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Le Liban retient son souffle

Abir Taleb , Mercredi, 20 novembre 2024

C’est sous les frappes continues d’Israël au Liban que se multiplient les spéculations autour de la proposition américaine de cessez-le-feu. Explications.

Le Liban retient son souffle
(Photo : AFP)

Fumée blanche qui annonce le salut ou fumée noire des bombes ? Fébrile, le Liban attend de voir s’il se dirige vers une accalmie ou vers une longue guerre. Alors que les frappes israéliennes se poursuivent sans répit sur l’ensemble du territoire libanais, Beyrouth est sous pression pour accepter une proposition de cessez-le-feu émanant de Washington. Mais de quel accord s’agit-il ? Les parties concernées ont-elles accepté ses termes ? Va-t-il réellement permettre de mettre fin à la guerre ?

La confusion est telle que la visite, à Beyrouth, de l’émissaire américain, Amos Hochstein, a fait l’objet de nombreuses spéculations. Annoncée initialement pour mardi 19 novembre, le site américain Axios a fait état de son report quelques heures auparavant, avant que le président du Parlement libanais, Nabih Berri, ne confirme sa venue à Asharq Al-Awsat et ne déclare qu’Hochstein recevra, lors de sa venue au Liban, la réponse libanaise à l’initiative américaine de cessez-le-feu.

Cette confusion ne signifie qu’une chose : la proposition américaine sur un cessez-le-feu au Liban ne fait pas l’unanimité. Certes, des progrès significatifs sont rapportés dans les négociations, alimentant les espoirs d’une résolution rapide du conflit, il n’en demeure pas moins que rien n’est encore acquis.

Ce sont surtout les médias israéliens qui évoquent que des avancées majeures dans les discussions sur le cessez-le-feu sont attendues lors des discussions avec Hochstein. Côté libanais, on se montre tout de même prudent. Le Liban et le Hezbollah ont accepté la proposition, tout en émettant quelques réserves sur le contenu, a déclaré, lundi 18 novembre, le député et bras droit de Nabih Berri, Ali Hassan Khalil, à Reuters. D’après Khalil, le Liban a remis sa réponse écrite à l’ambassadrice des Etats-Unis au Liban lundi. « Le Liban a présenté ses commentaires sur le document dans une atmosphère positive », a indiqué le député, refusant toutefois de donner davantage de détails. « Tous les commentaires que nous avons formulés soulignent notre adhésion stricte à la résolution 1 701 ». Cette résolution, qui a mis fin à la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël, stipule que le Hezbollah ne doit avoir aucune présence armée dans la zone située entre la frontière libano-israélienne et le fleuve Litani, qui coule à quelque 30 km au nord de la frontière.

Confusion et doute

Parallèlement aux déclarations de Nabih Berri et de Hassan Khalil, le premier ministre intérimaire libanais, Najib Mikati, a dit dans une interview à Al Araby TV lundi 18 novembre que certains points nécessitent encore des discussions détaillées. « Les dossiers en suspens seront clarifiés dans des discussions en face-à-face », a-t-il déclaré, ajoutant : « Berri mène les discussions avec le médiateur américain, et je suis en contact constant avec lui ». Mikati a réaffirmé l’engagement du Liban à respecter la résolution 1 701 du Conseil de sécurité de l’ONU tout en insistant sur deux questions essentielles : le renforcement de la présence de l’armée libanaise dans le Sud-Liban et le retrait total des forces israéliennes du pays. Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a lui aussi réfuté les allégations selon lesquelles la proposition américaine incluait une disposition permettant à l’armée israélienne de se déplacer librement au Liban. Il a fermement déclaré au journal Asharq Al-Awsat que « les Américains et d’autres savent qu’une telle suggestion est fondamentalement inacceptable et ne peut même pas être discutée », soulignant que « le Liban ne transigera pas sur sa souveraineté ». Berri a aussi réfuté les rumeurs selon lesquelles la proposition incluait le déploiement de l’OTAN ou d’autres forces étrangères au Liban. « La proposition contient une disposition inacceptable pour le Liban, à savoir la formation d’un comité de surveillance chargé de superviser la mise en oeuvre de la résolution 1 701 du Conseil de sécurité de l’ONU, composé de plusieurs pays occidentaux », a-t-il révélé.

Or, Israël veut inclure dans un éventuel accord une condition visant à garantir une liberté d’action militaire en territoire libanais. Et le libanais Nida El Watan, réputé opposé au Hezbollah, qui a publié, lundi 18 novembre, les clauses contenues dans la proposition américaine qui auraient été acceptées par Israël, évoque des clauses sur lesquelles les Israéliens se montrent intransigeants, à savoir notamment le droit d’Israël d’intervenir militairement, sans aucune discussion préalable, dans le cas où l’accord serait violé et que le comité n’aurait pas réussi à faire cesser ces violations. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a d’ailleurs donné le ton : Israël « mènera des opérations » militaires contre le Hezbollah même en cas d’accord de trêve au Liban, a-t-il lancé lundi 18 novembre au Parlement.

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