Al-Ahram Hebdo : Travailler dans un domaine aussi intense que l’organisation des matchs et des compétitions est une grande mission. Comment vous êtes-vous préparé à ce défi ?
Taha Ezzat : Le plus important pour moi c’est de partir sur des bases solides. Cette saison a une dimension particulière, avec un grand nombre de matchs et des enjeux importants, et nous avons voulu être prêts en amont. La première étape pour nous a été de réviser les règlements. Cette année, nous avons complètement remanié les règlements non seulement pour les mettre à jour, mais aussi pour clarifier chaque aspect du jeu et réduire les ambiguïtés. Nous avons séparé le règlement de la Ligue de celui de la Coupe de la Fédération et avons également introduit un règlement spécifique pour les sanctions. Ce dernier est extrêmement détaillé et peut être consulté sur notre site Internet. En couvrant toutes les situations imaginables, nous souhaitons éviter toute interprétation subjective ou incohérente.
— Avec cette refonte des règles, quels sont les outils mis en place pour assurer leur application ?
— L’un des outils essentiels est l’observateur du match. Nous avons organisé notre premier atelier de formation avec les observateurs la semaine dernière pour leur rappeler leur rôle crucial. Leur mission est de suivre les règles de manière stricte et de rapporter toute irrégularité. Ils sont là pour signaler, mais aussi pour rappeler les règles en cas de confusion ou de tension. La compétence de l’observateur est primordiale. Nous avons investi dans leur formation en leur fournissant non seulement une connaissance approfondie du règlement, mais aussi des techniques de gestion des situations qui peuvent surgir en cours de match. En parallèle, nous avons collaboré avec une entreprise allemande spécialisée dans la gestion des calendriers des matchs et dans la mise en place d’un certain nombre de principes pour l’organisation. Cette entreprise nous aide non seulement à structurer le calendrier, mais également à en gérer la complexité et à respecter des critères d’équité entre les clubs.
— Pouvez-vous nous en dire plus sur cette collaboration avec l’entreprise allemande ? Qu’apporte-t-elle de différent ?
— Il s’agit d’une entreprise de renommée internationale avec laquelle nous collaborons pour établir le calendrier électronique des matchs. Ce système fonctionne en toute transparence, sans aucune intervention humaine, particulièrement au moment des tirages au sort. Cela garantit une répartition équitable des matchs entre les clubs, qu’ils soient grands ou petits. La technologie employée est similaire à celle utilisée dans les grandes ligues, comme les Championnats anglais, espagnol ou allemand. Nous sommes confiants que ce système permettra d’établir plus d’équité et assurera un rythme de compétition harmonieux.
— Est-ce que cela signifie que vous utilisez une sorte d’intelligence artificielle pour gérer les calendriers ?
— Oui, c’est un système automatisé qui utilise une intelligence artificielle avancée, capable de planifier les matchs tout en prenant en compte divers paramètres comme la disponibilité des stades, les exigences de la diffusion télévisée et la logistique générale des équipes. Nous avons suivi plusieurs ligues internationales qui emploient déjà ce type de technologie, et notre partenaire allemand déploie également ce système aux Emirats depuis quatre ans avec succès. L’idée est de rendre le processus aussi impartial et efficace que possible, en minimisant les erreurs humaines.
— Ces outils semblent vous offrir un soutien significatif dans la gestion de la compétition. Quels sont les autres aspects sur lesquels vous vous basez ?
— Vous avez raison. Les outils sont cruciaux, mais nous avons également besoin d’un bon cadre de travail et d’une culture d’apprentissage. En plus des aspects techniques, nous avons travaillé sur des règles de marketing et de communication pour garantir que les clubs et leurs fans soient informés de manière transparente. Cela permet de renforcer la crédibilité et la popularité de notre championnat. Cette saison nous offrira une occasion unique de montrer notre engagement pour le développement de la compétition.
— Vous avez mentionné la pression médiatique, notamment ici en Egypte, qui est différente de celle que vous avez pu connaître dans le Golfe. Comment gérez-vous cette différence ?
— Effectivement, la pression médiatique est un aspect important. En Egypte, le football suscite une passion incroyable et les attentes sont très grandes. C’est pourquoi j’ai pris le temps, dès mon arrivée, d’organiser des ateliers, notamment avec les managers des clubs, pour expliquer les nouveaux règlements et clarifier certains points. La saison qui vient sera exceptionnelle, c’est un défi que nous sommes prêts à relever. Mon objectif reste de faire mon travail de manière professionnelle. La transparence est la clé pour apaiser certaines tensions et montrer notre sérieux.
— Vous avez travaillé aux Emirats. Quelles différences culturelles et structurelles avez-vous remarquées entre les ligues des pays du Golfe et celle de l’Egypte ?
— La différence principale réside dans la volonté d’apprendre et de se développer de manière proactive. Aux Emirats, ils ont commencé en 2008 à structurer leur Ligue professionnelle et ont énormément investi pour suivre les standards européens. Ils ont consacré des ressources significatives à la formation des cadres, à la mise en place de technologies et à l’adaptation de modèles de gestion modernes. C’est cette volonté de progresser rapidement qui a permis d’atteindre un haut niveau en si peu de temps.
— En quelle année avez-vous commencé à travailler avec eux ?
— En 2008. J’ai débuté comme secrétaire de la commission des compétitions jusqu’en 2015. Par la suite, j’ai dirigé la commission jusqu’en 2023, avant de revenir en Egypte avec l’ambition de mettre à profit l’expérience acquise pour contribuer au développement de notre propre ligue.
— A la lumière de votre expérience, que pensez-vous des cadres administratifs et techniques égyptiens qui travaillent à l’étranger dans le domaine du football et de leur impact ?
— Il est impressionnant de voir la réussite de nombreux Egyptiens dans le domaine du football dans le Golfe. Prenez par exemple Mohamed Mansour, qui dirige actuellement le système d’arbitrage en Arabie saoudite. Chadi Iskandar, quant à lui, est responsable des affaires juridiques aux Emirats, tandis que Mahmoud Ezzeddine occupe le poste de directeur des opérations de la Ligue émiratie. Chacun d’eux joue un rôle essentiel dans le développement du football dans ces régions, ce qui montre clairement que les Egyptiens possèdent les compétences nécessaires pour s’illustrer sur la scène internationale.
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