Le président Abdel Fattah Al-Sissi a participé au 16e sommet des pays des BRICS (Chine, Russie, Inde, Brésil, Afrique du Sud), tenu du 22 au 24 octobre à Kazan en Russie, sous le thème « BRICS et le Sud : Construire ensemble un monde meilleur ». Il s’agit de la première participation de l’Egypte à cette réunion en tant que membre à part entière. L’Egypte a adhéré au groupe en janvier dernier, avec trois autres nouveaux membres, les Emirats arabes unis, l’Iran et l’Ethiopie. Le sommet a réuni les chefs d’Etat des pays membres, ainsi que les délégations d’Etats qui envisagent d’adhérer aux BRICS. Y a également participé le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres.
Dans le cadre de sa participation, le président Al-Sissi a adressé plusieurs messages concernant la situation actuelle dans la région. Lors de son allocution, il a mis l’accent sur la crise du Moyen-Orient, suite à la guerre israélienne depuis plus d’un an contre le peuple palestinien assiégé dans la bande de Gaza et qui fait l’objet de « toutes formes de tuerie et de terreur ». Il a également évoqué les attaques israéliennes contre le Liban. « Il y a un manque de responsabilité et de justice concernant les crimes commis à Gaza et au Liban », a-t-il ajouté, tout en critiquant ce qu’il a décrit comme « une politique de deux poids, deux mesures dont souffre le système international » en ce qui concerne les violations commises à Gaza. Il a souligné que le sommet « a lieu dans un contexte de crises et de défis complexes qui menacent la crédibilité du système multilatéral international », assurant que l’Egypte est convaincue de la nécessité pour les pays en développement de se réunir et de promouvoir la coopération Sud-Sud pour le développement.
L’Egypte a intensifié cette semaine ses efforts pour parvenir, à travers la médiation, à une trêve de deux jours dans la bande de Gaza, afin de libérer quatre otages retenus sur le territoire palestinien. Le président a présenté cela comme un premier pas vers un « cessez-le-feu complet », à la veille d’une réunion d’urgence convoquée par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 27 octobre. De nouvelles négociations autour d’un cessez-le-feu à Gaza sont prévues au Qatar.
De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a souligné que l’Egypte travaillait activement au sein du groupe des BRICS. « Nous comptons sur votre pays pour apporter une contribution significative au travail de notre groupe », a-t-il souligné.
Complémentarité économique
Le discours du président égyptien a également souligné l’importance de la complémentarité économique entre les pays des BRICS, à travers la promotion des échanges commerciaux en monnaies nationales et la réforme du système financier international au profit des pays en développement. « Il est impératif de tirer parti de la croissance actuelle des BRICS pour trouver des solutions efficaces qui protègent les intérêts des Etats membres des restrictions ou pressions externes, en particulier concernant les transactions commerciales entre l’Egypte et la Russie », a-t-il indiqué.
D’après l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), les échanges commerciaux entre l’Egypte et les pays des BRICS ont connu une hausse de 15 % au cours des huit premiers mois de 2024, atteignant 30,2 milliards de dollars, contre 26,2 milliards pour la même période en 2023. Les exportations égyptiennes vers les pays des BRICS ont augmenté de 7,3 % pour s’établir à 5,7 milliards de dollars, contre 5,3 milliards de dollars l’année passée. Par contre, les investissements des BRICS en Egypte sont tombés à 4,4 milliards de dollars pour l’exercice 2023-2022, contre 19,5 milliards de dollars l’année passée.
Lors de son allocution, le président a exprimé son appréciation pour les BRICS+ (qui inclut les nouveaux membres) en tant que plateforme de promotion de la coopération et des consultations entre les pays des BRICS et ceux du Sud. Il a souligné « la nécessité d’utiliser les réunions des BRICS+ pour promouvoir la coopération Sud-Sud, intensifier l’échange d’expertise dans divers domaines et mettre en oeuvre des projets conjoints pour un bénéfice mutuel ». Cette réunion, a affirmé le président, contribue à maximiser l’utilisation des banques multilatérales de développement pour améliorer l’accès des pays en développement aux financements concessionnels.
Il a souligné l’importance d’une coopération et d’une consultation continues entre les pays en développement pour garantir l’efficacité du système multilatéral international et faire face collectivement aux tentatives d’imposer des politiques unilatérales qui nuisent aux intérêts des pays. Dans ce cadre, le président a réaffirmé l’engagement total de l’Egypte de renforcer l’action commune et la coopération entre le groupe des BRICS et les pays du Sud, « afin de réaliser nos objectifs communs et les aspirations de nos peuples à un avenir meilleur ».
Le député Hassan Ammar, secrétaire de la commission des affaires économiques au Conseil des députés, a expliqué que le président Al-Sissi a profité de sa présence à ce sommet pour délivrer des messages importants à la communauté internationale, qu’il a tenue « pour responsable des souffrances humaines que subit le peuple palestinien, ainsi que de la détérioration de la situation au Liban », ajoutant que le président a exigé que la communauté internationale assume son rôle dans la correction de la situation actuelle, qui entraîne de graves conséquences. « Malgré la nature économique de ce sommet, le président n’a pas hésité à réitérer l’appel de l’Egypte à toute occasion à une action internationale concrète contre les comportements israéliens », a-t-il noté.
Ammar a ajouté que le président avait également abordé une question importante liée au coût élevé du financement et de l’emprunt pour les pays en développement, ce qui exige que la communauté internationale prenne des mesures concrètes pour fournir un financement concessionnel, afin de réaliser le développement dans ces pays à travers le développement de mécanismes innovants et efficaces pour financer le développement et assurer la gestion durable de la dette des pays en développement.
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