienne. Ainsi, l’Etat
hébreux a-t-il fermé les points de passage vers la Cisjordanie
et Gaza. De sorte que le transport des denrées agricoles soit
interdit. Donc, une grande partie des récoltes a été avariée
et les agriculteurs ont dû assumer des pertes énormes. Il en
est de même pour les commerçants, puisqu’il a été aussi
interdit de transporter les produits alimentaires et les prix
ont connu des hausses exorbitantes.
C’est pourquoi Al-Aarag préconise la nécessité d’isoler les
points de passage du conflit politique. Il met aussi en garde
contre le danger de leur fermeture. Il explique que depuis le
début de l’année 2006, le passage commercial Al-Montar (Karni)
a été complètement fermé pendant presque la moitié des jours
de travail officiels. Et pour le reste de l’année, le passage
a fonctionné à moins de 10 % de sa capacité.
Selon Al-Aarag, l’activité dans les secteurs essentiels de
l’économie nationale, c’est-à-dire l’agriculture, l’industrie,
le commerce, le tourisme et les services, a connu un recul
considérable. Le résultat est que l’action des capitaux et des
affaires a sensiblement ralenti. Surtout que le côté israélien
s’est donné le droit de décider seul des produits qui entrent
sur le marché palestinien ou qui sont exportés, afin de
répondre aux demandes et aux intérêts du secteur privé
israélien.
Achraf
Aboul-Hol