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Syrie : Reconstruire les relations avec la communauté internationale

Abir Taleb , Mercredi, 15 janvier 2025

Riyad a accueilli cette semaine une rencontre internationale de haut niveau consacrée à l’avenir de la Syrie et au soutien à apporter aux nouvelles autorités

Syrie : Reconstruire les relations avec la communauté internationale

 C’est un pas de plus dans le chemin de la reprise de relations « normales » entre la nouvelle Syrie et, d’un côté les pays de la région, de l’autre la communauté internationale. En effet, deux réunions autour de la Syrie se sont tenues dimanche 12 janvier à Riyad, la première entre pays arabes et la seconde incluant des représentants occidentaux des Nations-Unies, de l’Union Européenne (UE) et de la Turquie. Le nouveau pouvoir syrien était, lui, représenté par son ministre des Affaires étrangères, Asaad Al-Shibani.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan, a indiqué, dans un communiqué, que les discussions avaient porté sur « les mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien et lui fournir toute l’assistance possible au cours de cette phase critique de son histoire, en l’aidant à reconstruire la Syrie en tant qu’Etat arabe unifié, indépendant et garantissant la sécurité de tous ses citoyens, épargné par le terrorisme et par toute violation de sa souveraineté ou de son intégrité territoriale ». La réunion visait, selon lui, à « coordonner les efforts pour soutenir la Syrie et oeuvrer à la levée des sanctions qui lui sont imposées ». Et ce, afin de permettre son « développement et sa reconstruction ».

Pour de nombreux analystes, l’Arabie saoudite veut s’imposer à la tête des efforts régionaux visant à soutenir la reconstruction de la Syrie. En organisant ce sommet, Riyad cherche à asseoir son leadership régional et à s’imposer comme l’interlocuteur incontournable des nouvelles autorités syriennes. Mais un autre pays est aussi à la manoeuvre : la Turquie. En marge de la réunion de Riyad, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, s’est entretenu avec plusieurs de ses homologues. Il a déclaré que son pays, qui était un fervent soutien de l’opposition syrienne à Bachar Al-Assad, essaierait d’aider la Syrie à normaliser ses relations avec la communauté internationale. « La Turquie fera sa part pour faciliter le chemin difficile du peuple syrien », a dit Hakan Fidan, soutenant qu’il était important d’établir un « équilibre entre les attentes de la communauté internationale et les réalités auxquelles est confrontée la nouvelle administration en Syrie ».

En effet, si Riyad semble chercher à accroître son influence en Syrie, et si la Turquie s’attèle également à atteindre le même objectif, les pays occidentaux expriment certaines réserves. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se réuniront le 27 janvier pour discuter de l’assouplissement des sanctions imposées à la Syrie, a indiqué, depuis Riyad, la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, même si cette décision dépendra de la capacité des nouveaux dirigeants syriens à mener une transition politique inclusive. Selon elle, les sanctions susceptibles d’être levées incluent « celles qui entravent la reconstruction » et « l’accès aux services bancaires ». Et d’ajouter : « Mais bien sûr cela doit être progressif et conditionné. Si nous constatons des avancées dans la bonne direction, nous sommes prêts à franchir les prochaines étapes. Mais il doit également y avoir un plan de repli ». Les Européens attendent aussi des garanties, notamment concernant la protection des minorités. « Nous savons qu’il y a beaucoup de groupes différents en Syrie. Il faut donc inclure toutes ces minorités. Nous voulons également éviter toute radicalisation. Nous voulons également que les femmes soient associées à cette transition », a également dit la cheffe de la diplomatie de l’UE.

Inquiétudes

De son côté, le sous-secrétaire d’Etat américain sortant, John Bass, également présent à Riyad, a souligné « l’importance de la stabilité régionale, d’empêcher la Syrie d’être utilisée comme une base pour le terrorisme ». C’est, en effet, là le danger le plus grand. Dans ce cadre, Ankara promet certes de soutenir le nouveau gouvernement syrien dans la lutte contre les menaces du groupe Daech, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de la source d’inquiétude la plus importante, notamment pour Le Caire. C’est pour cela que le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a souligné auprès de son homologue turc la nécessité de refuser la présence de terroristes dans les territoires syriens, en marge de la réunion internationale sur la Syrie. « Le ministre a souligné la nécessité (...) de ne pas permettre l’hébergement d’éléments terroristes sur le territoire syrien », précise le communiqué du ministère des Affaires étrangères. « La communauté internationale doit se mobiliser pour empêcher que la Syrie ne devienne une source de menace pour la stabilité de la région ou un foyer pour les groupes terroristes », ajoute-t-il. Abdelatty a présenté la position de l’Egypte appelant à préserver l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, à respecter sa souveraineté et à soutenir ses institutions. Il a appelé en outre à adopter un processus politique global et inclusif en Syrie pour assurer la réussite de la transition et ce, en accord avec la résolution 2 254 du Conseil de sécurité.

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