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 Semaine du 25 au 31 octobre 2006, numéro 633

 

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Al-Aïn Al-Sokhna . Une mission égypto-française a mis au jour la plus riche mine de cuivre de l’Egypte Ancienne au bord de la mer tout près du golfe de Suez. Des caves, des fours, des objets en cuivre ainsi que de tessons de poterie et de nombreuses scories ont été dégagés dans ce site minier exceptionnel de 2000 ans av. J.-C.

Une zone archéologique exceptionnelle

Al-Aïn Al-Sokhna,
De notre envoyée spéciale —

En raison de l’intérêt que suscite actuellement la région d’Al-Aïn Al-Sokhna, où les équipements touristiques et les aménagements industriels disputent l’espace sur un littoral étroit, des fouilles de sauvetage ont été organisées depuis l’an 2000, dans le cadre d’un partenariat égypto-français : entre le Conseil Suprême des Antiquités (CSA), l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) du Caire, l’Université du Canal de Suez et l’Université de Paris IV Sorbonne. « La mission égypto-française a, au début, découvert une série importante d’inscriptions pharaoniques à Al-Aïn Al-Sokhna, qui revêt un intérêt particulier. Ces inscriptions hiéroglyphiques ont été relevées au bord de la nouvelle route qui longe le littoral. La plupart d’entre elles sont regroupées sur un gros rocher, qui offre une belle paroi verticale sur une vingtaine de mètres sur le versant de la montagne », explique Georges Castel, de l’IFAO. C’est grâce à la découverte des inscriptions que l’équipe de fouille a réussi à faire apparaître une activité industrielle qui consiste en l’exploitation du cuivre dans cette région. Une des plus grandes et plus importantes mines a été découverte. Des galeries de mines et des fours de réduction de métal se trouvaient au pied de la montagne tandis que l’habitat et les ateliers métallurgiques étaient situés près de la route. Un événement archéologique singulier. « Al-Aïn Al-Sokhna est l’un des emplacements les mieux situés pour envoyer des expéditions minières dans le centre du Sinaï ou dans la partie nord du Désert oriental, et pour maintenir des activités ponctuelles, telles que l’assemblage de navires ou la réduction de minerai. C’est aussi l’endroit le plus proche et le plus accessible de la capitale (à 100 km environ) », souligne Ahmad Halim, inspecteur archéologique. Rien d’étonnant à ce que ce site ait été choisi, du moins dès le Moyen Empire par les expéditions, pour rapporter la turquoise, le cuivre et tous les bons produits de la région. Le site d’Al-Aïn Al-Sokhna semble être, dans cette région, pratiquement le seul témoignage de la présence de la civilisation pharaonique au bord de la mer.

Inscriptions sur les rochers

L’élément le plus spectaculaire du site, lors de sa découverte, est un grand rocher couvert d’inscriptions surplombant une petite crique au pied de la montagne. De nombreux textes de différentes époques y sont gravés, qui permettent immédiatement d’avoir une idée de l’histoire de ce lieu durant une longue période. « Le plus ancien de ces documents est ainsi une représentation au nom d’un souverain mal connu, le dernier pharaon de la XIe dynastie, le roi Montouhotep IV, qui semble avoir connu un règne éphémère (deux ans), autour de 2000 av. J.-C. Le souverain est figuré de façon conventionnelle debout, tenant une massue et s’appuyant sur un bâton de commandement. Devant lui apparaissent différents éléments de sa titularisation », précise le Dr Mohamad Abdel-Aziz, de l’Université du Canal de Suez et chef de la mission qui opère sur le site.

Mais le plus intéressant de l’ensemble est un texte hiéroglyphique composé de trois colonnes qui accompagne la gravure : il indique, en effet, le passage en ce lieu d’une troupe de 3 000 hommes. La raison de leur présence est également donnée : il s’agit de rapporter la turquoise, le cuivre et tous les bons produits du désert.

« Ces inscriptions sont évidemment d’un intérêt non négligeable pour l’histoire générale de l’Egypte pharaonique, surtout que la période de transition entre la XIe et la XIIe dynasties est assez mal connue », estime Mohamad Abdel-Aziz. D’autres inscriptions trouvées confirment l’importance du site en permettant de suivre l’historique du site au cours des siècles. Ainsi, de nouvelles informations ont été révélées. « On a remarqué que ces inscriptions ressemblaient beaucoup à celles gravées sur les rochers de Sérabit Al-Khadem et Wadi Al-Maghara, au sud-ouest de la péninsule du Sinaï. D’ailleurs, ce sont des sites connus également par la présence de mines et l’exploitation de la turquoise », indique-t-il.

Selon Ahmad Halim, Al-Aïn Al-Sokhna a été envahie à différentes époques. La mission a ainsi relevé le cartouche d’un roi de la XXVIe dynastie (VIIe–VIe siècle av. J.-C.), plusieurs signatures grecques datables, par la paléographie, de la fin de l’époque ptolémaïque (Ier siècle av. J.-C.), et une importante série de textes coptes dont certains sont datés précisément de la fin du VIIIe siècle. « Il faut dire qu’à cette époque, l’ensemble de la côte ouest du golfe de Suez a connu une occupation intense par des ermitages », souligne Ahmad Halim.

