Lundi, 04 décembre 2023
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Mohamad Maeit : Ces réunions sont le début d’une nouvelle phase de coopération intercontinentale

Ola Hamdi , Vendredi, 29 septembre 2023

Mohamad Maeit, ministre des Finances et gouverneur d’Egypte auprès de la Banque Asiatique d’Investissement dans les Infrastructures (BAII), revient sur les réunions annuelles de cette institution à Charm Al- Cheikh et le choix de l’Egypte pour organiser cet événement.

Mohamad Maeit

Al-Ahram Hebdo : La 8e édition des réunions annuelles de la Banque Asiatique d’Investissement dans les Infrastructures (BAII) a lieu pour la première fois en Afrique, à Charm Al-Cheikh. Quelle est l’importance de cette institution ?

Mohamad Maeit : La BAII est une institution internationale qui finance des projets de développement durable à faible coût dans le domaine des infrastructures et de la transition verte. Elle aide donc à surmonter l’obstacle du financement et mobilise des ressources financières en faveur du secteur privé. En stimulant les investissements privés, elle soutient le développement et approfondit la coopération dans les domaines des infrastructures numériques et technologiques. La Banque a décidé de consacrer 50 % de ses investissements d’ici 2025 à l’action climatique. Objectif : faire progresser la transition verte à travers des projets intelligents et respectueux de l’environnement en Egypte et en Afrique, comme les projets d’énergie renouvelable et de transport à faibles émissions de carbone, les projets d’assainissement de l’eau et de lutte contre la pollution et aussi les projets visant à améliorer les services écosystémiques. Cela permettra d’élargir l’espace financier africain dans le domaine de la transition verte et de réaliser les objectifs économiques et de développement du continent conformément à l’Agenda Afrique 2063.

— Pensez-vous que le choix de l’Egypte pour organiser les réunions annuelles de la BAII reflète la confiance des institutions internationales et le rôle central de l’Egypte sur le continent ?

— Tout à fait. L’accueil par l’Egypte de cet important événement international renforce la présence de l’Afrique dans cette plateforme mondiale et reflète la confiance des institutions internationales et le poids politique et économique de l’Egypte qui possède une grande histoire et jouit d’un emplacement unique qui lui confère des avantages compétitifs pour attirer les investissements. La tenue des réunions en Egypte a permis d’établir un partenariat solide entre les continents africain et asiatique et de promouvoir les opportunités d’investissement moyennant des facilités de financement à coût réduit. L’objectif est de parvenir à une croissance durable dans un monde difficile et trouver des solutions basées sur la coopération.

— Est-ce que vous pensez que l’Afrique doit investir davantage dans les infrastructures pour accélérer son développement et soutenir l’intégration continentale ?

— L’Egypte a parlé au nom de l’Afrique à Charm Al-Cheikh, elle a parlé des défis économiques actuels et des besoins des populations africaines en ce qui a trait au développement. Nous pensons qu’il faut unir les efforts des partenaires internationaux pour construire un système financier mondial plus flexible et capable d’éviter les chocs sanitaires, économiques et environnementaux. L’Egypte a également parlé de l’importance d’élargir la coopération pour combler les écarts financiers résultant des crises mondiales successives, crises qui affectent les économies émergentes. L’Egypte tient à renforcer le partenariat entre l’Afrique et l’Asie pour réaliser les objectifs du développement durable, ce qui permettra d’améliorer le niveau des services fournis aux citoyens et de leur garantir une vie décente. Ces réunions annuelles de la Banque asiatique constituent le début d’une nouvelle phase de coopération.


La tenue des réunions annuelles de la BAII en Egypte est une bonne occasion pour attirer davantage d’investissements.

— Comment investir cet événement pour promouvoir l’investissement et consolider la coopération dans le domaine du développement ?

