« Train de développement » est le nom de la ligne de chemin de fer traversant le nord de la péninsule du Sinaï, qui vient d’être remise en service. La réactivation de cette ligne, suspendue depuis 1967 à la suite de l’invasion israélienne de la péninsule, vise à faciliter le transport des passagers, ainsi que des marchandises, stimulant ainsi le commerce, l’investissement et le tourisme dans la région. « Ce train climatisé a pour objectif de répondre aux besoins des habitants du Nord-Sinaï et est censé leur offrir une expérience de voyage confortable et de bonne qualité », a indiqué le ministre des Transports, Kamel Al-Wazir, lors de l’inauguration expérimentale.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de milliers de projets de développement et de réhabilitation qui sont mis en oeuvre dans le Nord-Sinaï dans divers secteurs depuis 2014. La première phase de cette ligne ferroviaire, qui s’étend d’Al-Ferdan, près d’Ismaïliya, jusqu’à Bir Al-Abd, sur le lac d’Al-Bardawil, compte huit stations principales. Les voyages ont officiellement débuté le 12 octobre, gratuitement pendant une semaine. « Le train d’Al-Ferdan à Bir Al-Abd sert tous les citoyens d’Egypte. En traversant le Canal de Suez et arrivant à Ismaïliya à l’ouest, les passagers peuvent désormais se déplacer plus facilement entre tous les gouvernorats », explique Mohamed Amer, président de l’Autorité des chemins de fer d’Egypte. Le coût des billets varie entre 10 et 25 L.E. selon les stations traversées. « Nous ne visons pas à réaliser un profit financier avec cette ligne ferroviaire, mais à offrir des services aux citoyens », indique Amer.
D’une longueur de 100 km, la ligne d’Al-Ferdan-Bir Al-Abd a été entièrement rénovée et remise en état en un an et quatre mois après des années de marginalisation. « Ce projet de transport, longtemps attendu, symbolise un pas vers l’intégration économique et la revitalisation des infrastructures locales, renforçant la connexion entre le Sinaï et le reste du pays », assure la députée du Nord-Sinaï, Aïda Al-Sawarka. Selon elle, le départ inaugural de ce train représente non seulement un succès technique, mais aussi un moment émotionnel fort pour les habitants du Sinaï, qui voient dans ce développement une promesse tenue de prospérité et de croissance économique pour la péninsule.
Cette ligne réduit la durée de trajet par rapport à tout autre moyen de transport, car elle parcourt les 100 kilomètres en 55 à 60 minutes. En revanche, les véhicules mettent près de deux heures et demie pour traverser le Sinaï d’est en ouest ou vice-versa. « Ce train sert tous les citoyens, surtout les étudiants qui passaient auparavant des heures en route pour se rendre aux universités à l’ouest du Canal de Suez, en leur offrant un service beaucoup moins cher, rapide et sécurisé », note Al-Sawarka.
Signe de stabilité
La députée assure que le premier voyage de ce train est également un symbole de paix et de stabilité, rappelant les efforts continus des autorités égyptiennes pour surmonter les défis sécuritaires qui ont marqué l’histoire récente du Sinaï. « Le succès de ce projet témoigne de l’engagement du gouvernement égyptien à assurer un développement durable et inclusif aux quatre coins du pays et à éliminer le terrorisme », affirme la députée.
D’une longueur de 44 km, la ligne d’Al-Ferdan-Balouza est réservée au transport de marchandises traversant également le Canal de Suez grâce aux deux ponts ferroviaires mobiles d’Al-Ferdan.
« La deuxième phase de la ligne du développement a déjà commencé », affirme le président de l’Autorité des chemins de fer. Cette ligne s’étendra de Bir Al-Abd jusqu’à Al-Arich, avec une longueur de 125 km. Cette phase durera un an et demi. « La troisième et dernière phase reliera Al-Arich à Taba, un trajet de 275 km à travers lequel les ports de la mer Rouge seront connectés à ceux de la Méditerranée. De même, cette ligne servira toutes les usines situées au coeur de la péninsule », indique Amer.