L’art des nomades

Enfin, la séquence se clôt par une série de dessins de chameaux stylisés qui ont été laissés par des nomades parcourant, à l’époque médiévale, les pistes du Désert oriental. Tout ceci renforce l’idée que le site antique d’Al-Aïn Al-Sokhna a pu, de tout temps, servir d’étape pour des cheminements très variés. C’est cependant sur une exploitation minière locale que les fouilles archéologiques ont livré, dans un premier temps, le plus d’informations. Des protections entreprises à la surface du site ont rapidement montré la présence, sur une large surface, de tessons de poterie et de nombreuses scories résultant de la réduction du cuivre. Les travaux de dégagement entrepris dès 2002 ont progressivement fait apparaître de très nombreuses galeries de mines, qui avaient été, au cours du temps, entièrement recouvertes. La minéralisation y est encore visible.

« Les galeries semblent avoir été creusées de façon rectiligne au flanc de la montagne à un niveau avoisinant les 14 m au-dessus du niveau de la mer. Elles s’ouvrent par un petit orifice régulier de 1,5 m de hauteur et de 0,70 m de largeur environ, précédé par une descenderie assez raide équipée par quelques marches grossières pour en faciliter l’accès. La profondeur de ces galeries est variable : elles mesuraient, au minimum, une vingtaine de mètres de longueur, pour une largeur moyenne de deux mètres », précise Moustapha Noureddine, chef des inspecteurs archéologiques. Mais le phénomène le plus remarquable est peut-être l’extraordinaire concentration de ces structures sur un espace restreint de 150 m environ. Ces galeries ont, pour la plupart, rapidement été remblayées par des déblais de mines, puis par des alluvions : elles n’ont donc pas connu de reprise d’exploitation, ce qui leur permet d’être aujourd’hui exceptionnellement bien préservées.

Après son extraction, le minerai était sûrement enrichi par un lavage, dont le procédé exact n’a pas encore été identifié. Puis, il faisait l’objet d’une série d’opérations de réduction permettant de parvenir au cuivre pur qui était rapporté dans la vallée du Nil. De tout cela, le site d’Al-Aïn Al-Sokhna est un témoin exceptionnel. Il a, en effet, livré les premiers fours intacts ayant fonctionné à cette époque (vers 2000 av. J.-C.), qui permettent d’étudier les différentes étapes de la chaîne opératoire du cuivre. Un modèle réduit du Moyen Empire, conservé au Musée égyptien du Caire, présente, en effet, un four très proche de ce qui a été découvert à Al-Aïn Al-Sokhna. Il est ventilé par un personnage qui souffle dans une canne en bois.

La description d’une technique

« Les méthodes exactes utilisées par les Egyptiens de l’Antiquité pour opérer la réduction du cuivre sont encore l’objet de débats. Il est certain, toutefois, qu’ils avaient dès cette époque, atteint un niveau de technologie avancé. Les Egyptiens ajoutaient au minerai un oxyde de fer (l’hématite) permettant, en fonction d’une réaction chimique, d’abaisser la température de fusion du cuivre », souligne Georges Castel. Plusieurs objets du même métal ont par ailleurs été retrouvés à différents endroits du site. A proximité des atelimétallurgiques, un habitat sur une grande extension a été mis en évidence par une série de sondages : son étude sera l’objet de prochaines campagnes de fouilles.

Il semble peut-être que l’importance de ce site dépasse l’activité minière que l’on peut y observer. De par sa position privilégiée, cet établissement a pu servir de relais ou de plaque tournante pour des expéditions lancées vers le Sinaï et le Désert oriental. Il est donc vraisemblable qu’Al-Aïn Al-Sokhna ait été réellement une zone de transit, peut-être un port, en direction d’autres lieux d’exploitation, passage des ouvriers envoyés par le pharaon à la recherche du métal et des pierres précieuses, partis à travers les pistes du désert depuis Memphis, la capitale. Ils arrivaient au bord de la mer à Al-Aïn Al-Sokhna, d’où il leur était possible soit de contourner le golfe, soit de le franchir en bateau.

Quelques sondages effectués ont, par ailleurs, montré qu’une zone importante de cet habitat était particulièrement bien préservée. Ce travail devrait permettre d’obtenir des informations plus complètes sur les activités et les conditions de vie des mineurs, ainsi que de vérifier la présence éventuelle d’un port sur la mer Rouge en ces lieux.

Amira Samir

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Une escapade
 à une heure du Caire

Cette station balnéaire est fréquentée été comme hiver, grâce à son climat tempéré. Elle se trouve dans un site enchanteur avec sa source d’eau naturelle et ses montagnes.

