Al-Ahram Hebdo,Environnement | Bien s’amarrer pour mieux avancer
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 Semaine du 29 novembre à 3 décembre 2006, numéro 638

 

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Environnement

 Méditerranée. La 3e conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l’environnement, qui s’est tenue au Caire le 20 novembre, a permis d’établir un calendrier de travail précis pour la mise en place de l’initiative Horizon 2020.

Bien s’amarrer pour mieux avancer

Quatorze ministres de pays méditerranéens, 87 participants de haut niveau, les représentants d’organisations internationales et d’ONG, ont participé à la 3e conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l’environnement, tenue au Caire le 20 novembre. Le but affiché de cette conférence étant de passer la vitesse supérieure et, plus que jamais, de faire la chasse aux pollueurs de la mer Méditerranée. Les participants se sont notamment mis d’accord sur un calendrier de la phase initiale de l’initiative Horizon 2020, jusqu’en 2013, et ont publié la déclaration finale du Caire.

L’initiative Horizon 2020 a été lancée par la Commission européenne en 2005, à l’occasion du 10e anniversaire du partenariat euro-méditerranéen. Elle vise à dépolluer la Méditerranée selon un calendrier bien précis qui sera achevé à travers une application plus stricte de la convention de Barcelone, qui fête ses trente ans cette année, ainsi que ses protocoles, mais aussi de la stratégie méditerranéenne du développement durable avec la coordination du Plan d’Action Méditerranéen dépendant du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE-PAM).

« Nous sommes très fiers d’accueillir cette conférence ministérielle importante, ici, au Caire. En ce qui concerne l’initiative Horizon 2020, l’Egypte a déployé beaucoup d’efforts au niveau national. Nous avons exécuté plusieurs projets pour arrêter le versement du drainage sanitaire et nous continuerons ces efforts jusqu’à stopper complètement le versement du drainage sanitaire brut dans la Méditerranée », indique Magued Georges, ministre égyptien de l’Environnement.

Cette conférence est, semble-t-il, venue à point nommé. En effet, des informations collectées par MEDPOL, qui est un des programmes de dépollution dépendant du PNUE-PAM, vient assurer que la mer pourrait mourir de sept genres d’industries qui ne cessent de la polluer, notamment les raffineries d’huile, les industries des engrais, métallurgiques, chimiques et du papier. Des millions de tonnes de substances polluantes toxiques sont versées chaque année dans la Méditerranée par les industries. 85 000 tonnes de métaux lourds, 900 000 tonnes de phosphore et 200 000 tonnes de nitrogène.

Les chiffres sont effrayants mais réels. Ces données proviennent essentiellement des 21 pays côtiers de la Méditerranée. Ils ont indiqué que quelque 9 400 industries déversent leurs eaux usées directement en milieu marin. C’est ainsi que le niveau de mercure dans les fruits de mer dépasse de 20 fois les limites stipulées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Intervention urgente

« Les données confirment la nécessité d’une intervention urgente de la part des pays méditerranéens. Nous devons sauver la Méditerranée et éviter qu’elle ne se transforme en une autre Baltique. Aujourd’hui, la mer Baltique a besoin de 100 ans pour se dépolluer, mais la Méditerranée, on peut la dépolluer à l’Horizon 2020 si on réussit à contrôler les industries et l’agriculture », assure Alfonso Pecoraro Scanio, ministre italien de l’Environnement, de la Terre et de la Mer.

Selon Mme Benita Ferrero Waldner, commissaire européenne chargée des Relations extérieures et de la politique européenne de voisinage, les 150 millions de personnes peuplant les régions côtières de la Méditerranée se doivent de préserver l’héritage naturel de la Méditerranée. Il ne s’agit pas seulement de sauvegarder l’environnement pour les générations futures, mais aussi de préserver leur vie présente et d’améliorer de manière urgente leur qualité de vie.

« La protection écologique de la région méditerranéenne et la réduction des sources de pollution demanderont un investissement important dans les prochaines années. Dans le but d’accroître les investissements, il faudra repositionner l’environnement dans la hiérarchie de nos priorités politiques », explique Mme Waldner. Elle a également ajouté que la Commission européenne considère la coopération en matière d’environnement comme une priorité au sein du processus de Barcelone et de la politique européenne de voisinage. « La totalité des plans d’action de voisinage incluent des composants environnementaux substantiels et à partir de 2007, l’Instrument Européen de Partenariat et de Voisinage (IEPV) prévoira une assistance financière substantielle pour les programmes environnementaux », assure Benita Ferrero Waldner.

En fait, les traits les plus marquants de cette conférence, rassemblés dans la déclaration finale du Caire, qui se veut ambitieuse, sont : établir un partenariat complet entre les pays euro-méditerranéens à travers la promotion du dialogue politique, reconnaître les influences négatives des conflits sur l’environnement, approuver les pas en avant réalisés à travers le Programme d’action prioritaire à court et moyen termes pour l’environnement (SMAP), assurer l’indispensabilité de la réalisation du développement durable au niveau national et régional.

Un calendrier équilibré

« Le ministère égyptien des Affaires étrangères avec la coopération du ministère de l’Environnement ont déployé beaucoup d’efforts pour élaborer la déclaration du Caire », avance le conseiller Omar Aboul-Eich, directeur de l’environnement au sein du ministère des Affaires étrangères. Il ajoute que des groupes de travail ont été créés afin d’arriver à un texte qui réponde aux intérêts de tous les concernés.

