Bilan 2006.
Lutte, football, pentathlon, boxe, haltérophilie, squash
... équipes et athlètes égyptiens se sont distingués dans de
nombreuses disciplines en 2006. Seule ombre au tableau : La
contre-performance de Karam Gaber en lutte gréco-romaine.
Un millésime fructueux
Lutte
« Le titre mondial n’est qu’un début »
Avec
une médaille d’or aux Championnats du monde de lutte d’octobre
dernier,
Mohamad Abdel-Fattah, dit
Bougui, réalise la performance la plus marquante du sport
égyptien cette année.
Al-Ahram Hebdo : Comment vivez-vous le fait d’avoir remporté
la médaille d’or aux Championnats du monde de lutte 2006 ?
Mohamad Abdel-Fattah : C’est la meilleure performance
égyptienne de l’année et cela me comble de joie et de fierté.
En effet, je crois en mes qualités et je méritais une telle
satisfaction depuis longtemps. En remportant la première
médaille égyptienne depuis 46 ans, c’est le pansement à toutes
mes anciennes plaies. Depuis des années, mon niveau a connu
une amélioration, mais la chance ne me souriait pas. Je ne
pourrai jamais oublier mon premier échec aux Jeux Olympiques
(JO) de Sydney 2000 lorsque j’ai été classé 8e suite à un
mauvais arbitrage. Puis, aux JO d’Athènes 2004, je me suis
heurté encore une fois au mauvais arbitrage pour me priver de
mon rêve éternel : la médaille olympique. Ainsi, cette
médaille vient au bon moment, 2 années avant les prochains JO,
pour prouver mes capacités de lutteur d’un très haut niveau,
capable de remporter une médaille olympique. La médaille m’a
donné une grande confiance en mes capacités et a, en même
temps, répondu à tous ceux qui ont douté de mes qualités et de
mon niveau avant les Championnats du monde qui se sont
déroulés en octobre dernier à Guangzhou (Chine). Mais cette
médaille d’or n’est que le début.
— Comment expliquez-vous votre grande progression de niveau
cette saison ?
— J’ai fait un retour en force sur la scène internationale.
J’ai prouvé, en début de saison, que mon niveau a nettement
progressé en remportant plusieurs médailles internationales :
en février, j’ai débuté la saison en décrochant la médaille de
bronze au Tournoi international de Dave Schulz, à Colorado
Spring (Etats-Unis), puis j’ai remporté une autre médaille de
bronze au 2e Golden Grand Prix de Nikola Petrov, en mars. Et
enfin, j’ai réalisé l’or au Tournoi international de Pologne,
en septembre. Ces bons résultats sont dus au stage de
préparation effectué aux Etats-Unis depuis le début de
l’année. En effet, c’est une bourse accordée par la Fédération
américaine de lutte pour s’entraîner avec sa sélection
nationale au Centre olympique de Colorado Spring. Là-bas se
trouvent les meilleurs athlètes américains. Et les meilleurs
lutteurs du monde s’y rendent pour effectuer des stages de
préparation. Ainsi, en confrontant les meilleurs lutteurs du
monde, mon niveau a connu un grand progrès durant l’année.
— Allez-vous retourner aux Etats-Unis pour vous préparer aux
JO de Pékin 2008 ?
— La saison dernière, la Fédération égyptienne ne m’a pas payé
les frais de résidence aux Etats-Unis, mais seulement le
billet d’avion. J’étais donc obligé d’assurer ces frais de ma
poche. Il est vrai que la Fédération américaine s’occupe de ma
résidence là-bas et de ma nutrition, mais je suis un être
humain et j’ai besoin de vivre et de dépenser. Par exemple,
j’ai des amis là-bas et lorsque quelqu’un m’invite, je dois
lui rendre l’invitation. C’est pourquoi je pense rester en
Egypte et effectuer ma préparation avec la sélection
nationale.
