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Tarek El-Nabarawy : L’étudiant en ingénierie doit être qualifié pour supporter cette formation exigeante

May Atta , Mercredi, 22 janvier 2025

Le président de l’ordre des Ingénieurs, Tarek El-Nabarawy, revient sur les raisons du dépôt par l’ordre d’une plainte auprès du Tribunal administratif contre le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Tarek El-Nabarawy

Al-Ahram Hebdo : Pour quelles raisons avez-vous déposé une plainte contre le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ?

Tarek El-Nabarawy : Ce n’est pas une décision prise à la légère. Au cours des dernières années, nous avons mené une étude approfondie au sein du syndicat pour améliorer l’enseignement de l’ingénierie. Notre objectif est que les diplômés des écoles et instituts d’ingénierie atteignent un niveau professionnel adéquat et soient bien formés. Le premier point crucial concerne l’enseignement technique, qui constitue d’ailleurs la raison principale de notre plainte. Un étudiant ayant suivi trois années d’enseignement technique après l’obtention de son diplôme d’études préparatoires devait, jusqu’à récemment, obtenir un diplôme d’équivalence pour entamer des études en ingénierie. Cependant, nous avons constaté que le ministère de l’Enseignement supérieur a assoupli cette exigence. Certains instituts de moindre niveau acceptent désormais des étudiants sans examen préalable. En 2023, nous avons demandé au ministre de mettre fin immédiatement à cette pratique, mais sans succès. Nous avons donc intenté une action en justice contre le ministère et interdit l’inscription de ces diplômés au syndicat à partir du 31 juillet dernier.

— Et qu’en est-il des diplômés des écoles d’ingénierie privées et nationales à but non lucratif ?

— Les études ont montré que le niveau des écoles d’ingénierie publiques et privées ainsi que celui des instituts privés varie considérablement. Certaines institutions atteignent un bon niveau, d’autres sont moyennes, mais il existe également des établissements totalement inadéquats. Ces derniers doivent impérativement fermer. Nous avons fait part de notre objection au ministère de l’Enseignement supérieur et au Comité du secteur de l’ingénierie concernant l’existence de tels écoles et instituts, qui fonctionnent sans aucune supervision.

— Qui doit évaluer la performance des institutions ou écoles d’ingénierie ?

— Il existe une Autorité d’Assurance Qualité et d’Accréditation affiliée au Conseil des ministres depuis 2006. Le rôle de cet organisme, selon la loi, est de délivrer des certificats d’accréditation aux écoles et instituts, garantissant qu’ils offrent une formation appropriée et de qualité aux étudiants. Nous demandons l’application stricte de cette loi afin de garantir un niveau décent pour les diplômés en ingénierie.

— La réduction, par sélection, du nombre de diplômés des écoles et instituts d’ingénierie est-elle l’un de vos objectifs ?

— Absolument. Le nombre élevé d’ingénieurs au chômage dans plusieurs spécialités a un impact négatif sur les opportunités d’emploi, entraînant une baisse des salaires. Cela place la profession d’ingénieur dans une situation difficile. En raison de cette saturation, les rémunérations des ingénieurs ne suffisent pas à couvrir leurs besoins. Le chômage provoque également une perte de compétences, un phénomène connu sous le nom de « pénurie de compétences ». Cela signifie que les ingénieurs ne peuvent pas actualiser ou développer leurs aptitudes, ce qui complique leur retour sur le marché du travail. C’est pourquoi nous avons recommandé de réduire le nombre de diplômés des écoles et instituts d’ingénierie, en alignant leur formation sur les besoins réels du marché.

— Le syndicat a également dénoncé l’admission d’élèves du baccalauréat avec des mentions faibles dans certaines facultés d’ingénierie privées. Quelles mesures comptez-vous prendre pour remédier à ce problème ?

— C’est un problème grave. Un étudiant en ingénierie doit être qualifié pour supporter cette formation exigeante. Par conséquent, il doit avoir un pourcentage au baccalauréat correspondant à cette discipline. La différence entre la mention d’admission exigée pour les étudiants dans les universités publiques et privées ne devrait pas dépasser les 5 %. Cependant, avec la multiplication des universités privées et nationales à but non lucratif, cet écart dépasse aujourd’hui 30 %. Par exemple, si les universités publiques exigent un score au bac de 90 %, certains établissements privés acceptent des étudiants avec seulement 60 %. Quelle logique ?

Nous avons soumis une proposition au ministère de l’Enseignement supérieur pour résoudre ce problème. Si la situation perdure, la prochaine assemblée générale du syndicat prendra des mesures pour encadrer ce phénomène. Nous exigeons également l’application de la loi sur l’Assurance Qualité et l’Accréditation pour toutes les écoles et instituts. Ces établissements devront obtenir un certificat de conformité garantissant la qualité de leur enseignement pour pouvoir poursuivre leurs activités. Si cette loi n’est pas appliquée, l’ordre refusera d’accepter les diplômés issus d’instituts et d’écoles non accrédités, ni ceux admis avec des mentions inférieures de plus de 5 % par rapport aux universités publiques. Cette mesure entrera en vigueur à partir de la prochaine année universitaire pour les nouveaux étudiants en première année, sans effet rétroactif.

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