Al-Ahram Hebdo, Economie | Les clients suivis à la trace
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 Semaine du 29 novembre à 3 décembre 2006, numéro 638

 

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Economie
Prêts . L’historique des bénéficiaires de crédits sera, dès 2007, regroupé par le bureau privé I Score. Cette basede données devrait permettre de diversifier les offres et de rendre le système bancaire plus performant.

Les clients suivis à la trace

Le premier bureau de crédit d’Egypte, chargé de répertorier les bénéficiaires de crédits auprès des banques et institutions financières, s’appellera I Score. Il entamera ses activités début 2007 alors que les octrois de crédits bancaires aux particuliers battent leur plein. La création de cette société a été annoncée lors de la conférence du Bureau de crédit, organisée le 26 novembre dernier. Vingt-sept banques ainsi que le Fonds Social de Développement (FSD), ont coopéré pour que I Score voie le jour. La Banque Centrale Egyptienne (BCE) avait, en fait, approuvé la création d’un bureau de crédit en août 2005. `

La tâche d’I Score n’est pas facile, puisqu’elle doit classer les bénéficiaires de crédits d’après leur degré d’engagement et de fiabilité. Dans ce but, I Score a conclu, en septembre 2006, un contrat de coopération avec la multinationale Dun and Bradstreet International (D&G) devenue son consultant de projet et de technologies. Mohamad Kafafi, le PDG actuel de I Score, a déclaré qu’il s’est aussi entretenu avec des responsables de la BCE afin que sa société profite d’informations bancaires concernant plus de deux millions de particuliers. « C’est une première étape. Il nous faut quelques mois pour collecter les informations nécessaires », explique-t-il. Il a ajouté que le FSD va, par ailleurs, procurer à la société naissante I Score des informations sur 50 000 personnes ayant déjà bénéficié de microcrédits grâce au Fonds. « Nous optons pour la coopération de toutes les sociétés travaillant dans le domaine du commerce du détail à crédit, comme celles vendant des voitures, des appareils électroménagers ou encore celles de financement immobilier. C’est notre intérêt mutuel ».

Le directeur général de I Score, Mohamad Réfaat, a précisé de son côté que la société collectera des informations sur les bénéficiaires de microcrédits d’au moins 5 000 L.E., ainsi que les détenteurs de cartes de crédit, dans un intervalle d’un an. Tareq Al-Husseini, vice-président de Visa International en Egypte, espère que cette coopération contribuera à l’accroissement du nombre de cartes Visa délivrées, estimé actuellement dans le pays à 2 millions. Car toujours selon Tareq Al-Husseini, I Score dévoilera de nouvelles tranches de clients, et permettra une croissance économique : « La croissance de 10 % dans la délivrance de cartes Visa permettra une croissance de 0,6 % du PIB », renchérit-il.

Mohamad Barakat, PDG de Banque Misr et du Caire (publique), espère que ce service permettra d’augmenter le nombre de crédits délivrés « trop limité actuellement en raison du problème des insolvables concernant presque toutes les banques égyptiennes ». Le secteur du crédit a beaucoup stagné ces dernières années. Et, selon le rapport Doing Business 2006 de la Banque mondiale, l’Egypte est maintenant à la 142e place sur 155 pays en matière d’octroi de crédits. Sahar Al-Damati, directeur du département de gestion de risque auprès de la banque HSBC, souligne quant à elle que I Score permettra de réduire les risques de non remboursement des crédits bancaires, « car chaque banque détiendra les informations nécessaires sur son débiteur éventuel ou actuel. Ce qui permettra par ailleurs de proposer de nouveaux produits », assure-t-elle.

Se basant sur les informations de la Banque mondiale, Alaa Samaha, PDG de la banque Bloom Misr, regrette qu’en l’absence de ce service, seuls 15 % des crédits octroyés par les banques ont jusque ici été performants. Samaha note, de plus, d’après un rapport du ministère de l’Investissement datant de la fin 2005, que les crédits ont été trop concentrés. Un très petit nombre de bénéficiaires de crédits (0,19 %) en ont reçu plus de la moitié, à savoir 52 %. Selon lui, cette situation pourrait changer grâce à I Score qui offrira des renseignements sur plusieurs types de clients, notamment les Petites et Moyennes Entreprises (PME), puisque la BCE ne suit que les bénéficiaires de crédits de plus de 40 000 L.E.

Malgré tout, Chérif Raafat, président de l’institution financière Concord, critique la méthode de collecte des informations, qui ne se concentre que sur les personnes ayant déjà un historique bancaire et qui ne sont qu’une minorité parmi une population de 72 millions d’habitants. Selon lui, cette méthode marginalisera probablement des catégories de personnes ayant besoin d’un crédit et qui n’en ont pas les moyens. « Ainsi, I Score devra beaucoup coopérer avec d’autres acteurs du marché, comme les ONG qui délivrent des microcrédits ». Quoi qu’il en soit, une première étape importante a été franchie.

Dahlia Réda

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