« A propos du calendrier, il est très logique et très équilibré et il pourra aider à réaliser les objectifs précisés dans l’initiative Horizon 2020 », précise Aboul-Eich.

En effet, le présent calendrier porte sur la phase initiale de l’initiative Horizon 2020, jusqu’en 2013, ce qui correspond à la période couverte par les prochaines perspectives financières de l’Union Européenne (UE).

Un rapport sur l’état d’avancement de l’initiative sera réalisé à mi-parcours, en 2009, et remis aux ministres de l’Environnement euro-méditerranéens. L’initiative fera, ensuite, l’objet d’un réexamen lors d’une réunion des ministres de l’Environnement parties au partenariat euro-méditerranéen, qui aura lieu en 2012. Sur un plan bilatéral, le dialogue officiel entre l’UE et les pays partenaires abordera l’initiative Horizon 2020 à travers des réunions régulières des sous-comités sur l’énergie, le transport, l’environnement, au fur et à mesure de leur création.

La structure du calendrier suit les quatre volets de l’initiative Horizon 2020 qui sont les projets de réduction de la pollution, les mesures de renforcement des capacités, la recherche, l’évaluation et le suivi.

L’initiative Horizon 2020 est très riche, reste à savoir si les pays membres seront fidèles aux engagements de cette initiative.

Dalia Abdel-Salam

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Emmanuelle Leblanc, chargée de mission Méditerranée au ministère français de l’Ecologie et du Développement durable, précise les prérogatives de l’initiative Horizon 2020 et du plan d’action de la Méditerranée.

« Il faut intégrer l’environnement dans les politiques »

Al-Ahram Hebdo : L’initiative Horizon 2020 s’occupe de la dépollution de la Méditerranée, à l’instar de la convention de Barcelone, qui fête cette année son trentième anniversaire. L’initiative Horizon 2020 vient-elle enterrer la convention de Barcelone ?

Emmanuelle Leblanc : Non, on ne peut pas dire que l’initiative Horizon 2020 tuera la convention de Barcelone car les deux processus sont complémentaires. Quand je parle, par exemple, du Plan d’Action de la Méditerranée (PAM), qui dépend du PNUE, il s’adosse à la convention mais pas à la mise en œuvre des stratégies. La convention de Barcelone fait partie du PAM et ce dernier fait beaucoup de progrès avec la Commission européenne, qui pilote l’initiative Horizon 2020. Il y a tout un programme de travail entre eux.

Néanmoins, l’initiative se concentre sur les questions de pollution qui sont plus importantes pour les pays du Sud de la Méditerranée. Il est temps vraiment de s’occuper de ça, il faut passer à l’action.

— Quelles seront exactement les prérogatives de l’initiative Horizon 2020, et quel sera le rôle des pays développés du Nord de la Méditerranée ?

— Selon Horizon 2020, il s’agit de travailler sur la pollution de la Méditerranée d’origine terrestre. Et nous, en tant que bailleur de fonds bilatéral, nous allons travailler dans plusieurs domaines tels que le traitement des déchets, notamment via l’Agence française de développement, qui vient d’ouvrir un bureau au Caire. En fait, nous participons déjà à ces questions de dépollution mais la France doit se rappeler qu’il y a d’autres domaines, notamment celui de la qualité de l’air, par exemple. En effet, les Etats méditerranéens développés participent au financement de projets environnementaux à travers la Commission européenne ou de façon bilatérale. On a dû, de même, refondre les instruments de financement de toute l’Union Européenne (UE). Maintenant, nous avons approuvé l’IEPV qui est l’Instrument Européen de Partenariat et de Voisinage, qui sera notre instrument pour la période 2007-2013.

— L’initiative Horizon 2020 peut-elle sauver la Méditerranée ?

— On a suffisamment circonscrit le sujet, surtout qu’il est assez bien défini. On est supposé mettre un comité de pilotage et faire attention à ce que tous les acteurs en fassent partie, tels que la Commission européenne, la Banque européenne de développement et les pays donateurs. Ainsi, l’affaire sera beaucoup plus claire.

— La déclaration du Caire, qui a été approuvée par la 3e conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l’environnement, est-elle satisfaisante ?

— Oui, puisque tous les pays membres l’ont discutée à travers plusieurs bureaux de travail, dont le dernier était à Bruxelles. Mais on aurait aimé qu’elle parle plus de l’affaire de l’intégration de l’environnement dans les politiques.

— Puisque vous êtes chargée de mission Méditerranée, que pouvez-vous nous dire à propos de l’évolution du PAM ?

— Depuis fin 2005, le PAM a une stratégie méditerranéenne de développement durable qui a été endossée par les chefs d’Etat encore fin 2005. Cela veut dire que depuis un an, on a un cadre stratégique d’action dans le domaine du développement durable. Dans cette stratégie, nous devons progresser sur sept sujets afin d’intégrer l’environnement dans les politiques. La mer Méditerranée figure parmi les sept sujets. Les six autres sont : l’eau douce, les changements climatiques et l’énergie, le tourisme, le développement urbain, le développement rural et enfin les transports.

De plus, le PAM réfléchit à mettre en place un système de respect de l’obligation. Il est vrai que les pays font des progrès mais on s’attend à plus. Il nous faut trouver un moyen terme afin de travailler dans des enceintes régionales sur ces questions de l’environnement pour être dans une approche collective.

Propos recueillis par D. S.

 




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