Nora Baraka et tout un monde en couleurs.
A travers des compositions agréables, des formes spontanées, des couleurs gaies, Nora Baraka anime un monde qui se situe à la frontière entre deux réalités, celles de la vie et de la mort, du passé et du présent, et des souvenirs doux et amers. « J’ai commencé cette série en 2022. Elle est inspirée d’événements très personnels que j’ai vécus, après la mort de deux personnes chères à mon coeur, à savoir ma tante maternelle et mon frère. Pour pouvoir vivre avec l’amertume de la perte de ces deux êtres chers, je me suis tournée vers l’art pour me sauver et m’aider à faire le deuil », avoue la plasticienne qui a essayé de surmonter ses chagrins en plongeant dans un monde juvénile et en peignant les personnages de son actuelle exposition à la galerie Picasso, intitulée « Un cerf-volant, un poisson et moi-même ».
Dans ses peintures, réalisées à l’aide de matériaux mixtes, on découvre un cerf-volant qui nage dans le vent, ou encore un poisson qui vole dans une rivière … Les protagonistes sont le plus souvent des animaux, des objets, des créatures fantastiques, hautement colorés, qui semblent bien s’amuser à la surface de la toile. Parfois, Nora elle-même se présente comme l’un de ces êtres fantaisistes, c’est probablement la petite fille inoffensive qui aspire à vivre dans la joie.
Sans trop calculer, Nora Baraka s’éclate sur la toile.
Dévastée par la mort des siens, l’artiste se réfugie dans ses toiles, dans son amour pour le cerf-volant, symbole magique d’un précieux souvenir d’enfance. D’ailleurs, c’est un symbole récurrent dans ses peintures, représentant la liberté, l’espoir et l’âge de l’innocence. C’est aussi une métaphore de la vie, qui s’envole au gré du vent.
Outre les cerfs-volants, Nora Baraka a peint aussi les jouets avec lesquels elle s’amusait quand elle était petite : dinosaure, étoiles, vache, monstre, hérisson, oie, crocodile, un Pac-Man (personnage emblématique des années 1980), des peluches aux formes abstraites ou exotiques, etc. Parfois, elle se sent plus légère, plus heureuse, avide de découvrir des mondes qui lui sont étranges, d’aller à la recherche du bonheur. L’artiste creuse dans sa mémoire et nous fait partager son univers.
Du gris mais aussi plein de couleurs
L’arrière-fond de la toile est parfois grisâtre. « Le gris est une couleur triste, un peu à l’image de ce que je ressentais en travaillant. Mais j’ai appris à prendre mon mal en patience, à ajouter aux tons grisâtres d’autres plus vifs et à les laisser planer à la surface du tableau », explique Nora Baraka qui crée des contes intemporels dans un style enfantin. « Je ne travaille pas mes peintures à l’avance. Devant la toile, je laisse libre cours à mon imagination, sans calculer les dimensions des formes, les perspectives, les proportions … Les personnages sont libres de s’envoler à leur aise », ajoute-t-elle.
Libre comme le vent.
L’artiste superpose des couches de couleurs pâteuses, un peu à l’image du temps qui passe et des émotions multiples qui viennent secouer notre existence. « Mes peintures figuratives sont formées à partir du carré de base (tangram). D’ailleurs, j’ai commencé à peindre en adoptant des formes géométriques basiques. Cela m’a servi pour apprendre à mon fils Salim à dessiner. C’est mon fils qui m’incite à continuer à peindre. Et comme je suis une personne alexithymique, le dessin m’a permis d’exprimer mes émotions, mes pensées et mes idées de façon non verbale », confie l’artiste qui trouve en l’art un remède à tous ses problèmes.
Jusqu’au 25 octobre, de 10h30 à 21h (sauf le dimanche), à la galerie Picasso, 30 rue Hassan Assem, Zamalek.
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