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Abla Abdel Latif : Il y a un grand fossé sur le marché du travail entre les besoins et les compétences

Salma Hussein , Mercredi, 22 janvier 2025

La directrice exécutive du Centre égyptien des études économiques (ECES), Abla Abdel Latif, revient sur les messages-clés du rapport du Forum économique mondial sur l’avenir de l’emploi 2025.

Abla Abdel Latif

Al-Ahram Hebdo : L’Egypte est présentée dans le rapport comme le premier pays à connaître des transformations au niveau des compétences des travailleurs. Qu’est-ce que cela signifie ?

Abla Abdel Latif : Les employeurs en Egypte estiment que presque la moitié (48 %) de l’ensemble des compétences nécessaires à leurs activités sera obsolète, contre une moyenne mondiale de 39 %. Cela signifie que la structure des compétences en Egypte est inadéquate et inadaptée aux besoins des employeurs. 72 % des employeurs en Egypte affirment qu’ils auront besoin en 2030 d’une main-d’oeuvre numériquement alphabète.

— Dans quelle mesure ces résultats sont-ils consistants avec les résultats de l’enquête trimestrielle effectuée chaque année sur le marché du travail par l’ECES ?

— Le message principal du rapport est tel : la technologie va dominer l’emploi. La question pour moi est donc : à quel point l’Egypte s’est-elle préparée au futur de l’emploi ? Notre enquête montre que le marché du travail en Egypte souffre d’un fossé au niveau des compétences. Le système éducatif a créé une main-d’oeuvre qui ne possède ni les qualités, ni la formation sollicitées par les employeurs. Par exemple, le gouvernement accorde un grand intérêt à la formation des concepteurs de logiciels. Mais les usines ont besoin que les ouvriers et les surveillants soient capables de faire leur travail sur les écrans.

— Comment le gouvernement réagit-il à de tels défis ?

— Commençons par les points positifs. Le ministère des Télécommunications a lancé de multiples programmes de formation destinés à plusieurs groupes d’âges et à différents niveaux éducatifs. On est donc conscient qu’il y a un tel besoin et le gouvernement cherche à y répondre. Il reste à évaluer de tels programmes pour mesurer leur efficacité. Un autre point positif : le gouvernement a lancé un grand nombre de facultés technologiques. Mais il est encore trop tôt d’évaluer leur impact.

— Quelles sont vos recommandations pour répondre aux besoins des emplois futurs ?

— Le développement industriel et l’éducation vont ensemble. Si les personnes qui arrivent sur le marché du travail sont dotées des compétences essentielles nécessaires, elles pourront nourrir le secteur industriel. Nous avons besoin de fournir aux écoles une infrastructure numérique avancée avec Internet haut débit et surtout des enseignants et des formateurs hautement qualifiés. Pour le moment, le système éducatif est sous-financé. Le budget alloué à l’éducation publique est en deçà du minimum constitutionnel.

En plus, il change avec chaque remaniement ministériel. Cela rend très difficile toute évaluation. Notre enquête indique que l’éducation technique a besoin de réforme. Les diplômés des écoles techniques ne possèdent pas les compétences nécessaires. Les usines embauchent des diplômés universitaires et tentent de les former à des emplois techniques, ce qui représente un gaspillage des ressources et des compétences.

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