— La tenue de cet événement mondial en Egypte, avec la participation de 3 000 personnalités économiques de stature internationale, dont 106 ministres des Finances et chefs de Banques Centrales, est une excellente occasion pour attirer davantage d’investisseurs étrangers. L’Egypte a beaucoup investi dans les infrastructures, et cela lui a permis de relancer l’économie et de renforcer la structure macroéconomique face aux défis internes et externes qui sont apparus après la guerre en Europe. Nous espérons que la Banque asiatique jouera un rôle plus important pour soutenir le développement en Egypte, en renforçant la coopération, en offrant des opportunités au secteur privé et en incitant ce dernier à investir dans les domaines prioritaires pour le pays, notamment la transition verte. La coopération entre les deux parties s’est traduite au cours de la période écoulée par des accords de financement de projets tangibles pour les citoyens.        

— Comment l’Etat peut-il améliorer la communication entre la Banque asiatique et le secteur privé de manière à inciter ce dernier à participer davantage à l’activité économique ?

— L’Etat tient à promouvoir la participation du secteur privé aux activités économiques et aux projets de développement. Le secteur privé est considéré comme le moteur d’une croissance génératrice d’emplois. Dans ce contexte, un dialogue ouvert a eu lieu entre les dirigeants du secteur privé et les représentants de la Banque asiatique pour explorer de nouvelles opportunités de partenariat entre les deux parties et consolider la coopération multilatérale et transcontinentale. L’Egypte déploie des efforts pour amener la participation du secteur privé à l’activité économique à 65 % à travers des opportunités prometteuses offertes par la Banque et de plus grandes facilités de financement. L’Etat a une grande ambition à savoir remodeler la face économique de l’Egypte afin que le secteur privé ait un rôle plus important dans le développement économique. Le gouvernement a pris de nombreuses mesures pour soutenir cette approche, en lançant notamment le Document sur la politique de propriété de l’Etat, le programme Propositions gouvernementales et la licence dorée grâce à laquelle l’investisseur obtient une seule et unique approbation pour établir son projet dans un certain nombre de secteurs vitaux. Ces mesures reflètent la volonté de l’Egypte d’ouvrir le champ aux investissements privés en simplifiant les procédures et en accordant des incitations aux investisseurs dans des secteurs-clés comme l’agriculture, l’industrie, le tourisme, les énergies nouvelles et renouvelables, les télécommunications et les technologies de l’information, ainsi que d’autres domaines dans lesquels nous voulons réduire les importations. exposition a été organisée. Des entreprises égyptiennes et étrangères travaillant dans le domaine des infrastructures y ont pris part afin d’ouvrir de nouveaux horizons, développer les infrastructures et stimuler les investissements locaux et étrangers. Le but est d’attirer davantage d’investisseurs dans les secteurs prioritaires et alléger la pression sur le budget général de l’Etat.

— Comment les efforts de la banque peuvent-ils être intégrés aux efforts de l’Etat pour renforcer la participation du secteur privé aux projets d’infrastructure ?

— La Banque asiatique tient à surmonter les obstacles financiers auxquels est confronté le secteur privé en mobilisant les ressources financières en faveur de ce dernier. Elle offre d’innombrables opportunités au secteur privé. L’Egypte possède une situation géographique unique qui fait d’elle un carrefour du commerce et des investissements. La banque a mobilisé des fonds pour mettre en oeuvre des projets d’infrastructures logistiques en partenariat avec le secteur privé dans des domaines comme les transports, l’énergie et l’assainissement. L’objectif est de contribuer à la transition vers l’économie verte et de parvenir à une croissance durable dans le domaine des infrastructures dans le contexte des défis mondiaux actuels. Ceci est en accord avec la volonté de l’Etat d’accroître la participation du secteur privé à l’activité économique pour arriver à 65 %. Tout ceci souligne l’importance de la banque pour le développement de l’économie égyptienne et sa grande contribution au développement global et durable.

— En tant que membre fondateur de la Banque asiatique, quels sont les différents domaines de coopération dont bénéficie l’Egypte ?

