Al-Ahram Hebdo : Quelle est la nature du partenariat entre l’Université canadienne d’Al-Ahram, fondée en 2005, et les universités canadiennes ?
Khaled Hamdi : L’Université canadienne d’Al-Ahram est associée à l’Université de Sheridan au Canada, avec laquelle elle adopte des programmes conjoints, permettant aux étudiants en faculté de commerce de terminer leurs études dès la deuxième année universitaire. Il existe également une collaboration entre la faculté des beaux-arts et des médias et cette même université. Nous organisons également une activité estivale qui consiste à accueillir des étudiants pendant 15 jours. En plus, nous allons renouveler les accords antérieurs de coopération avec l’Université d’Alberta au Canada. La coopération ne se limite pas au Canada, nous avons signé aussi un accord de collaboration entre la faculté de médecine dentaire et l’Université de Sao Paulo au Brésil. Actuellement, notre objectif est de créer des partenariats avec des universités internationales pour échanger des étudiants et des universitaires. L’Université de Soka au Japon est également l’une des universités avec lesquelles nous cherchons à établir un partenariat, en particulier pour notre faculté de langues. Nous allons également travailler en partenariat avec l’Italie dans le domaine de la mode et du design, en collaboration avec notre faculté de beaux-arts.
— Comment évaluez-vous l’université, surtout à la lumière des défis concurrentiels dans le domaine de l’enseignement supérieur en Egypte ?
— L’université compte 1 400 étudiants répartis sur 9 facultés, qui se distinguent par un grand potentiel et des capacités académiques et éducatives. Ce potentiel doit être exploité au maximum sur le plan académique. Avec plus de soutien matériel, nous pouvons développer des outils éducatifs et améliorer la formation des professeurs, tout en élargissant les partenariats internationaux. L’université se distingue de plusieurs façons, notamment en acceptant des étudiants avec des notes inférieures à celles requises par les universités concurrentes, sans exagérer les frais de scolarité. Nous réfléchissons également à des méthodes novatrices pour augmenter les salaires des enseignants, comme la possibilité pour l’université de prendre en charge les frais d’assurance à leur place. Nous essayons aussi d’élargir les options éducatives en créant de nouvelles facultés.
— L’admission d’étudiants avec des notes modérées ne compromet-elle pas le niveau des diplômes ?
— Nous pouvons accepter une note totale de 53 % dans certaines facultés, et l’avantage est de garantir une augmentation des revenus de l’université. Certains estiment que l’étudiant qui a obtenu un tel pourcentage au baccalauréat a un faible niveau et ne reflète pas le modèle que l’université souhaite offrir sur le marché du travail. D’autres points de vue soutiennent l’idée que cet élève peut avoir des compétences qui émergeront si nous lui donnons la chance, et il peut alors se transformer en un modèle de succès.
— Quelle est votre vision pour l’avenir de l’université ?
— Je souhaite voir l’université devenir plus compétitive afin que les étudiants se sentent fiers d’être diplômés de cet établissement, qui fait partie de la Fondation Al-Ahram. Nous avons la volonté d’accueillir davantage d’étudiants étrangers, d’abord pour augmenter les revenus, et ensuite parce que cela représente un atout pour l’Egypte, en tant que destination pour l’enseignement supérieur. Nous espérons également augmenter le nombre de facultés, ce qui dépendra de l’espace disponible et du nombre de professeurs. Nous sommes également intéressés par la création de facultés de médecine, de soins infirmiers et de droit en anglais, car le marché du travail a besoin de diplômés maîtrisant l’anglais. Nous avons déjà présenté une demande au Conseil suprême des universités pour la création de ces facultés et espérons que les approbations arriveront rapidement pour débuter les cours lors de l’année 2025-2026. Nous souhaitons également transformer l’université en une institution verte, fondée sur l’énergie solaire, et aspirons à la faire évoluer vers la technologie de quatrième génération.