Pour des vacances de courte durée et à l’occasion de la fête du petit Baïram, un voyage d’une heure et demie de temps loin du Caire serait idéal. Il s’agit de la région d’Al-Aïn Al-Sokhna, qui est la station balnéaire la plus proche de la capitale et qui est actuellement la plus en vogue. Situé à près de 140 km du Caire, cet endroit offre un paysage féerique entre le bleu de la mer et le jaune des montagnes. Al-Aïn Al-Sokhna (littéralement, la source chaude) se trouve sur la côte occidentale du golfe de Suez. Le site tire son nom arabe de la présence d’une source d’eau chaude sulfureuse qui jaillit au pied de la montagne et s’épanche vers la mer après avoir parcouru quelques centaines de mètres dans une petite oasis couverte de roseaux. En face de ce phénomène naturel, des vestiges archéologiques remontant au Moyen Empire de l’Egypte pharaonique ont été repérés il y a quelques années.

Etant donné la beauté exceptionnelle de cette région, Al-Aïn Al-Sokhna a connu récemment des transformations spectaculaires : vierge il y a une décennie, ce lieu est devenu en quelques années une des stations balnéaires les plus importantes d’Egypte, où les grands hôtels et les villages touristiques se disputent l’espace sur un littoral étroit, entre mer et montagne. Comparée aux autres stations balnéaires de la côte, Al-Aïn Al-Sokhna compte en fait parmi les endroits dont les prix sont modérés pour passer des vacances. Les visiteurs trouvent facilement à se loger dans les différents villages touristiques répandus par-ci, par-là, au bord de la mer, ainsi que dans quelques hôtels entre trois et cinq étoiles. En fait, les hôtels et les villages touristiques ne cessent de s’accroître à Al-Aïn Al-Sokhna suite aux demandes des investisseurs qui cherchent à acheter des terrains ou suite à une hausse de la demande d’achat des Egyptiens qui veulent posséder des appartements ou des chalets dans la région.

Le paradis des classes moyennes

Bien qu’Al-Aïn Al-Sokhna soit connue pour être une région hivernale, les hôtels et les villages touristiques sont occupés presque toute l’année grâce à son climat exceptionnel. « Le taux d’occupation augmente les jours de fin de semaine et pendant les congés nationaux. Le taux d’occupation en ce temps atteint 80 % et 90 % », explique l’ingénieur Mohamad Khalil, directeur du service de développement touristique de la région. Le genre de projets et de constructions exécutés dans la région attire une clientèle parmi les catégories moyennes et aisées. Le projet du développement d’Al-Aïn Al-Sokhna, qui a été entamé par le ministère du Tourisme il y a une dizaine d’années, vise à construire 5 554 chambres d’hôtels et 13 100 unités touristiques dont des chalets des villages touristiques et des appartements. « Jusqu’à maintenant; on a inauguré 1 640 chambres d’hôtels ainsi que 9 560 unités touristiques de différents genres. En plus, il y a 8 531 projets touristiques ainsi que 3 745 chambres d’hôtels en cours de construction », explique l’ingénieur Mohamad Khalil. La construction d’hôtels et de villages touristiques n’est pas le seul projet de promotion de la région. Des restaurants et des centres de services en tous genres sont aussi en cours de fondation. « C’est une région prometteuse du point de vue touristique, qui englobera également des activités industrielles et commerciales. Nous espérons qu’elle deviendra une région active et un centre pour le tourisme international », souligne Zoheir Garrana, ministre du Tourisme.

Eaux sulfureuses et thérapeutiques

Depuis une dizaine d’années, les investisseurs ont découvert d’autres éléments d’attraction touristique dans cette région longtemps préservée. Sur le lieu du plus ancien hôtel de la région, l’hôtel d’Al-Aïn Al-Sokhna, le visiteur peut admirer une curiosité qui a rendu ce coin célèbre. Il s’agit de la dernière des sources d’eau sulfureuse qui sort du sable pour aller se perdre dans la mer. Certains prêtent à cette eau, qui coule à 25 degrés toute l’année, des vertus thérapeutiques. Rien de tel pour soigner les maladies de peau qu’une compresse d’eau de la source de cette source. La région est devenue le passage obligé de tous ceux qui aiment les safaris et le yachting. Al-Aïn Al-Sokhna est également réputée pour ses deux montagnes : Attaqa (environ 800 m d’altitude) et Al-Galala (environ 1 200 m d’altitude).

Ses vallées, dont Wadi Al-Dom (ou Wadi Qosseib) de 75 km, Wadi Aboul-Darag de 68 km, Wadi Al-Malha et Wadi Al-Qassim, offrent de même l’occasion aux curieux et aux amoureux de la nature et de l’aventure de faire de superbes safaris. Dans ces vallées, on peut observer des dattiers, des plantes rares, des sources d’eau naturelles, des oiseaux migrateurs, des gazelles, des renards, des lapins et des chats sauvages ... Quel délice que de planter sa chaise longue sur la plage à l’ombre des montagnes qui se jettent dans la mer, et de laisser son regard se perdre sur l’horizon turquoise et bleu où se croisent les cargos en route vers le Canal de Suez.

Place au tourisme culturel ! A une centaine de mètres du bord de la mer, les mordus de marche à pied pourront visiter les sites archéologiques qui viennent d’être découverts il y a quelques années par une mission égypto-française. Celle-ci poursuit la fouille pour mettre au jour d’imposants monuments et objets de différentes époques. Bon voyage ! .

A. S.

 




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