— L’objectif de l’Etat est de mobiliser davantage d’opportunités de financement pour le secteur privé dans des domaines prometteurs comme les énergies renouvelables, les transports durables, les télécommunications, Internet et l’eau, en plus des projets verts. En tant que membre fondateur de la Banque asiatique, l’Egypte espère étendre son portefeuille d’investissement auprès de la banque à un certain nombre de secteurs vitaux pour couvrir environ 220 projets d’un coût total de 40 milliards de dollars. Nous voulons aussi ouvrir des horizons plus larges à la coopération bilatérale dans le domaine des infrastructures qui intéresse particulièrement l’Etat. Rappelons que la BAII est une banque de développement multilatérale qui vise à améliorer la communication et l’intégration régionales et à mobiliser des ressources financières pour attirer de nouveaux investissements dans les projets de développement.

— L’Egypte peut-elle devenir un centre stratégique de services logistiques ?

— L’organisation des réunions annuelles de la BAII en Egypte reflète son rôle en tant qu’axe logistique majeur et représente une excellente opportunité pour créer un environnement commercial favorable aux investissements privés. L’Egypte cherche à mettre à profit sa position dans la région et dans le monde pour devenir un centre stratégique vital. En développant ses infrastructures, elle sera plus apte à faire face aux crises en concluant des partenariats dans le domaine du développement avec des institutions et des banques multilatérales internationales pour mobiliser des opportunités de financement qui encouragent le secteur privé à intégrer des domaines prometteurs. Tout ceci permettra à l’Egypte de fournir des services logistiques non seulement à sa population, mais aussi aux populations africaines.

— Quelles sont les opportunités de financement offertes par la Banque asiatique en tant qu’institution multilatérale internationale ?

— La BAII veut mobiliser des opportunités de financement à faible coût, afin de stimuler l’activité économique dans les domaines du développement et des infrastructures. Je rappelle que la Banque veut allouer 50 % de ses investissements à l’action climatique d’ici 2025. Son capital s’élève à 100 milliards de dollars américains et elle a été notée AAA — soit la notation la plus élevée — par les principales agences internationales de notation.

— Comment les réunions annuelles de la BAII peuvent-elles aider l’Etat égyptien à réaliser ses objectifs en matière de croissance verte ?

— L’Etat cherche à accélérer les efforts de transition vers une économie verte et à développer les projets respectueux de l’environnement. Il veut aussi augmenter les investissements dans les infrastructures résilientes au climat. L’Egypte a adopté de nombreuses initiatives pour soutenir la transition vers une économie respectueuse de l’environnement, comme le fait d’encourager la production de l’hydrogène vert. L’Egypte a l’ambition de devenir un centre régional et international de production de l’hydrogène vert. Elle veut attirer davantage d’investissements privés dans des projets propres en comblant le déficit dans le financement climatique. Nous voulons également accroître la production d’électricité à partir d’énergies propres et renouvelables et localiser l’industrie automobile électrique en accordant des incitations fiscales pour développer ce secteur prometteur, en plus des centrales électriques qui fonctionnent au gaz naturel. A cela s’ajoute l’exportation du gaz naturel et de l’excédent d’électricité. Tout ceci renforce le rôle régional et mondial de l’Egypte sur le marché de l’énergie et contribue à la croissance économique et au développement durable.


La BAII nance des projets dans le domaine de l’énergie et de la transition verte.

— Quelle est la taille du portefeuille de la BAII en Egypte et quels projets ont-ils été mis en oeuvre en partenariat avec cette institution ?

— La taille du portefeuille d’investissement de l’Egypte auprès de la Banque asiatique est d’environ 1,3 milliard de dollars. Les domaines de coopération sont variés et incluent divers projets d’infrastructure et d’énergie. Parmi ces projets figure notamment le parc d’énergie solaire de Benban à Assouan, d’une valeur de 210 millions de dollars. Il y a aussi un projet qui vise à financer un programme d’assainissement durable dans les zones rurales au profit du ministère du Logement, des Services publics et des Communautés urbaines d’une valeur de 300 millions de dollars. De même, il y a le projet de métro reliant Alexandrie à Abouqir, d’une valeur totale de 1,5 milliard d’euros, en coopération avec la Banque européenne d’investissement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et l’Agence française de développement. La contribution de la Banque asiatique s’élève à 250 millions d’euros. Un projet de développement d’un port à conteneurs à Damiette est en cours et prendra la forme d’un Partenariat entre les secteurs Privé et Public (PPP) d’une valeur de 140 millions de dollars.