— Pensez-vous pouvoir conserver votre niveau en restant en
Egypte ?
— L’entraînement aux Etats-Unis est nettement supérieur, car
je peux m’y concentrer à 100 % sans m’occuper d’autre chose.
Contrairement à l’Egypte, où je me trouve mêlé aux problèmes
de la Fédération égyptienne. Mais si cette dernière élabore un
bon programme de préparation et met de côté les problèmes, je
pourrai conserver mon niveau. J’ai besoin d’un programme
chargé de stages de préparation à l’étranger et de tournois
internationaux de haut niveau. Rester au Centre olympique de
Maadi est inutile pour moi, car en Egypte, il n’y a pas
d’athlètes de mon niveau pour m’entraîner avec eux, à part
Karam Gaber. Sans parler de la mauvaise situation du Centre
olympique de Maadi, où la nourriture est très mauvaise et ne
convient pas aux lutteurs. A part la bonne préparation, je
dois me concentrer sur l’entraînement. Pour réaliser cela,
j’ai besoin de résoudre quelques problèmes. En fait, je
demande une augmentation de mon salaire mensuel de la part du
Comité national des sports. Je touche 2 000 L.E., comme les
autres athlètes qui n’ont pas réalisé une performance comme la
mienne.
— Quels sont vos projets d’avenir ?
— La prochaine saison est très importante pour moi. Je dois
disputer les Jeux africains en juillet, les Jeux arabes en
septembre et les Championnats du monde également en septembre
prochain. Je dois confirmer mon niveau durant ces
compétitions, qui représentent une bonne préparation pour la
saison la plus importante, 2008, lorsque je disputerai les
éliminatoires qualificatives pour les JO de Pékin et les
Championnats africains qualificatifs pour les JO. Donc, mon
premier but est d’obtenir mon ticket pour Pékin. Et mon
deuxième but est de réaliser à Pékin mon rêve éternel : la
médaille olympique.
Propos recueillis par Doaa Badr
Football
Au septième ciel
Jamais
le football égyptien n’aura autant brillé que durant cette
année 2006. Cette dernière avait déjà bien commencé avec
l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2006 en
Egypte. L’événement en lui-même était un grand succès que ce
soit du côté de l’organisation, du public ou du spectacle.
Et forte de l’organisation de la compétition sur son sol, la
sélection des Pharaons clôt ce beau tableau en remportant le
trophée, le 10 février dernier au Stade du Caire, face à la
Côte-d’Ivoire (0-0, 4-2 t.a.b.). La bande du vétéran Hossam
Hassan (40 ans), Ahmad Hassan, Mohamad Abou-Treika et Essam
Al-Hadari a prouvé sa supériorité face à des nations de renom
telles que la Libye (3-0), le Maroc (0-0), la Côte-d’Ivoire
(3-1), au premier tour, la RD Congo (4-1), en quarts de
finale, le Sénégal (2-1) en demi-finales, avant de battre de
nouveau les Eléphants ivoiriens de Didier Drogba lors de la
finale. Ce sacre a placé l’Egypte en tête du continent
africain avec cinq titres record devant le Cameroun et le
Ghana qui en comptent chacun 4.
Ce début en fanfare sera suivi par la victoire d’Ahli en
Supercoupe d’Afrique contre le FAR de Rabat (Maroc) pour ainsi
décrocher son deuxième titre après un premier en 2001. Mais
les Rouges ne s’arrêtent pas là et continuent à décrocher les
victoires les unes après les autres jusqu’à remporter le titre
de la Ligue d’Afrique pour la cinquième fois et la deuxième
consécutive en allant imposer leur loi face au Sfaxien de
Tunis à Radès, 1-0 (1-1 résultat du match aller au Caire). Une
victoire qui a ouvert à Ahli les portes de la Coupe du monde
des clubs qui s’est déroulée au Japon, pour la deuxième année
consécutive. Après une grande déception lors de l’édition de
2005 (dernière place), les Rouges ont rectifié le tir et
réalisé un exploit, en décrochant la médaille de bronze de la
compétition, montant sur le podium derrière l’Internacional du
Brésil et le FC Barcelone d’Espagne. Un succès qui a placé
Ahli et l’Egypte en général parmi les grandes nations du foot.
