Quatorze
ministres de pays méditerranéens, 87 participants de haut niveau,
les représentants d’organisations internationales et d’ONG, ont
participé à la 3e conférence ministérielle euro-méditerranéenne
sur l’environnement, tenue au Caire le 20 novembre. Le but
affiché de cette conférence étant de passer la vitesse
supérieure et, plus que jamais, de faire la chasse aux pollueurs
de la mer Méditerranée. Les participants se sont notamment mis
d’accord sur un calendrier de la phase initiale de l’initiative
Horizon 2020, jusqu’en 2013, et ont publié la déclaration finale
du Caire.
L’initiative Horizon 2020 a été lancée par la
Commission européenne en 2005, à l’occasion du 10e anniversaire
du partenariat euro-méditerranéen. Elle vise à dépolluer la
Méditerranée selon un calendrier bien précis qui sera achevé à
travers une application plus stricte de la convention de
Barcelone, qui fête ses trente ans cette année, ainsi que ses
protocoles, mais aussi de la stratégie méditerranéenne du
développement durable avec la coordination du Plan d’Action
Méditerranéen dépendant du Programme des Nations-Unies pour
l’Environnement (PNUE-PAM).
« Nous sommes très fiers d’accueillir cette
conférence ministérielle importante, ici, au Caire. En ce qui
concerne l’initiative Horizon 2020, l’Egypte a déployé beaucoup
d’efforts au niveau national. Nous avons exécuté plusieurs
projets pour arrêter le versement du drainage sanitaire et nous
continuerons ces efforts jusqu’à stopper complètement le
versement du drainage sanitaire brut dans la Méditerranée »,
indique Magued Georges, ministre égyptien de l’Environnement.
Cette conférence est, semble-t-il, venue à
point nommé. En effet, des informations collectées par MEDPOL,
qui est un des programmes de dépollution dépendant du PNUE-PAM,
vient assurer que la mer pourrait mourir de sept genres
d’industries qui ne cessent de la polluer, notamment les
raffineries d’huile, les industries des engrais, métallurgiques,
chimiques et du papier. Des millions de tonnes de substances
polluantes toxiques sont versées chaque année dans la
Méditerranée par les industries. 85 000 tonnes de métaux lourds,
900 000 tonnes de phosphore et 200 000 tonnes de nitrogène.
Les chiffres sont effrayants mais réels. Ces
données proviennent essentiellement des 21 pays côtiers de la
Méditerranée. Ils ont indiqué que quelque 9 400 industries
déversent leurs eaux usées directement en milieu marin. C’est
ainsi que le niveau de mercure dans les fruits de mer dépasse de
20 fois les limites stipulées par l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS).
Intervention urgente
« Les données confirment la nécessité d’une
intervention urgente de la part des pays méditerranéens. Nous
devons sauver la Méditerranée et éviter qu’elle ne se transforme
en une autre Baltique. Aujourd’hui, la mer Baltique a besoin de
100 ans pour se dépolluer, mais la Méditerranée, on peut la
dépolluer à l’Horizon 2020 si on réussit à contrôler les
industries et l’agriculture », assure Alfonso Pecoraro Scanio,
ministre italien de l’Environnement, de la Terre et de la Mer.
Selon Mme Benita Ferrero Waldner, commissaire
européenne chargée des Relations extérieures et de la politique
européenne de voisinage, les 150 millions de personnes peuplant
les régions côtières de la Méditerranée se doivent de préserver
l’héritage naturel de la Méditerranée. Il ne s’agit pas
seulement de sauvegarder l’environnement pour les générations
futures, mais aussi de préserver leur vie présente et
d’améliorer de manière urgente leur qualité de vie.
« La protection écologique de la région
méditerranéenne et la réduction des sources de pollution
demanderont un investissement important dans les prochaines
années. Dans le but d’accroître les investissements, il faudra
repositionner l’environnement dans la hiérarchie de nos
priorités politiques », explique Mme Waldner. Elle a également
ajouté que la Commission européenne considère la coopération en
matière d’environnement comme une priorité au sein du processus
de Barcelone et de la politique européenne de voisinage. « La
totalité des plans d’action de voisinage incluent des composants
environnementaux substantiels et à partir de 2007, l’Instrument
Européen de Partenariat et de Voisinage (IEPV) prévoira une
assistance financière substantielle pour les programmes
environnementaux », assure Benita Ferrero Waldner.
En fait, les traits les plus marquants de
cette conférence, rassemblés dans la déclaration finale du Caire,
qui se veut ambitieuse, sont : établir un partenariat complet
entre les pays euro-méditerranéens à travers la promotion du
dialogue politique, reconnaître les influences négatives des
conflits sur l’environnement, approuver les pas en avant
réalisés à travers le Programme d’action prioritaire à court et
moyen termes pour l’environnement (SMAP), assurer
l’indispensabilité de la réalisation du développement durable au
niveau national et régional.
Un calendrier équilibré
« Le ministère égyptien des Affaires
étrangères avec la coopération du ministère de l’Environnement
ont déployé beaucoup d’efforts pour élaborer la déclaration du
Caire », avance le conseiller Omar Aboul-Eich, directeur de
l’environnement au sein du ministère des Affaires étrangères. Il
ajoute que des groupes de travail ont été créés afin d’arriver à
un texte qui réponde aux intérêts de tous les concernés.
« A propos du calendrier, il est très logique
et très équilibré et il pourra aider à réaliser les objectifs
précisés dans l’initiative Horizon 2020 », précise Aboul-Eich.
En effet, le présent calendrier porte sur la
phase initiale de l’initiative Horizon 2020, jusqu’en 2013, ce
qui correspond à la période couverte par les prochaines
perspectives financières de l’Union Européenne (UE).
Un rapport sur l’état d’avancement de
l’initiative sera réalisé à mi-parcours, en 2009, et remis aux
ministres de l’Environnement euro-méditerranéens. L’initiative
fera, ensuite, l’objet d’un réexamen lors d’une réunion des
ministres de l’Environnement parties au partenariat euro-méditerranéen,
qui aura lieu en 2012. Sur un plan bilatéral, le dialogue
officiel entre l’UE et les pays partenaires abordera
l’initiative Horizon 2020 à travers des réunions régulières des
sous-comités sur l’énergie, le transport, l’environnement, au
fur et à mesure de leur création.
La structure du calendrier suit les quatre
volets de l’initiative Horizon 2020 qui sont les projets de
réduction de la pollution, les mesures de renforcement des
capacités, la recherche, l’évaluation et le suivi.
L’initiative Horizon 2020 est très riche,
reste à savoir si les pays membres seront fidèles aux
engagements de cette initiative.
Dalia Abdel-Salam