— Quels sont les sujets les plus importants abordés lors des réunions annuelles de la BAII à Charm Al-Cheikh ?

— De nombreuses questions ont été abordées, notamment l’examen des moyens peu coûteux de mobiliser des ressources pour financer des projets d’infrastructure, afin de les rendre plus résilients au changement climatique, ainsi que l’exploration de possibilités plus favorables pour accroître la participation du secteur privé aux projets respectueux de l’environnement et la maximisation de son rôle dans le soutien des chaînes d’approvisionnement en Asie et en Afrique. A cela s’ajoute le fait d’encourager les nouveaux partenariats multilatéraux pour parvenir à un développement transfrontalier durable entre les Etats membres et améliorer la communication entre les pays dans un monde plein de défis. Il s’agissait également de discuter des mécanismes permettant de fournir un financement durable dans le domaine des infrastructures par le biais d’obligations et de mobiliser des ressources à travers un financement innovant pour réduire le déficit dans le domaine du financement des infrastructures au Moyen- Orient et en Afrique. Il s’agit enfin de soutenir la croissance durable en Afrique dans les secteurs des télécommunications et des infrastructures vertes.

— L’Egypte déploie d’intenses efforts pour développer ses infrastructures. Quelles sont les procédures suivies à cet égard ? Quel rôle les partenariats internationaux ont-ils joué dans ce contexte ?

— Les partenariats ont joué un rôle sans précédent dans le développement et la modernisation des infrastructures afin de réaliser l’objectif de la transformation numérique car il s’agit d’une base essentielle pour parvenir à une croissance économique durable, attirer davantage d’investissements, créer des emplois et accroître l’efficacité des services fournis aux citoyens. A cet égard, le gouvernement a dépensé durant les 7 dernières années plus de 10 000 milliards de L.E. pour développer les infrastructures. Il a lancé plusieurs initiatives et projets de développement comme Vie décente pour développer la campagne égyptienne, ainsi que d’autres projets dans les domaines de l’énergie, des autoroutes, des ponts, des services de base, des villes nouvelles, des infrastructures numériques et de la construction de nouvelles communautés urbaines. Etant donné que l’investissement dans les infrastructures est coûteux et nécessite un financement important, l’Etat s’oriente vers les partenariats avec des institutions et des banques multilatérales, dont la plus importante est la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures qui, comme j’ai dit, possède un énorme portefeuille de 1,3 milliard de dollars pour l’Egypte, ce qui permet de mettre en oeuvre de nombreux projets dans les domaines des infrastructures et de l’énergie.

— Quels sont les messages les plus importants que l’Egypte a voulu transmettre au monde durant les réunions annuelles de la BAII à Charm Al-Cheikh ?

— Nous apprécions le choix de l’Egypte pour accueillir cet important événement international à Charm Al-Cheikh, la ville de la paix. Ces réunions annuelles sont une plateforme d’échange de visions et d’idées entre les représentants des pays participants afin de parvenir à une croissance durable et de promouvoir l’investissement. C’est un message positif adressé au monde selon lequel les actions sans précédent réalisées par l’Egypte dans la dynamique de développement lui ont permis de stimuler les investissements et de relancer l’économie qui devient plus flexible face aux crises. L’Egypte possède d’énormes ressources naturelles et humaines et des infrastructures développées qui lui ont permis d’attirer des investissements dans de nombreux secteurs, d’où la confiance des institutions internationales. En outre, l’Egypte a récemment rejoint de nombreuses institutions internationales et a conclu des partenariats avec des banques multilatérales afin d’approfondir les liens afro-asiatiques et réaliser une croissance transfrontalière durable.

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