Cette conférence avait une
importance particulière, car elle s’est déroulée à un moment
très critique pour la région du Moyen-Orient. N’oublions pas que
c’était la première fois qu’une réunion des ministres des
Affaires étrangères du partenariat euro-méditerranéen regroupe
35 pays dont les pays de l’Union européenne et huit pays arabes
du bassin méditerranéen, à savoir l’Egypte, l’Algérie, le Maroc,
la Tunisie, le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Autorité
palestinienne, ainsi que la Turquie et Israël. La réunion est
intervenue après les événements de Beit Hanoun et les horribles
bombardements qui ont visé cette localité du nord de Gaza,
faisant des dizaines de victimes innocentes dont des femmes et
des enfants.
Ajoutons à cela les conditions de vie
misérables et inhumaines qui affectent le peuple palestinien
après la suspension des fonds et l’embargo imposé par Israël.
Parmi les événements qui ont récemment marqué la région du
Proche-Orient figure également la guerre contre le Liban en août
dernier qui a endommagé l’infrastructure de ce pays et fait un
nombre très important de victimes civiles.
Sous ces conditions lamentables, une
explosion de la situation dans les territoires occupés ou au
Liban pourra intervenir à tout moment si Israël continue ses
agressions. Nous avons donc examiné l’avenir du processus de
Barcelone sans oublier que l’Autorité palestinienne, le Liban et
Israël sont trois membres de ce processus et se doivent de
consolider le partenariat euro-palestinien. L’Egypte, en tant
que coordinateur du groupe des pays arabes, a souligné
l’importance d’activer les volets du processus de Barcelone, qui
concernent les problèmes des pays du sud de la Méditerranée, et
en premier lieu le conflit arabo-israélien. Contribuer aux
efforts visant à établir la paix et la sécurité au Proche-Orient,
tel est le but principal formulé par les membres du processus de
Barcelone dans la déclaration de l’année 1995.
— Comment évaluez-vous le rôle européen à cet
égard ?
— Les derniers événements survenus dans la
région ont enclenché un mouvement européen très actif dans le
but d’aboutir à une solution globale du conflit arabo-israélien
et cela à travers un retour à la table de négociations.
C’est pourquoi nous avons besoin aujourd’hui
plus que jamais d’une action commune afin d’exploiter ce nouvel
élan européen qu’a suscité la guerre contre le Liban et pour
briser la paralysie et l’immobilité qui ont frappé dernièrement
le processus de paix.
— Quelle est votre évaluation de l’initiative
hispano-franco-italienne visant à relancer le processus de paix
dans la région ? L’avez-vous discutée dans le cadre de la
huitième conférence des ministres des Affaires étrangères du
processus de Barcelone ?
— Nous soutenons tous les efforts visant à
encourager la relance des pourparlers entre les Palestiniens et
les Israéliens pour faire avancer le processus de paix et
établir la paix dans la région.
C’est dans cet esprit là que nous avons parlé
de l’initiative hispano-franco-italienne qui est encore en
période de gestation. En réalité, cette initiative n’a pas
encore pris sa forme définitive, d’autant plus que les
pourparlers engageant les trois pays, auteurs de l’initiative,
ne sont pas encore terminés.
Nous nous attendons à ce que d’autres parties
européennes rejoignent ces consultations afin d’aboutir à une
initiative qui bénéficie de l’appui de l’Union européenne. La
conférence des ministres du processus de Barcelone a tenu en
marge de la réunion élargie un grand nombre de rencontres
bilatérales pour discuter de problèmes d’intérêt commun, entre
autres le processus de paix et les efforts liés à ce processus.
— Le Proche-Orient a donc été une priorité de
la conférence du processus de Barcelone ...
— Bien sûr la crise du Proche-Orient a été
largement traité par les ministres. Le document final de la
conférence s’est largement inspiré du « projet de document »
présenté par l’Egypte au nom du groupe des pays arabes. Le
document final comporte des démarches concrètes pour la
consolidation du partenariat euro-méditerranéen aux niveaux
politique, économique, culturel et social et en premier lieu la
contribution du processus de Barcelone aux efforts destinés à
promouvoir le règlement du conflit israélo-palestinien. En outre,
il souligne l’importance de l’application de la charte de la
lutte contre le terrorisme et les obligations prévues par le
programme des cinq prochaines années, issu du premier sommet de
Barcelone en novembre 2005, dont la coopération dans le domaine
de la sécurité énergétique, la communication et la technologie
de l’information, la promotion du niveau de l’éducation
supérieure ainsi que la recherche scientifique et technologique.
L’Egypte a d’ailleurs proposé d’accueillir deux conférences
euro-méditerranéennes dans ces deux derniers domaines en l’an
2007. Ajoutons à cela la consolidation du dialogue des
civilisations et l’activation du rôle de la fondation d’Anna
Lindt à Alexandrie afin de contribuer au rapprochement des deux
rives de la Méditerranée.
— Comment peut-on consolider la coopération
euro-méditerranéenne dans les domaines économique, culturel et
social alors que les agressions israéliennes continuent ?
— Il y a un lien organique entre la stabilité
dans la région d’une part et l’avenir du partenariat euro-méditerranéen
d’autre part. Ceci s’applique à tous les domaines, projets et
programmes. Car la continuation de l’occupation par Israël des
territoires palestiniens, du Golan et du Sud-Liban représente
une menace et un obstacle permanents qui entravent la
coopération euro-méditerranéenne.
— Quel est le rôle du processus de Barcelone
dans la construction d’un dialogue permanent entre les pays des
deux rives de la Méditerranée ?
— Comme je l’ai dit, le dialogue des cultures
représente un des axes principaux du processus de Barcelone, cet
aspect devient d’autant plus important en l’absence d’une
solution au problème palestinien et avec ce sentiment de colère
qui gagne le monde arabo-musulman vis-à-vis des agressions
israéliennes contre le peuple palestinien. Si nous ajoutons à
cela le problème de l’intégration des communautés arabes et
musulmanes en Europe, nous comprendrons l’importance pour les
Européens d’intégrer la lutte contre le racisme, la promotion de
la tolérance et du respect de la culture et de la civilisation
de l’autre dans le processus de Barcelone.
Aïcha Abdel-Ghaffar