Lente sera
notre épreuve
tandis que le
désir s’aiguise
A l’éclat d’un
soleil complice
La rue enfouira
nos échos mais
Saurons-nous,
nuit après nuit, faire croire
A la rigidité
de muettes falaises ?
Je prendrai ta
main sans faire un geste vers le ciel
Je m’agenouillerai
sans incliner une seule branche
De mon corps,
je simulerai la parfaite cécité des marbres
Je t’épouserai
dans la respiration invisible
Des mers, toi
l’âpre et hautaine,
Une nuit où seule
s’entendra
L’infinie fraîcheur
du silence
***
Aimer à rendre
l’air opaque debout
Se dévorer par
le dedans S’agripper à la paroie
Respirer Debout
Boire le temps
Se combler de
semence S’ensemencer d’exil
Respirer encore
S’arc-bouter
Se prendre à
la mémoire Réciter les veines en
Cascades Chuter
Chuter d’à pics meurtriers
La poitrine Le
poing dans la poitrine La pierre
La pierre dans
la poitrine le souffle
Respirer Encore
Tout Respirer jusqu’à
Toujours A l’explosion
La gorge
L’air L’air du
monde Tout l’air du monde
Respiré D’un
seul coup
***
Voici le temps
de vivre à jamais
La dissidence
des corolles au vent
Porte l’annonce
des corps
Le jour baisse
sans ombre
Qui finira le
dessin de l’aube
A naître si chaque
pensée se suicide
Au premier signe
des tourments ?
J’avance en ton
cœur comme une effraction
De printemps
Le chapelet de
fièvre égrène ses mensonges
Mais chair à
chair poignet à poignet
Pour l’échange
d’un seul moment
Nous aimerons
sans contrefaçon
Nous tirerons
la soie sur nos reins
Pour jouir de
notre mort
Brune O d’albâtre
rêvée lors
Que passe la
vie à rebours du songe.
Cristal, étanche
paroi,
Au-delà pourtant
souffle la mer,
Au-delà !
Quel feu y pourra
servir
A baliser nos
étreintes ?
Où se tenir fragile
à craindre
La fêlure ?
Ah ! s’éprendre
se maquiller d’extase
Et puis glisser
comme un effluve
Sous la roue
d’espace pour délivrer
Ta course.
***
Comme je touchais
ta ceinture sans dégrafer
L’absence, tu
m’as dit qu’il faudrait
Allumer dans
la nef et attendre que l’amour
S’irise au vitrail
:
Ta nudité n’aurait
plus de lieu qu’en mon
Ame
***
Amour porté sur
les mains
Repeint sur la
paupière
Comme un fard
impudique
Si transparent
qu’un cristal
S’enfièvre moins
d’azur
j’ose la courbe
de ton corps
Pour comprendre
la célébration
Du soleil
Lequel de tes
gestes imitera
Pour moi
La coulée des
fleuves
O distante à
caresser d’éclair ?
***
Elle me disait
tu ne m’as pas encore couchée
Sous le soir
Elle disait les
feuilles d’automne cerclaient
Aussi mes chevilles
d’enfance
Elle me disait
de longer sa vie
Jusqu’à ce que
la mer ramène des feux
A nos épaules
Elle se tut et
les arbres gémirent
D’immortelle
absence
Ah sertie de
gemmes ! Je me dissous
En ton eau pâle
Perverse image
de moi-même.
Tu te dénoues
de mon étreinte
Tandis que nous
ment le miroir !
Rêve de çà et
là patience
A guetter la
fièvre surprise
Dès que l’encens
coule à ta hanche
***
Nous nous sommes
adossés à la nuit
Pour nous rompre
comme un métal
Sur la terre
un vent de givre et de brûlure
Ces lumières
vrillées aux façades
La nuit parlait
de nous dissoudre
Nous marchons
mais qu’est-ce que notre soif ?
Nous avançons
mais
qu’est-ce que
ce rêve de hasard ?
La mélancolie
teinte nos mains de bronze
D’où venons-nous
pour la première fois
Altérés d’un
secret sonore à nos mémoires ?
***
La frayeur nous
croise. Ton pas se défait de mon pas.
A l’inverse de
ma route, tu réinventes l’exil.
Je me souviendrai
de l’étoffe implacable
Sur ta fièvre.
En lisière d’oubli, la main se lacère.
Tu es si nue
en moi qu’il faudra la vie pour te voir.
***
Nous revêtirons
nos robes de pierre
Pour couvrir
la mort inutile
Nous aurons quelque
chose des lenteurs de la terre
Quelque chose
du partage des eaux
Nous résonnerons
de mots inconnus
Qui viendront
parcourir notre absence
Seuls quelques
lucides en leur blessure
Verront que ta
lèvre a saigné
Je veillerai
tant que ma forme impassible
Revivra de ton
âme vivante
***
Crains-moi je
suis ton autour
Affaîté rameur
de vent
Qui tient le
ciel en balance
L’iris d’or limpide
Je te défierai
pour te prendre rétive
Je ferai bonne
gorge pour régner en soleil
Incendier la
proie
Venue du fond
de mon âme
Et mériter ta
foi
***
O santal, je
respire Sa légende et j’égare
La raison qui
reconstruit nos murs
Je m’inonde de
Son être et je défie la pente :
Un torrent ne
pourrait imiter le silence.
Si l’on me demande
d’orienter la prière,
Je saurai de
qui détourner les yeux.
Je me déchire
à Son secret, mais je ne puis
Boire à Sa larme
: que pourrais-je contenir d’Elle ?
L’absence qui
évide ma chair, épargne mes veines :
Je ne suis plus
que sang.
Elle m’a placé
sur sa paume comme un grain de musc :
J’ai compris
l’immensité de sa solitude.
Sentinelle, écoute
la pierre du rempart :
Quelque part
une fourmi s’obstine à la confiance.
Le fracas n’est
jamais grand qu’au fond du cœur :
Le monde reste
insensible à l’évidence.
Ton visage se
tranquillise au-dessus du signe
Mais ma lecture
attise ta pudeur
Et ton regard
me dénonce :
Les nuées ne
savent que le passage.
O Basilis voleur
de songes,
Retiens l’amour
en son enfance !
Je ne crains
pas la tombe
Mais de ne plus
protéger sa gorge du froid .
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