Karim Farouk
Pentathlon
Omniya et Aya
au-dessus du lot
«
L’Egypte a réalisé la meilleure performance dans toutes les
catégories de compétition de l’année 2006 en pentathlon
moderne. Elle a organisé la meilleure Coupe du monde grâce aux
efforts d’Ahmad Nasser, président de la Fédération égyptienne
», a déclaré Klaus Schormann, président de la Fédération
internationale de pentathlon moderne (UIPM). Omniya Fakhri a
en effet décroché la médaille de bronze aux Championnats du
monde qui se sont déroulés en novembre dernier au Guatemala.
Grâce à cette médaille, Omniya, 25 ans, annonce son retour en
force en tant que capitaine de l’équipe égyptienne, après une
période de recul de niveau ces dernières années. « Je suis
très fière de réaliser la première distinction africaine dans
cette discipline », souligne la jeune fille. Sa compatriote,
Aya Médani, 17 ans, a remporté cette saison les deux titres
individuels des Championnats du monde juniors des moins de 18
et 21 ans. Les deux filles ont réalisé cette performance grâce
à une Fédération égyptienne bien organisée, présidée par
l’ancien athlète, Ahmad Nasser. « Si la Fédération continue à
appliquer le même système, je pourrai réaliser mon objectif :
une médaille olympique », confie Aya Médani.
Boxe
Puissante Samiha
A
22 ans, la star de la boxe égyptienne, Samiha Hassan
Aboul-Gheit, a réédité l’exploit d’une médaille de bronze (52
kg) aux Championnats du monde féminins. Après 6 ans de
pratique de la discipline, la jeune fille originaire d’Assiout
a prouvé ses talents. Issue d’une famille conservatrice aux
traditions du sud de l’Egypte, Samiha a créé un effet boule de
neige en devenant la première Egyptienne du sud à pratiquer un
tel sport en 2000. Dès ses débuts qui coïncident avec ceux de
la discipline dans le pays, elle s’est distinguée par un
talent extraordinaire et un style de jeu spectaculaire marqué
par la vitesse. L’année dernière, cette jeune du Saïd a
surpris tout le monde en décrochant la première médaille
africaine aux Championnats du monde. « Le fait d’être la
première Africaine à remporter une médaille aux Mondiaux
représente une grande responsabilité. Je dois prouver que je
suis digne d’être une pionnière de la discipline en Afrique ».
Après ses deux consécrations aux Championnats du monde 2005 et
2006, Samiha vise à améliorer son niveau et parvenir à une
étape beaucoup plus élevée. Ses objectifs sont nombreux :
remporter une médaille d’or aux prochains Championnats du
monde, assurer la qualification pour les JO de Pékin et
réaliser une médaille à Pékin 2008.
Haltérophilie
Gloire retrouvée
grâce à Nahla et Mohamad
Lors
des derniers Championnats du monde, Nahla Ramadan (75 kg),
chez les dames, et Mohamad Ihsane Attiya (+105 kg), chez les
hommes, ont remporté chacun une médaille de bronze. Après une
absence de 3 ans, la championne du monde 2003, Nahla Ramadan
fait un timide retour mais honorable sur le podium mondial, en
décrochant la médaille de bronze à l’arraché. Cette jeune
fille, qui a réalisé pour l’Egypte ses meilleurs résultats de
la discipline en remportant le titre mondial en 2003, a en
effet passé une période plutôt trouble dans ses rapports avec
la Fédération égyptienne, qui s’est traduite par son absence
de l’équipe nationale. Malgré sa médaille obtenue cette année,
ses problèmes avec la Fédération n’ont pas cessé, et elle est
loin du camp de préparation de l’équipe nationale. Son
compatriote Mohamad Ihsane, champion du monde juniors 2002 et
2003, réalise un exploit en remportant sa première médaille
mondiale en catégorie +105 kg. Avec cette médaille, Ihsane a
fait un premier pas en seniors. Il mûrit de jour en jour et
acquiert plus d’expérience.
