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Sur la voie de l’autosuffisance

Nasma Réda , Mercredi, 20 novembre 2024

L’Egypte vient d’adopter une stratégie globale d’expansion agricole avec l’objectif de diversifier sa production et d’assurer sa sécurité alimentaire. Explications.

Sur la voie de l’autosuffisance

Plus de 2 millions de feddans du désert ont été cultivés au cours des cinq dernières années en Egypte, portant ainsi la superficie agricole du pays à environ 9,5 millions de feddans. L’objectif est d’assurer la sécurité alimentaire, a affirmé le ministre de l’Agriculture dans un rapport présenté devant les membres du Conseil des députés. L’Etat a adopté un plan ambitieux visant à augmenter la superficie agricole de 4,5 millions de feddans supplémentaires d’ici 2027, a ajouté le ministre.

« La sécurité alimentaire est une priorité pour l’Etat, qui a réalisé des avancées sans précédent en ce qui a trait aux terrains cultivés et à la productivité », assure Adel Abdel-Azim, chef du Centre de recherches agricoles relevant du ministère. Et d’ajouter que, pendant les cinq dernières années, l’Egypte a réussi à accroître la superficie agricole en réhabilitant un certain nombre de projets d’expansion horizontale. « Cela inclut non seulement l’exploitation des terres non cultivées, mais aussi la réhabilitation des terres desséchées », déclare Abdel-Azim. Dans le cadre de sa stratégie d’expansion agricole, l’Egypte a mis en place plusieurs projets durables dans la Nouvelle Vallée du Nil (2,2 millions de feddans), dans le Sinaï (456 000 feddans) et à Assouan (650 000 feddans). « Le projet de Tochka Al-Kheir, qui s’étend sur 1,1 million de feddans, vise non seulement à offrir des terres vierges à l’agriculture, mais aussi à créer des emplois et à augmenter les exportations agricoles égyptiennes », explique Hussein Abou-Saddam, chef du syndicat des Paysans, notant que le gouvernement, en coopération avec le secteur privé, a lancé des programmes de bonification des terres pour augmenter la productivité en utilisant des technologies modernes visant à améliorer la fertilité des sols.

Selon les experts, l’eau est l’un des principaux défis du secteur agricole égyptien. L’Egypte travaille en vue de trouver des solutions au problème de manque d’eau, telles que l’utilisation des eaux souterraines et des eaux de drainage. Ces initiatives visent à réduire la dépendance à l’eau du Nil et à garantir une utilisation durable des ressources en eau. « L’innovation technologique a permis l’adoption de systèmes d’irrigation modernes », souligne Abou-Saddam.

L’Etat a également installé des silos de stockage et des centres de recherches agricoles dans les nouvelles zones cultivées afin de fournir aux agriculteurs les semences et les équipements nécessaires pour les projets d’expansion horizontale dans le désert, déclare Abdel-Azim. En parallèle, le gouvernement élargit sa lutte contre les empiétements sur les terres agricoles et 20 000 cas ont été recensés au cours des trois derniers mois.

Cultures résistantes à la sécheresse

Le recours aux cultures résistantes à la sécheresse et la diversification des cultures font également partie de la stratégie égyptienne visant à réduire les importations alimentaires.

Pour la première fois en Egypte, les agriculteurs ont planté le riz « sec » afin d’augmenter la production. « Les technologies modernes ont permis la culture du riz même dans des sols secs », souligne Abdel-Azim. Grâce à cette approche, l’Etat a annoncé, en novembre, soit à la fin de la saison de récolte du riz, que l’Egypte est désormais autosuffisante en riz, cultivant 1,6 million de feddans en 2024, avec une production d’environ 6,5 millions de tonnes de riz, réalisant un surplus de près d’un million de tonnes par rapport à la consommation nationale.

Les recherches scientifiques en Egypte en vue d’exploiter quatre nouvelles espèces de riz « sec » peuvent augmenter la quantité de récolte à 5 tonnes/feddan (au lieu de 3 à 3,5 tonnes pour le riz irrigué). L’Egypte cherche également à cultiver de nouvelles cultures, telles que le cacao, le manioc et le quinoa (alternatives au blé). « Après une expérience réussie avec les cultivateurs de riz, le ministère de l’Agriculture, a organisé des sessions informatives pour les agriculteurs de blé dans quatre gouvernorats, dont Alexandrie et Damiette, afin de montrer l’impact négatif des changements climatiques sur les récoltes et l’importance de choisir la date optimale pour cultiver le blé sans délai ni retard et de prévenir les maladies, qu’elles soient humaines ou animales », conclut Abdel-Azim.

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