A partir du 1er janvier, le prix d’entrée aux pyramides, site emblématique du tourisme égyptien, a été majoré d’environ 50 %, passant de 900 L.E. à 1 500 L.E. pour les visiteurs étrangers. En plus, les tarifs pour l’organisation de cérémonies et de manifestations sur les sites archéologiques égyptiens ont également été relevés, conformément à une décision du Conseil suprême des antiquités égyptiennes.
Cette augmentation a été bien accueillie par les professionnels du secteur touristique. Selon Ahmed Mohsen, membre de la Chambre du tourisme, bien que l’Egypte possède des destinations et des sites archéologiques uniques au monde, elle est depuis longtemps considérée comme une destination à bas coût. Il souligne que l’augmentation des tarifs était nécessaire depuis plusieurs années, car ils ne reflétaient pas la valeur inestimable des trésors historiques du pays.
Pour l’archéologue Magdi Saber, il était grand temps de revoir ces prix, d’autant qu’une part importante des revenus générés est destinée à la conservation des monuments et des sites historiques. « L’Egypte a lancé de vastes projets de restauration et de préservation pour protéger son patrimoine, moderniser les infrastructures touristiques et développer de nouvelles attractions, comme la réouverture du Musée national de la civilisation égyptienne à Fostat et le Grand Musée égyptien près des pyramides de Guiza. Ces projets sont en partie financés par l’augmentation des tarifs d’entrée », explique-t-il.

Selon lui, ces mesures visent à améliorer l’expérience des visiteurs, mais elles entraînent également des coûts supplémentaires, répercutés sur les prix d’entrée.
Shaker, un autre expert du secteur, souligne que l’inflation joue un rôle-clé dans cette hausse. L’inflation économique en Egypte a considérablement augmenté ces dernières années, provoquant une montée généralisée des prix, y compris dans le secteur touristique. La dévaluation de la livre égyptienne face aux devises étrangères a également eu un impact direct, notamment sur les sites où les tarifs sont souvent fixés en devises étrangères.
D’après Mohamed Farouk, expert en tourisme, les prix de l’hébergement et des services touristiques devraient également augmenter en raison de la croissance des arrivées touristiques en Egypte. « La demande pour les vacances pendant la saison hivernale actuelle (novembre 2023-avril 2024) a augmenté d’environ 30 % par rapport à la même période de l’année précédente », précise-t-il.
Des sources au sein de la Chambre des hôtels estiment que les tarifs d’hébergement augmenteront de 15 à 20 % au cours de l’année prochaine, reflétant la reprise continue de la demande touristique.
Sameh Saad, ancien conseiller du ministre du Tourisme, explique que le processus de tarification est principalement dicté par l’offre et la demande. « Lorsque les flux touristiques vers l’Egypte augmentent, les prix suivent une tendance à la hausse et les entreprises de tourisme, ainsi que les hôtels, peuvent ajuster leurs tarifs en conséquence », affirme-t-il.
Selon Saad, les prix devraient augmenter sensiblement l’année prochaine par rapport à cette année. Cependant, il distingue entre le tourisme de groupe et le tourisme individuel. « Les prix du tourisme de groupe sont régis par des accords conclus au moins six mois à l’avance. Par conséquent, les augmentations pour ce segment seront visibles dans la seconde moitié de l’année. En revanche, le tourisme individuel offre plus de flexibilité aux hôtels pour ajuster les prix en fonction de la demande », conclut-il.
Selon les chiffres préliminaires des touristes visitant l’Egypte en 2024, publiés par le ministère du Tourisme et des Antiquités, les flux touristiques entrants ont atteint environ 15,3 millions de visiteurs l’année dernière, contre 14,9 millions en 2023, soit une hausse de 5 %.
Saad a affirmé que les flux touristiques cette année sont particulièrement favorables, notamment dans le sud de l’Egypte, à Louqsor et Assouan. Cela a entraîné une augmentation significative des prix des hôtels à Louqsor, avec des hausses allant de 33 à 50 %, en raison des taux d’occupation élevés.
Selon Mohamed Osman, membre de la Chambre des hôtels égyptiens, les tarifs des hôtels à Louqsor avaient déjà augmenté en novembre dernier par rapport à la même période en 2023. Le tarif moyen par nuitée est ainsi passé à 120 dollars en novembre, contre 80 à 90 dollars l’année précédente, grâce à l’augmentation des taux d’occupation.
« Malgré cette hausse, l’Egypte reste l’une des meilleures destinations touristiques au monde en termes de rapport qualité-prix », a déclaré Osman. Il a également précisé que le taux d’occupation moyen des hôtels en novembre dernier était de 80 %, contre 65 % pour la même période en 2023, stimulé par une augmentation des vols charter et low-cost à destination de l’aéroport international de Louqsor.
Osman a indiqué que le nombre de vols directs vers Louqsor a doublé en novembre dernier, atteignant 20 vols hebdomadaires, contre environ 10 en octobre. L’Espagne figure en tête des pays pour le nombre de vols touristiques vers Louqsor, avec environ 10 vols par semaine. Par ailleurs, EasyJet, la compagnie aérienne britannique à bas coût, a lancé quatre vols hebdomadaires dès le début du mois de novembre.
« Nous observons une hausse des vols charter et low-cost en provenance de la France, de l’Italie et de l’Angleterre, avec des taux de remplissage variant entre 70 et 75 %. Ces taux ont atteint presque 100 % pendant la période des fêtes de Noël et du Nouvel An », a ajouté Osman.
Il a souligné que le secteur touristique égyptien est devenu plus résilient ces dernières années, grâce à une meilleure capacité à faire face aux crises. Il a notamment diversifié les marchés dans lesquels il opère, en ciblant des segments à fort pouvoir d’achat adaptés aux préférences spécifiques de chaque région.
Il a appelé les hôtels égyptiens à collaborer pour mettre fin à la « guerre des prix », particulièrement face à l’augmentation des coûts d’exploitation, tels que les prix de l’énergie (électricité et carburants), les salaires, ainsi que les dépenses de maintenance et d’investissement. « La hausse des prix, qui répond à une demande touristique croissante, entraînera également une augmentation des investissements dans le secteur, qu’il s’agisse de l’expansion de projets existants ou de la création de nouvelles initiatives pour préserver les sites historiques », a conclu Osman.
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