Squash
L’atout Chabana
Bien
que Amr Chabana n’ait pu réaliser son rêve cette année de
remporter le titre de champion du monde pour la 3e fois, et
ait terminé quart de finaliste, cela ne l’a guère influencé,
car il a conservé son classement de premier mondial. Il semble
être le principal atout du squash égyptien. Car Chabana est le
premier Egyptien à trôner sur le classement mondial PSA
(Association des joueurs professionnels de squash). Il a
réussi à conserver cette place depuis mai dernier, jusqu’à
présent, mais un fossé de 200 points le sépare du deuxième
joueur au classement, ce qui lui permettra de rester encore
quelques mois à l’abri, même s’il n’obtient pas de bons
résultats. En cette nouvelle année, Chabana rêve d’arracher le
titre de champion du monde car ce genre de titres reste à
jamais gravé dans la mémoire.
Mais Chabana n’est pas la seule star du squash cette année. La
discipline est prête à donner naissance à d’autres talents. En
juniors hommes, Rami Achour a enregistré un record historique
en s’imposant lors des Championnats du monde juniors des moins
de 19 ans. Il est devenu le premier joueur à remporter ce
titre 2 fois de suite. Et ce n’est pas tout, puisque les
Egyptiens ont réalisé un autre exploit lors de ces
Championnats du monde juniors, en décrochant les 3 premières
places avec Rami Achour, mais aussi Omar Mossaad et Tareq
Moëmen. Ces 3 Egyptiens ont réalisé une première pour
l’Egypte, qui enregistre un autre record avec cette
performance.
Karaté
Sept podiums aux
Mondiaux
Le
karaté égyptien a enregistré 7 médailles (2 d’argent et 5 de
bronze) aux Championnats du monde qui se sont déroulés en
octobre dernier à Tampere (Finlande). Mohamad Abdel-Rahmane
(-80 kg) et Mohannad Magdi (+80 kg) ont remporté chacun une
médaille d’argent en individuel. Ibrahim Khalifa (-60 kg) a
remporté une médaille de bronze en individuel. Chez les dames,
Heba Salah (-53 kg) a décroché une médaille de bronze en
individuel. De plus, l’Egypte a obtenu 2 médailles de bronze
en kumité par équipes et kata par équipes. Avec ce résultat,
l’Egypte réalise un exploit sans précédent dans l’histoire
égyptienne de la discipline. Les karatékas égyptiens ont ainsi
prouvé que le karaté, qui demeure un sport non olympique, est
en nette progression.
Lutte
Karam manque le
coche
La
plus grosse déception de l’année vient de la part du champion
olympique de lutte gréco-romaine, Karam Gaber (96 kg). Les
fans de la discipline s’attendaient à un résultat brillant de
ce dernier lors des Championnats du monde de Guangzhou
(Chine), en octobre dernier. Mais à la grande surprise de tous
les spectateurs, Karam a été battu au premier tour par le Turc
Hamza Yerlikaya, champion du monde 2005. En effet, depuis la
médaille d’or aux JO d’Athènes 2004, le niveau de Karam n’a
cessé de baisser. Aux Mondiaux 2005, il avait déclaré forfait
à la dernière minute, annonçant qu’il ne s’était pas bien
préparé. Cette année, il persiste dans son recul, sa
préparation étant loin d’être complète. Il a passé la plupart
de la saison loin des entraînements et multiplié les brouilles
avec la Fédération égyptienne.
Doaa Badr
Chourouq Chimy