Un plan de développement global
Ce premier passage de train dans le Sinaï depuis plus de cinq décennies est un jalon important dans le développement de cette région. Il s’inscrit dans un plan plus large visant à dynamiser les infrastructures du Sinaï, avec des investissements dans des projets routiers, des ponts et des installations portuaires.
A noter que, durant les dix dernières années, l’Egypte a dépensé des milliards de livres dans les infrastructures, notamment pour la construction de routes, la fourniture d’électricité et de gaz naturel aux foyers, la mise en place de 1 015 maisons bédouines et la construction de 160 logements sociaux, ainsi que de 105 projets d’habitation dans le Sinaï. D’après le ministère de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale, le coût de la mise en oeuvre des différents projets publics dans les villes du Sinaï et du Canal (Nord-Sinaï, Sud-Sinaï, Suez, Ismaïliya et Port-Saïd) s’élève à environ 530,5 milliards de L.E. en 10 ans (de l’exercice 2014-2015 à celui de 2024-2025). Le ministère vise à élargir, au cours de l’année 2024, le développement dans les domaines de l’agriculture, de l’irrigation, de l’eau potable, du transport, de l’éducation et des services sanitaires.
« La volonté politique, un plan clair et le financement sont les points-clés de tout ce qui est réalisé au Sinaï », assure Al-Sawarka, notant que la construction de six tunnels, le développement et la création de huit ports maritimes et de trois ports terrestres, en plus de la ligne ferroviaire de 500 km et du réaménagement de six aéroports, ainsi que la fondation de celui d’Al-Bardawil ne sont que quelques exemples des projets de développement dans le Sinaï.
Selon le ministère, la mobilisation de fonds nationaux et internationaux a permis de combler les lacunes en matière de développement. Par exemple, à partir de 2016, des projets de développement essentiels ont été mis en oeuvre dans la péninsule du Sinaï grâce à un financement concessionnel, notamment par l’intermédiaire de fonds arabes qui ont contribué au financement d’une vingtaine de projets, dont 11 financés par le Fonds saoudien pour le développement, tels que l’Université King Salman, la construction de 18 projets résidentiels, quatre villages de pêcheurs, ainsi qu’une usine de traitement des eaux usées et de dessalement à Al-Arich.
Avec ce plan ambitieux, en plus des efforts de développement dans tous les domaines, les autorités égyptiennes espèrent attirer davantage d’investissements nationaux et internationaux, ainsi que du secteur privé, créant des emplois et améliorant la qualité de vie des résidents de la péninsule du Sinaï.
Accomplir le processus de développement du Sinaï est une priorité pour préserver la sécurité nationale de l’Egypte. Au cours des dix dernières années, l’Etat égyptien a adopté une vision globale pour le développement du Sinaï dans tous les domaines : industriel, agricole, touristique et urbain. En effet, la péninsule du Sinaï, porte d’entrée orientale de l’Egypte, est considérée comme la première ligne de défense pour la sécurité nationale.
Les importants projets de développement du Sinaï
— 174 projets pour éradiquer les bidonvilles.
— Construction de la nouvelle ville de Rafah et la rénovation de 105 bâtiments.
— Développement du port maritime d’Al-Arich.
— Construction et rénovation des hôpitaux — Création et développement de 20 centres et unités de santé et de 57 écoles dans le Nord-Sinaï.
— Création d’une zone industrielle intégrée à Abou-Zéneima.
— Etablissement de 26 fermes modèles et de 7 complexes industriels dans les regroupements de développement.
— Construction de stations de dessalement de l’eau à Al-Raysa, Cheikh Zoweid et au kilomètre 17 à l’ouest d’Al-Arich.
— Développement et exploitation des champs de gaz.
— Augmentation de la superficie agricole de plus de 365 000 feddans.
— Expansion des institutions d’enseignement technique et des écoles au Sud-Sinaï.
— Projets touristiques variés tels que le projet de « Transfiguration suprême » à Sainte-Catherine.
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