— Pour la création de la faculté de médecine en particulier, quels sont les problèmes rencontrés à cette étape ?
— La médecine est en effet l’une des facultés les plus populaires et confère plus de prestige à l’université. La condition la plus importante pour établir une telle faculté est d’avoir un hôpital pour former les étudiants. Les décisions du Conseil suprême des universités fluctuent entre la construction d’un hôpital par l’université et la location d’un hôpital pour l’enseignement et la formation de ses étudiants. Les hôpitaux associés aux facultés de médecine doivent répondre à des spécifications particulières, contrairement aux hôpitaux ordinaires. A la lumière de la situation économique, je pense que la construction d’un hôpital coûtera très cher, peut-être des milliards de livres égyptiennes.
— Comment l’université prépare-t-elle ses diplômés à intégrer le marché du travail et à y réussir ?
— Au départ, l’étudiant choisit la faculté dans laquelle il souhaite étudier. Le rôle de l’université est de lui proposer des programmes modernes et d’offrir des possibilités de formation dans son domaine d’études. Nous ouvrons des canaux avec les entreprises et les institutions pour la formation des étudiants et nous les aidons à préparer leurs CV à la fin de leurs études. L’université dispose également d’unités spéciales visant à générer des revenus et à offrir aux étudiants des possibilités de formation. Par exemple, il existe un bureau de conseil à la faculté d’ingénierie, qui fournit des conseils dans ce domaine à ceux qui le souhaitent, en dehors de l’université, moyennant des frais. Cette unité constitue une source de revenus pour l’université et permet aux étudiants d’acquérir de l’expérience dans leurs études.
— Quel est le classement de l’université à l’échelle mondiale et locale ?
— Il ne faut pas se laisser déconcertés par le classement, car il varie chaque année. Les critères d’évaluation changent d’un pays à l’autre et d’une classification à l’autre. Par exemple, une université en Chine peut être classée différemment d’une même université en Angleterre. Les classements sont généralement basés sur des critères spécifiques, qui peuvent ne pas être pertinents pour l’Egypte, comme le nombre de lauréats du prix Nobel, par exemple. Au niveau local, le principal critère déterminant le classement d’une université est sa réputation, qui repose sur des critères pédagogiques et matériels transmis de manière informelle entre les gens.
— Vous étiez auparavant le doyen de la faculté de droit de l’Université de Aïn-Chams. D’après votre expérience, quelles sont les différences entre les universités publiques et privées ?
— L’Université canadienne d’Al-Ahram est ma première expérience dans une université privée, donc je suis encore dans une phase d’exploration. A mon avis, la différence fondamentale réside dans les règles des universités publiques, qui sont cohérentes et claires en raison de leur avancée dans le domaine académique. Au sein de chaque université, on sait comment fonctionnent les différents secteurs, comment les comités gèrent leurs activités, quels sont leur rôle et quelles sont les exigences des professeurs. Les universités privées jouissent vraisemblablement de plus de flexibilité. Ici, à l’Université canadienne d’Al-Ahram, nous sommes étroitement associés à la Fondation Al-Ahram, propriétaire de l’université.
— Quelle est votre évaluation des universités privées et étrangères en Egypte ?
— Concernant les universités privées, je les considère comme un phénomène positif, malgré leur grand nombre, ce qui absorbe les ressources humaines des universités publiques. Cependant, ces universités accueillent une catégorie particulière d’étudiants et leur offrent une alternative à l’inscription à des universités étrangères, permettant ainsi à l’étudiant de rester avec sa famille sans être contraint de vivre seul à l’étranger trop tôt. L’important est que ces universités soient désireuses de s’associer à des institutions internationales pour une coopération commune. Quant aux universités internationales, peu importe leur taille, elles ne doivent pas tromper les étudiants. Ces derniers doivent être sûrs du contenu scientifique proposé par ces universités. Personnellement, j’ai des réserves sur ces universités concernant la question identitaire.
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