Le
premier bureau de crédit d’Egypte, chargé de répertorier les
bénéficiaires de crédits auprès des banques et institutions
financières, s’appellera I Score. Il entamera ses activités
début 2007 alors que les octrois de crédits bancaires aux
particuliers battent leur plein. La création de cette société a
été annoncée lors de la conférence du Bureau de crédit,
organisée le 26 novembre dernier. Vingt-sept banques ainsi que
le Fonds Social de Développement (FSD), ont coopéré pour que I
Score voie le jour. La Banque Centrale Egyptienne (BCE) avait,
en fait, approuvé la création d’un bureau de crédit en août
2005. `
La tâche d’I Score n’est pas facile,
puisqu’elle doit classer les bénéficiaires de crédits d’après
leur degré d’engagement et de fiabilité. Dans ce but, I Score a
conclu, en septembre 2006, un contrat de coopération avec la
multinationale Dun and Bradstreet International (D&G) devenue
son consultant de projet et de technologies. Mohamad Kafafi, le
PDG actuel de I Score, a déclaré qu’il s’est aussi entretenu
avec des responsables de la BCE afin que sa société profite
d’informations bancaires concernant plus de deux millions de
particuliers. « C’est une première étape. Il nous faut quelques
mois pour collecter les informations nécessaires »,
explique-t-il. Il a ajouté que le FSD va, par ailleurs, procurer
à la société naissante I Score des informations sur 50 000
personnes ayant déjà bénéficié de microcrédits grâce au Fonds. «
Nous optons pour la coopération de toutes les sociétés
travaillant dans le domaine du commerce du détail à crédit,
comme celles vendant des voitures, des appareils électroménagers
ou encore celles de financement immobilier. C’est notre intérêt
mutuel ».
Le directeur général de I Score, Mohamad
Réfaat, a précisé de son côté que la société collectera des
informations sur les bénéficiaires de microcrédits d’au moins 5
000 L.E., ainsi que les détenteurs de cartes de crédit, dans un
intervalle d’un an. Tareq Al-Husseini, vice-président de Visa
International en Egypte, espère que cette coopération
contribuera à l’accroissement du nombre de cartes Visa délivrées,
estimé actuellement dans le pays à 2 millions. Car toujours
selon Tareq Al-Husseini, I Score dévoilera de nouvelles tranches
de clients, et permettra une croissance économique : « La
croissance de 10 % dans la délivrance de cartes Visa permettra
une croissance de 0,6 % du PIB », renchérit-il.
Mohamad Barakat, PDG de Banque Misr et du
Caire (publique), espère que ce service permettra d’augmenter le
nombre de crédits délivrés « trop limité actuellement en raison
du problème des insolvables concernant presque toutes les
banques égyptiennes ». Le secteur du crédit a beaucoup stagné
ces dernières années. Et, selon le rapport Doing Business 2006
de la Banque mondiale, l’Egypte est maintenant à la 142e place
sur 155 pays en matière d’octroi de crédits. Sahar Al-Damati,
directeur du département de gestion de risque auprès de la
banque HSBC, souligne quant à elle que I Score permettra de
réduire les risques de non remboursement des crédits bancaires,
« car chaque banque détiendra les informations nécessaires sur
son débiteur éventuel ou actuel. Ce qui permettra par ailleurs
de proposer de nouveaux produits », assure-t-elle.
Se basant sur les informations de la Banque
mondiale, Alaa Samaha, PDG de la banque Bloom Misr, regrette
qu’en l’absence de ce service, seuls 15 % des crédits octroyés
par les banques ont jusque ici été performants. Samaha note, de
plus, d’après un rapport du ministère de l’Investissement datant
de la fin 2005, que les crédits ont été trop concentrés. Un très
petit nombre de bénéficiaires de crédits (0,19 %) en ont reçu
plus de la moitié, à savoir 52 %. Selon lui, cette situation
pourrait changer grâce à I Score qui offrira des renseignements
sur plusieurs types de clients, notamment les Petites et
Moyennes Entreprises (PME), puisque la BCE ne suit que les
bénéficiaires de crédits de plus de 40 000 L.E.
Malgré tout, Chérif Raafat, président de
l’institution financière Concord, critique la méthode de
collecte des informations, qui ne se concentre que sur les
personnes ayant déjà un historique bancaire et qui ne sont
qu’une minorité parmi une population de 72 millions d’habitants.
Selon lui, cette méthode marginalisera probablement des
catégories de personnes ayant besoin d’un crédit et qui n’en ont
pas les moyens. « Ainsi, I Score devra beaucoup coopérer avec
d’autres acteurs du marché, comme les ONG qui délivrent des
microcrédits ». Quoi qu’il en soit, une première étape
importante a été franchie.
Dahlia Réda